Affaire Finkielkraut : du banal fait divers à la pénalisation de l’antisionisme
De Paris, Mrizek Sahraoui – On assiste en ce moment en France à un incroyable brouillage des cartes né au lendemain de l’affaire liée aux quelques vociférations, loin d’être antisémites, poussées, samedi dernier, à l’encontre d’Alain Finkielkraut dont la présence manifestement opportuniste sur le parcours d’un des nombreux cortèges des Gilets jaunes a eu des retombées inespérées, fruit d’un matraquage médiatique inouï tout au long du week-end.
Cependant, de nombreux parlementaires ont dénoncé l’instrumentalisation de cette affaire alors que beaucoup d’observateurs s’interrogent sur les curieuses coïncidences qui sont loin de relever du pur hasard. En effet, celle-ci est intervenue au moment où des appels sont lancés pour organiser des marches contre les agressions antisémites auxquelles participeront notamment le Premier ministre et des membres du gouvernement. Par crainte d’essuyer des huées et de gâcher l’esprit de la marche qui sera organisée à Paris, Emmanuel Macron a préféré sécher le défilé parisien. Mercredi, il honorera de sa présence le traditionnel dîner annuel du Crif, lors duquel il aura toute latitude de discourir à volonté.
Ce banal fait divers intervient également alors qu’un groupe de parlementaires s’apprête à déposer, ce mardi, une proposition de loi réprimant l’antisionisme. Autrement dit, Israël pourrait effectuer des frappes sur des civils en Syrie, tuer des Palestiniens et étendre ses colonies, et la moindre critique visant le gouvernement israélien pourrait dans les prochains jours relever d’un délit au même titre que l’antisémitisme.
Cette idée de légiférer sur l’antisionisme a germé, assurent certains élus – bien entendu en off – au lendemain de la déclaration de Donald Trump reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël. Difficile de suivre pas à pas les Américains sur ce dossier par peur des répercussions sur l’opinion publique, expliquent-ils encore. La France aurait alors fait le choix d’ériger l’antisionisme en délit, une décision unique au monde que l’on ne retrouve même pas en Israël.
C’est maintenant clair, il y a, d’un côté, les marionnettistes, ceux qui dessinent et tracent les voies impénétrables, et de l’autre, tous les autres, ceux qui croient de bonne foi les sornettes d’Alain Finkielkraut, le reître au service du sionisme international, idéologie politique dont la moindre critique pourrait désormais conduire son auteur devant les tribunaux, si la loi qui sera déposée par le groupe de travail venait à être votée.
Ainsi, les tenants et les aboutissants de la sortie cadrée au millimètre et à la seconde près du philosophe de pacotille trouvent enfin leur explication, une explication donnée, ce lundi, par Bernard-Henri Lévy, l’autre faux philosophe responsable du chaos qui règne en Libye, qui a estimé qu’«on est dans un moment qui me fait penser à l’époque de l’affaire Dreyfus».
Tout est dit.
M. S.
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