Pourquoi écrire ? (II)

opinion écrire informer dénoncer capituler
Justifier l’incapacité personnelle d’écrire en accusant les autres de ne pas lire. D. R.

Par Kaddour Naïmi – N’en fut-il pas ainsi, également, de notre lutte de libération nationale ?… «A quoi bon lutter contre le colonialisme ?»… Relisons la lettre de mon ami, en nous imaginant vivre durant la criminelle époque coloniale : les arguments ne sont-ils pas identiques ?

Relisons cette phrase de mon ami :

« Le salut ?

Il faudrait bien comprendre qu’il ne viendra pas de notre génération qui a montré ses limites, son inconstance et, surtout, son incapacité à prendre la vie et le pays en main.»

Cette phrase n’a-t-elle pas été dite tellement de fois par des intellectuels durant la période coloniale ?… Tant qu’on est vivant, et que le cerveau est capable de penser, peut-on se décharger de notre devoir citoyen sur une génération suivante ?… Ce n’est pas une «génération» qui a montré ses limites, mais moi, toi ou telle autre personne en particulier. Mais d’autres, même si en nombre infiniment minoritaire, continuent à combattre pour leur dignité personnelle, qui implique celle de toutes et tous.

J’entends mieux cet aveu de mon ami :

«C’est quand j’ai vidé mon sac, ce que je pensais être juste de dire, en plus de 100 textes, que je me suis décidé à ne plus intervenir. Parce que cela ne sert à rien. Plus personne ne lit personne. Depuis toujours. Et les idées n’avancent pas. Elles ne sont pas mobilisatrices.»

Je conçois qu’une personne n’ait plus rien à dire, ou, plutôt, le pense. Car, que sont «100 textes» au regard de la réalité sociale, de sa complexité, de son dynamisme ?… Il y a toujours à penser et écrire parce que les événements changent, les enjeux et les formes de conflits également, et la réalité ne cesse de montrer la fausseté de l’assertion biblique «rien de nouveau sous le soleil».

En réalité, à lire attentivement la lettre de mon ami, c’est sa seconde affirmation qui justifie la première : «Cela ne sert à rien. Plus personne ne lit personne.»

N’est-ce pas ainsi justifier l’incapacité personnelle d’écrire en accusant les autres de ne pas lire ? Or, c’est une erreur démontrée par la réalité. Pour au moins deux motifs, basés sur ma propre expérience d’écriture à l’usage du public algérien. D’une part, des personnes lisent, et même avec un grand intérêt, sans éprouver le besoin de le dire. D’autres, certes rares, le déclarent dans des commentaires que les journaux les plus démocratiques et intelligents offrent à leurs lectrices et lecteurs (1). C’est la raison pour laquelle ma signature, au bas de mes contributions, est toujours suivie par mon adresse de courriel. J’ai, en effet, constaté que si des lecteurs et lectrices insèrent des commentaires, parfois très pertinents et enrichissants, d’autres préfèrent m’écrire en privé, avec la même utilité.

S’il existe même qu’un seul lecteur pour écrire ce genre de commentaire : «En tout cas, je salue votre persévérance, le pays a besoin de gens comme vous !» (2), eh bien, le temps consacré à écrire une contribution n’a pas été perdu.

Examinons un autre argument de l’ami : «Et les idées n’avancent pas. Elles ne sont pas mobilisatrices.»

Là, on peut être d’accord, et encore ! En effet, si des idées ne sont pas mobilisatrices, de deux choses l’une : soit elles sont incompatibles avec la réalité, non conformes au désir du peuple et/ou à celui de la caste dirigeante (3) ; soit ces idées ne sont pas encore à l’ordre du jour, par manque de prise de conscience du peuple ou de ses dirigeants. Par exemple, en ce qui me concerne, je défends avec persévérance (plusieurs lecteurs l’ont déclaré dans leurs commentaires) l’idée d’autogestion sociale, et son retour en tant que thème de débat pour une solution sociale, non seulement en Algérie, mais dans le monde. Loin de moi la stupide prétention de m’attendre à ce que cette idée soit mobilisatrice immédiatement. Il me suffit de jouer un rôle semblable à une personne qui proposait la liberté de tous les êtres humains en plein esclavagisme, ou l’affranchissement des serfs en plein féodalisme. Car affirmer «les idées n’avancent pas», n’est-ce pas ignorer l’histoire et sa manière de se manifester ? Aux époques successives de l’esclavage, du féodalisme, du colonialisme, combien de temps il a semblé que «les idées n’avancent pas» pour l’abolition de ces systèmes ?… Dès lors, à moins de ne pas tenir compte de la dynamique historique (intellectuelle et sociale) et de ses phases (qui ne se limitent presque jamais à une génération humaine), comment peut-on affirmer l’immobilité des idées, et leur manque de capacité mobilisatrice ?

