«Long… est le chemin» : une histoire à dimension humaine de l’Algérie des années 1930

Mohamed Djaafar
Sous l'occupation, un fellah algérien dans un village de Kabylie abreuvant ses bêtes. D. R.

Dans son roman Long… est le chemin, l’écrivain Mohamed Djaafar invite ses lecteurs à découvrir une période méconnue de l’histoire authentique et hautement humaine des Algériens dans les années 1930 à travers le prisme de personnages hauts en couleur aux prises avec un quotidien des plus difficiles.

Ce roman de 420 pages, publié récemment à compte d’auteur, relate des tranches de vie entrelacées de plusieurs familles luttant pour leur survie dans une bourgade imaginaire de l’Algérie, colonisée depuis un siècle.

Ce deuxième ouvrage de l’auteur plante le décor d’une région se remettant à peine des grandes campagnes militaires coloniales tout en allant, sans le savoir, au devant d’un nouveau drame et des grands chamboulements causés par la Seconde Guerre mondiale.

Dans le village Webbane, le récit s’articule autour de la famille de Slimane, ouvrier du chemin de fer se tuant à la tâche, malgré une petite invalidité, avec la hantise de voir ses trois enfants manquer de nourriture ou de voir son aîné Bouzid abandonner l’école.

Lahlali, le frère de Slimane, obtient une autorisation pour aller travailler dans les houillères du nord de la France. Son voyage et son parcours restituent l’univers des premiers ouvriers algériens immigrés débarquant dans un pays où tout leur est étranger.

Une année avant de passer son certificat de fin d’études primaires, le jeune Bouzid devient l’écrivain public du village rédigeant des lettres aux maris, frères et pères partis travailler en France, ce qui en fait le confident de tous les habitants du village.

Bouzid se retrouve impliqué dans une ancienne liaison amoureuse entre son oncle et Rita la gitane, dans la vie de Bariza abandonnée avec deux enfants et qui ne trouve de salut que dans la prostitution, ou encore dans la rédaction d’affiches et de messages pour les militants du Parti du peuple algérien.

Le diplôme de Bouzid se révèle être une solution aux problèmes de nombreux habitants du village, le jeune garçon est sollicité pour différents emplois et apporte une aide considérable au foyer et à ces proches.

C’est également par Bouzid, seul personne sachant lire, que le village apprend l’arrivée de la guerre avant que le crieur public n’annonce la mobilisation générale, avant que les événements du roman ne s’enchaînent relatant la guerre, le militantisme pour l’indépendance de l’Algérie et la Révolution de Novembre vue par les villageois de Webbane.

En plus des récits qui mettent au jour une période méconnue et des «générations oubliées» de l’histoire «coincées entre la colonisation et la Seconde Guerre mondiale», ce roman renseigne sur un univers et un mode de vie ancré dans l’imaginaire collectif algérien.

Long… est le chemin plonge le lecteur dans l’habitat et le mode de vie authentique d’un village qui ne connaissait pas encore l’électricité et où l’agriculture vivrière nourrit des habitants qui comptent chacun sur un métier artisanal pour subvenir aux besoins des siens.

S’il évoque clairement les déboires de la population avec les autorités coloniales, la discrimination et l’exploitation, l’auteur a réussi à dissoudre les affres de la colonisation dans le quotidien des habitants, axe principal du récit, tel qu’ils l’on vécu.

Né à Bordj Bou-Arréridj en 1955, Mohamed Djaafar avait suivi des études de droit à Alger avant de poursuivre son cursus en Belgique. L’auteur avait publié en 2014 son premier roman Les oiseaux de la nuit.

R. C.

Comment (3)

    Kahina-DZ
    4 juillet 2018 - 18 h 33 min

    Ce livre lui faut un bon scénario pour la production d’un film qu’on doit présenter au festival de CANNES.

    Mme CH
    27 juin 2018 - 2 h 40 min

    Il y a sûrement beaucoup d’autres histoires méconnues comme celle-ci…! On n’en finit pas d’appendre sur l’Horreur, les crimes ignobles et les génocides que le colonisateur français barbare a fait subir à nos ancêtres…! En tout cas, l’Histoire de la colonisation française ne nous a pas encore livré tous ses secrets …!! Allah Yarham Echouhadas…

    Par ailleurs, ce sont les immigrés algériens qui ont construit la France après la 2ème guerre mondiale allumée par les sionistes (selon Benjamin Freedman)……..Entre 1946 et 1954.. ».la principale source d’immigration est l’Algérie. Le nombre d’immigrés algériens est multiplié par dix durant cette période et passe ainsi de 22 000 à 210 000. »…alors nous pouvons dire là- bas chez-nous, puisque même la Tour Eiffel est Algérienne, elle a été construite avec du fer pillé des mines de Zaccar et de Rouïna , vu sa qualité..! FaFa doit nous payer le prix (évaluation actuelle) de ce fer sachant que « cet amas de métal avait coûté à l’époque 3,405 millions de francs, pour un coût global de 5 millions de francs »…. A vous de faire les calculs…!

    PREDATOR
    24 juin 2018 - 6 h 17 min

    Ils avaient une chose essentielle qu’on n’a pas aujourd’hui: ils étaient heureux
    C’était l’époque d’une Algérie authentique ni Haddad ni ould abbes ni saidani ni sidhoum said ni ni ni ni…………….

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