L’omission de Le Drian qui jette le doute sur les desseins de la France en Algérie
Par R. Mahmoudi – Acculé par les déclarations persistantes des autorités libyennes légitimes, qui l’accusent ouvertement de soutenir l’offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar sur la capitale, le gouvernement français peine à convaincre du contraire.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro, et paru jeudi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, se défend officiellement de prendre partie pour le camp de Khalifa Haftar mais avoue, dans le même temps, que son pays continuera à être présent en Libye, sous couvert de la lutte contre le terrorisme.
«C’est vrai que nous estimons qu’il (Haftar) fait partie de la solution», admet le ministre, ajoutant : «Haftar a lutté contre le terrorisme à Benghazi et dans le sud de la Libye et cela était dans notre intérêt, celui des pays du Sahel, celui des voisins de la Libye.»
Selon Le Drian, la France est impliquée dans le dossier libyen «pour combattre le terrorisme», «notre objectif prioritaire dans la région», et pour «éviter la contagion» aux pays voisins comme l’Egypte et la Tunisie, «des pays essentiels pour notre propre stabilité». On constate bien, ici, que le ministre français omet sciemment de citer l’Algérie qui fait pourtant partie du voisinage immédiat de la Libye et qui est directement concernée par la stabilité de ce pays. La fragilisation de l’Algérie était-elle le but recherché lors de l’intervention française dans ce pays voisin à partir duquel a été commanditée et menée l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine en janvier 2013 ?
Le Drian finira, ensuite, par assumer cette présence suspecte de son pays en Libye et la justifier. «En tant qu’acteurs de l’intervention militaire de 2011, dira-t-il, et parce que le suivi politique n’a pas été effectué après la chute de Kadhafi, nous avons aussi une forme de responsabilité dans cette crise», a-t-il ajouté.
Toutefois, Paris ne s’attendait pas, selon Le Drian, à ce que le maréchal Haftar lance une offensive sur Tripoli. «Dans tous les entretiens que j’ai eus avec lui, je lui ai toujours rappelé, quand il était impatient, la nécessité d’une solution politique» (sic). Le ministre français ne manquera pas d’accuser le camp d’Al-Saraj d’«immobilisme», tout en lui déniant toute légitimité. «Sans élections, aucun acteur libyen ne peut prétendre être totalement légitime», a conclu le ministre français.
R. M.
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