Mon ami écrit encore :

«Nous pensons pouvoir peser sur l’opinion. Quelle prétention. Il n’en est rien. Cette opinion-là est bien mieux informée que nous. Cette opinion a son… opinion, mais, par le marché du «bouffe et tais-toi», elle ne s’engagera pas jusqu’à ce qu’il n’y ait rien à partager. A ce moment-là…. elle ira casser les édifices publics. Les seuls biens qui lui appartiennent en propre. Tragique. Pour finir encore dans la confusion et la recherche d’un sauveur. Quel qu’il soit. Pourvu que…»

Mais que signifie «l’opinion» ?… S’agit-il de celle des exploiteurs-dominateurs ou de celle des exploités-dominés ?

Cela fut déjà dit par un connaisseur en société (Lénine, si ma mémoire est fidèle). En substance, il déclara : une rupture sociale intervient uniquement quand ceux d’en «haut» ne parviennent plus à gouverner, et ceux d’en «bas» à supporter.

Cependant, ce genre de rupture dépend de la préparation intellectuelle qui a lieu auparavant, dans un terme historique plus ou moins long. Exemples : la Révolution française de 1789 n’a-t-elle pas été préparée idéologiquement par les penseurs qui l’ont précédée ? N’est-ce pas Jean-Jacques Rousseau et son Contrat social (où il défendait l’Etat et son déisme de «l’Etre Suprême») qui ont produit Robespierre, sa dictature jacobine étatique guillotineuse et son culte de «l’Etre Suprême» ?… Concernant le mouvement d’émancipation sociale mondiale, la révolution russe n’a-t-elle pas été le résultat d’environ un siècle de production d’idées émancipatrices, dans tous les domaines culturels ? De même que la révolution espagnole, etc. ?

En Algérie, la rupture que fut l’abolition du colonialisme n’a-t-elle pas, elle aussi, été préparée par des idées, et son aboutissement tellement imparfait (sur le plan de la justice sociale) n’est-il pas le résultat de l’imperfection des idées qui ont produit cette rupture anticoloniale ?

Revenons à ce que mon ami appelle «l’opinion». Certes, celle des dirigeants étatiques est mieux informée que nous, pour des motifs évidents. Mais celle des dominés-exploités ?… N’est-elle pas, dans sa grande majorité, victime d’un obscurantisme programmé ?… Certes, c’est là ce qu’on appelle une opinion. Mais ne doit-elle pas être analysée, discutée pour, éventuellement, en présenter une autre ?

L’ami écrit :

«Cette opinion a son… opinion, mais, par le marché du ‘‘bouffe et tais-toi’’, elle ne s’engagera pas jusqu’à ce qu’il n’y ait rien à partager. A ce moment-là, elle ira casser les édifices publics. Les seuls bien qui lui appartiennent en propre. Tragique. Pour finir encore dans la confusion et la recherche d’un sauveur. Quel qu’il soit. Pourvu que…»

Là, on comprend qu’il est question d’exploités-dominés. Effectivement, quand ils n’auront rien à se partager, ils «casseront les édifices publics». Mais qui en est le responsable ?… N’est-ce pas les personnes qui détiennent un savoir sage et utile, mais qui, avant l’événement de ce moment de révolte, n’ont rien fait pour écrire et répéter que ce n’est pas la casse des biens publics qui est utile, ni par la suite «un sauveur, quel qu’il soit», mais autre chose, par exemple s’organiser en associations citoyennes autonomes, libres et solidaires afin de construire une société d’où soient bannies toutes les causes qui portent à casser les édifices publics, c’est-à-dire collectifs ?… Encore une fois, rappelons-nous les leçons de l’histoire. En Europe, les ouvriers commencèrent par briser les machines en pensant qu’elles étaient la cause de leur exploitation. Puis des intellectuels et l’expérience pratique leur firent comprendre la nécessité de s’organiser socialement pour s’émanciper. Hélas ! A ce sujet, les idées marxistes autoritaires l’emportèrent sur celles autogestionnaires. Le résultat est connu, et sa faillite très déplorable. Il reste donc, enfin, possible de remettre à l’ordre du jour la conception autogestionnaire, parce que, dès le départ, elle avait prévu la faillite du marxisme autoritaire, et avait proposé une solution alternative.

A propos de «casser», le hasard veut que ma contribution précédente (4) concerne ce thème, et j’avais oublié de relater une anecdote significative. Lors d’une révolte populaire dans les années 1980 à Oran, certains manifestants, en passant près du Théâtre régional, voulurent le brûler. Il fut épargné uniquement par une intervention d’AbdelkaderAlloula ; il expliqua aux révoltés que cet édifice ne devait pas subir ce dommage… Mais si, auparavant, dans les années précédentes, les artistes de théâtre avaient su rendre cet édifice disponible dans les faits (et pas seulement en paroles) à ce peuple, s’ils avaient su le convaincre de le fréquenter, en lui proposant des œuvres qui intéressaient réellement ce peuple, s’ils avaient su supprimer de cet édifice tout ce qui était antipopulaire (décors, rideaux, cérémonial, etc.), est-ce que ce peuple aurait pensé à brûler ce qu’il considérait, à raison, un édifice qui n’était pas le sien, mais celui de privilégiés ?… Personnellement, je ne fus pas étonné de ce désir populaire de destruction ; dès 1968, j’avais dénoncé ce genre d’édifice comme un endroit de privilégiés, dont le peuple était exclu (5).

A-t-on donc le droit de reprocher au peuple de «casser», quand on n’a jamais pris la peine et l’effort de trouver les moyens pour lui expliquer ce que le système social, pour l’exploiter et le dominer, lui interdit de savoir, c’est-à-dire de connaître ses véritables intérêts et la manière correcte de les concrétiser ?… Certes, ce travail de conscientisation est difficile, plein d’embûches, sans garantie de succès (du moins immédiat, lequel peut consister en la durée d’une vie humaine). Ce travail peut, en outre, porter en prison, et parfois à la mort. Et si l’on réside à l’étranger, ce travail peut gêner le confort dont on jouit, empêcher de cultiver paisiblement son propre jardin.

Il est compréhensible de se livrer à cette dernière activité, mais en consacrant, cependant, un peu de temps à cultiver, également, le jardin commun. Autrement, il y a risque d’anéantissement de l’activité intellectuelle personnelle parce que coupée de celle collective. L’être humain est un animal social, qu’on le veuille ou pas. Le nier, c’est tomber dans la vision illusoire des «saints» des cloîtres et des déserts, ou dans la conception stérile des enfermés dans une tour d’ivoire. Dans les deux cas, c’est mourir spirituellement, avec, pour les premiers, l’illusion de vivre en Dieu, et, pour les seconds, de survivre dans la contemplation des tourments du propre Super-ego ombilical.

Personnellement, l’envie de me contenter de mon jardin personnel me titille parfois, notamment parce que le temps qui me reste à vivre se raccourcit de jour en jour. Cependant, s’il m’arriverait de ne plus écrire, jamais je n’en accuserai ni le peuple, ni les lecteurs, ni la réalité complexe, mais uniquement ma fatigue, mon découragement, mon incapacité intellectuelle, et, – pourquoi ne pas dire toute la vérité ? –, mon égoïsme de privilégié.

Par conséquent, j’écrirai tant que ma conscience me dira qu’écrire, c’est mieux que de me résigner, parce que se résigner, c’est devenir, par le silence, complice des dominateurs-exploiteurs. Ne pas exprimer publiquement une position revient toujours à accepter tacitement le désordre dominant. Et cela, que l’on réside au pays ou en un autre lieu de la planète.

Reconnaissons, cependant, que la majorité des personnes écrivent dans le but principal de s’autoconstruire une statue de «sauveur», avec les privilèges qu’elle procure. Evidemment, ces personnes cessent d’écrire dès lors qu’elles se rendent compte de ne pas «réussir» ce but égotiste, ou l’ayant atteint. Au contraire, il existe une minorité qui écrit pour la seule exigence de combattre l’exploitation-domination, au bénéfice d’une société libre et solidaire. C’est là leur manière de jouir individuellement de leur droit à la liberté, complétée par la solidarité. Dans ce cas, tant qu’un système social abominable et préhistorique existe, le fait d’écrire s’impose. Précisons qu’il s’agit d’écrire pour agir socialement. Ajoutons ceci : si les écrits ne se transforment pas en action, la conclusion n’est pas de cesser d’écrire (si l’on a un réel souci du peuple), mais de se demander ce qu’il est juste d’écrire, même s’il n’est pas immédiatement transformable en action. Est-ce que le cultivateur sème à la seule condition de voir immédiatement le blé, ou que les variations climatiques lui garantissent la révolte ?

Fournissons une dernière considération qui ne se trouve pas dans la lettre de l’ami. Il dispose d’une formation intellectuelle qui l’a porté à se charger de missions d’aide au développement au sein d’organismes internationaux. Peut-on, dès lors, admettre qu’il n’a réellement plus rien à dire ?… Espérons qu’à la lecture de cette réponse, il ne conclura pas : «Inutile de répliquer», mais prendra le temps de montrer en quoi mon argumentation serait inconsistante. Ainsi, il sera encore utile, avec l’assurance que ce qu’il écrira sera lu avec intérêt, non seulement par moi, mais, j’en suis persuadé, par des lectrices et lecteurs de ce journal, dont certains, probablement, exprimeront des commentaires pertinents et enrichissants.

Concluons par cette information. Lors de chacun de mes séjours en Algérie, j’ai rencontré des compatriotes. Chez les jeunes surtout, j’ai constaté l’immense désir de savoir, afin de voir clair pour agir de manière efficace contre les formes de domination, au bénéfice d’une société libre et solidaire. Plus d’une fois j’ai vu, avec émotion, des larmes dans les yeux de ces jeunes, filles et garçons. Dès lors, quel que soit l’endroit où l’on réside sur cette planète, a-t-on le droit de se taire, si on est habité par un réel amour pour le peuple et pour la justice sociale ?

K. N.
[email protected]
(Suite et fin)

(1) En passant, n’est-elle pas ridicule la justification d’un journal national concernant la suppression des commentaires. Prétexte avancé : trop de propos racistes ou vulgaires. Mais ne vaut-il pas prévoir un modérateur pour éliminer ces stupidités, tout en permettant l’expression démocratique des autres ? L’intention réelle de cette suppression de commentaires de lecteurs n’est-elle pas, en réalité, d’éviter que des contenus de ce journal soient critiqués de manière pertinente, mais, toutefois, insupportable pour l’auteur de l’article et, par conséquent, pour la réputation de ce quotidien ?

(2) Salim31 in https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/10/comment-retrouver-le-public-au-theatre-et-ailleurs/#comments

(3) Dernièrement, un expert en économie a publié une lettre où il déclarait ne plus écrire parce que toutes ses propositions furent ignorées par les responsables de l’Etat. Cela ne laisse-t-il pas entendre que le peuple, du moins sa partie éclairée ou cherchant à l’être, ne mérite pas que l’on écrive pour elle ?

(4) Voir https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/10/comment-retrouver-le-public-au-theatre-et-ailleurs/

(5) Voir mon ouvrage Ethique et esthétique au théâtre et alentours, librement accessible ici : http://www.kadour-naimi.com/f-ecrits_theatre.html

Comment (5)

    SAHRA
    21 mars 2018 - 14 h 51 min

    A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU DEMAIN 22 MARS 2018
    ECRIRE PERMET D’ÉCLAIRCIR VULGAIREMENT L’OBSCURITÉ QUI PLANE SUR CERTAINS SUJETS SCIENTIFIQUES

    L’ASTRONOME ET MÉTÉOROLOGUE ALGERIEN SE PERMET D’AFFIRMER A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU DE DEMAIN 22 MARS 2018 QU’IL POURRAIT INTÉGRER LES ÉCOSYSTÈMES BACTÉRIENS DANS LES MODÈLES NUMÉRIQUES POUR AMÉLIORER LES PREVISIONS MÉTÉOROLOGIQUES ET MEME SAISONNIÈRES CAR COMME VOUS LE SAVEZ DÉJÀ , DE NOMBREUX BACTÉRIES ET VIRUS NOUS TOMBENT DU CIEL SUR LA TETE ET DANS LES BARRAGES QUI ALIMENTENT NOS SOURCES D’EAU POTABLE . DE CE FAIT , CERTAINES MALADIES SONT D’ORIGINE MÉTÉOROLOGIQUE ET MEME LA MOLÉCULE LA VIE EST TOMBÉE DU CIEL …BREF

    Les bactéries rythment la météo et se déversent par milliers au sol MÉLANGÉS AUX EAUX PLUVIALES

    Pluie, neige ou grêle, les précipitations pourraient bien être gouvernées par les bactéries. C’est ce qu’indiquait une étude de 2013, corroborant d’autres travaux. Les grêlons d’un nuage d’orage abritent une vie bactérienne presque aussi riche qu’une rivière. Les micro-organismes favoriseraient la formation des hydrométéores et donc des précipitations.

    Article paru le 29 janvier 2013

    Lorsqu’un orage éclate et que la pluie suit, des milliers de bactéries sont déversées sur le sol. Des chercheurs avaient déjà qualifié l’atmosphère de nid microbien. Ils avaient montré que les microbes pouvaient traverser le Pacifique, embarqués dans l’atmosphère et transportés par les aérosols. Beaucoup d’atmosphériciens soupçonnent en outre que ces bactéries peuvent jouer un rôle sur la météo. Elles pourraient bien être le moteur de la pluie.
    Un nuage ne forme pas systématiquement des précipitations. Pour que cela se produise, il faut que les hydrométéores, présents dans le nuage, grossissent suffisamment. Lorsqu’ils atteignent un poids seuil, leur vitesse de chute devient supérieure à la vitesse des mouvements d’air ascendants. Ils peuvent donc tomber hors du nuage. Suivant les conditions de température, ils pourront éventuellement atteindre le sol sous forme de pluie ou de neige.
    Le nuage d’orage est un cumulonimbus qui fait plusieurs kilomètres d’épaisseur et qui a une extension verticale considérable. Au sommet, il s’étend souvent en forme d’enclume. À sa base, les mouvements ascendants d’air sont colossaux. Si bien qu’ils absorberaient quantité de bactéries vivant sur les plantes, ou à même le sol.Le cumulonimbus est un nuage à extension verticale qui se développe à partir de cumulus congestus. La base peut se former entre 400 m et 1 km d’altitude, et son épaisseur peut atteindre plusieurs kilomètres. À l’intérieur du nuage, les hydrométéores peuvent être liquides ou solides. C’est le nuage d’orage. © NOAA

    Autant de microbes dans un cumulonimbus que dans une rivière
    Comment quantifier les bactéries hébergées dans un nuage et évaluer leur rôle sur la météo ? Des chercheurs danois, norvégiens et allemands ont analysé 42 gros grêlons issus d’une tempête qui a frappé la capitale slovène, Ljubljana en mai 2009. Les analyses ont mis au jour des milliers de composés organiques. La vie bactérienne dans ces grêlons est presque équivalente à celle d’une rivière.
    Certaines de ces bactéries ont un pigment rose qui leur permet de résister aux rayons UV dans l’atmosphère. Résistantes, elles peuvent en outre amorcer le processus de formation des hydrométéores. Elles jouent le rôle de noyau de condensation, qui fait changer de phase la vapeur d’eau du nuage. Publiée en accès libre dans Plos One, l’étude suggère que ces bactéries, aspirées au sol par les mouvements ascendants verticaux, sont capables de se développer dans ces nuages. Plus elles se développent, plus elles grossissent et plus elles favorisent la formation des hydrométéores.
    Des chercheurs avaient déjà trouvé de la vie bactérienne absorbée par les nuages au sommet des montagnes, à plus de 40 km de leur lieu de vie. Cela donne à penser que l’atmosphère peut être un fil de connexion entre des écosystèmes éloignés. Les nuages peuvent être considérés comme des écosystèmes transitoires qui disperseraient dans le monde entier les bactéries les plus résistantes. D’après l’équipe de recherche, « les nuages d’orage sont parmi les habitats les plus extrêmes de la planète où la vie microbienne existe ».
    Quand les bactéries font pleuvoir

    Emportés par le vent, des micro-organismes peuplent l’atmosphère. A l’intérieur des nuages, ils se comportent comme des noyaux de nucléation, qui facilitent la formation de gouttes d’eau ou de cristaux de glace. Cette action, déjà soupçonnée, semble d’une ampleur bien plus grande que ce que l’on imaginait.
    Des êtres vivants sont capables de faire tomber la pluie, la neige ou la grêle. Voilà ce que vient de découvrir l’astronome et météorologue algérien Sahraoui Boualem .En soi, la découverte n’est pas une surprise. On sait depuis longtemps que de minuscules particules atmosphériques jouent un grand rôle dans la formation des précipitations. Si l’on descend progressivement la température de l’eau pure, elle peut rester à l’état liquide jusqu’à au moins -35° C, à l’état dit surfondu. Cet état est instable et il suffit d’un choc pour provoquer la glaciation immédiate. Les pilotes d’avions le savent bien, qui voient parfois l’appareil entier se couvrir de givre en quelques secondes pendant la traversée d’un nuage d’eau surfondue. Des petites particules, qui peuvent être des poussières, réduisent considérablement cette surfusion. L’eau touchant ces particules gèle à leur surface, formant une couche de glace qui facilite la fixation d’autres molécules d’eau, en un effet boule de neige qui porte bien son nom. Ces germes de précipitations sont appelés des noyaux de nucléation.

    Des bactéries dans la neige

    Le chercheur a collecté des échantillons de neige en moyenne et haute altitudes et il en a extrait les plus petites particules. L’expérience consistait ensuite à vérifier comment elles faisaient office de noyau de nucléation (dans de l’eau pure). Leur effet dépend de leur quantité, qui variait dans les échantillons entre 4 et 120 par litre. Le chercheur en a ensuite analysé la nature. L’idée qu’il puisse y avoir parmi ces particules des micro-organismes, virus, bactéries ou algues unicellulaires n’est pas nouvelle. Que ces êtres vivants puissent avoir un effet notable sur la météo, l’hypothèse est plus récente.
    Mais apparemment les scientifiques ne s’attendaient pas à une telle proportion : parmi les particules trouvées dans la neige et jouant le rôle de noyau de nucléation, la quantité d’organismes vivants varie selon les endroits entre 69 et 100 % ! Dans les échantillons analysés, c’est en Antarctique que cette proportion est la plus faible tandis qu’elle est la plus forte dans les Alpes. Pour l’essentiel, il s’agit de bactéries.
    La première conclusion de l’article, paru dans Science, est que les bactéries jouent un rôle important dans l’intensité ou la répartition des précipitations. Leur effet, semble-t-il, est de les augmenter surtout quand la température n’est pas trop basse (si elle est très faible, les précipitations auront alors lieu facilement, sans nécessiter une grande densité de noyaux de nucléation). « Il est surprenant de réaliser que les catalyseurs parmi les plus importants sont restés largement ignorés » commente
    L’astronome et météorologue Algérien Sahraoui Boualem

    La pluie, un ascenseur à bactéries ?

    La seconde conclusion est que les micro-organismes ont peut-être là un moyen pour regagner le plancher des vaches. Une technique d’atterrissage en somme. Mais la ruse pourrait être plus subtile encore. L’astronome et Météorologue a en effet observé une particularité curieuse : parmi les bactéries glaciogènes, la plupart sont connues pour être des parasites de plantes. La question reste ouverte. Elles pourraient tirer avantage de leur capacité à former de la glace pour faire exploser les cellules végétales. C’est ce qu’avance dans le magazine en ligne de la revue Nature, Tim Lenton, un spécialiste du système terrestre (Earth System Analysis) et qui a travaillé sur l’hypothèse Gaia, énoncée par James Lovelock et selon laquelle les écosystèmes terrestres influent sur le climat.
    Quoi qu’il en soit, voilà donc les météorologistes contraints de s’intéresser aux êtres vivants… Devront-ils intégrer les écosystèmes bactériens dans leurs modèles ?
    L’astronome et Météorologue Algérien Sahraoui Boualem se permet d’affirmer qu’il pourrait intégrer ces écosystèmes bactériens dans les modèles numériques pour améliorer les prévisions météorologiques et même saisonnières

    Alfa
    17 mars 2018 - 22 h 07 min

    Je pense que vous avez une réponse Claire à votre question: Pourquoi écrire?
    Ceci dit; Ibn khaldoun l’avait dit il y a plus de 5 siècles: « Les Arabes ne lisent pas,quand ils lisent ils ne comprennent pas et quand ils comprennent ils ne pratiquent pas. »
    Les Arabo-musulmans se cachent derrière le faux hadith qui stipule que: NOUS SOMMES UN PEUPLE D’ILLÉTRÉ(IGNORANTS), NOUS NE SAVONS NI LIRE NI ÉCRIRE, alors que le premier mot de l’ANGE GABRIEL au Prophet Mohamed (PBUH) Lis (IQRA) Oh Mohamed. repeaté 3 fois. Ce sont les premières paroles de l’ange Gabriel à l,humanité toute entire.

    lhadi
    17 mars 2018 - 19 h 49 min

    Mon cher frère Kaddour Naimi,

    L’intérêt de toutes vos contributions me laisse à penser que vous êtes un éveilleur qui écrit pour porter la plume à la plaie.

    Au moment où s’annoncent les tempêtes, vous philosophez par gros temps pour dire à la société algérienne : réveillez vous.

    Continuez à écrire car la force de la plume vaincra, sans aucun doute, l’insolente injustice.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Abou Stroff
    16 mars 2018 - 17 h 20 min

    que le lecteur me permette d’adapter un texte de Marx, parlant du peuple allemand, au cas algérien.
    « Il s’agit de ne pas laisser aux algériens un seul instant d’illusion et de résignation. Il faut rendre l’oppression réelle plus dure encore en y ajoutant la conscience de l’oppression, et rendre la honte plus honteuse encore, en la livrant à la publicité. Il faut représenter chaque sphère de la société algérienne comme la partie honteuse de la société algérienne ; et ces conditions sociales pétrifiées, il faut les forcer à danser, en leur faisant entendre leur propre mélodie ! Il faut apprendre au peuple à avoir peur de lui-même, afin de lui donner du courage. On satisfait ainsi un besoin impérieux du peuple algérien, et les besoins des peuples sont en dernière analyse les raisons ultimes de leur satisfaction.
    PS: je crois que K. N. est totalement en phase avec ce qu’avance Marx et je n’oserai pas ajouter quoi que ce soit à la pensée Marx, qui a produit la philosophie qui était indépassable au XXème siècle (dixit J. P. Sartre) et qui le sera encore pendant les centaines d’années à venir.

    mouatène
    16 mars 2018 - 16 h 12 min

    pourquoi écrire ? : moi je penses qu’écrire c’est bien pour se souvenir, se remémorer, et pour que les autres se documentent. et voilà que cela me revient. un jour, écoutant l’emission de QUITTE ou DOUBLE sur Fr internationale, une question a été posée  » en algérie, quelle est la daira qui ne possède pas de mosquée  » personne n’a pu répondre et l’animateur s’exclame  » c’est la daira d’aokas « . bonne journée les amis.

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