Hamrouche : «Ne gâchons pas de vraies opportunités créées par le hirak»
Par Mounir Serraï – Mouloud Hamrouche appelle à aller vers de vraies solutions à la crise politique acerbe en suivant la voix du peuple.
«C’est quoi une bonne solution politique ? C’est quoi une possible solution constitutionnelle ?», se demande Hamrouche dans une tribune publiée aujourd’hui à El-Watan. «La revendication de l’application des articles 7 et 8 est pertinente. Il reste à obtenir un accord sur le comment, la forme, les méthodes de travail et le schéma final des institutions démocratiques, un avant-projet de Constitution et le mode de son approbation par une Constituante ou par un référendum», assure-t-il.
Mouloud Hamrouche estime que la solution ne peut être dans la Constitution qui «ne recèle aucun instrument ni aucune mécanique de solution de crises ou de conflits». «Des crises et des conflits de cette nature ont été, par le passé, solutionnés hors Constitution, chose que le Hirak interdit aujourd’hui», affirme-t-il.
Mouloud Hamrouche considère ainsi que «toute élection ne débouchera jamais sur des garanties de sincérité et de fidélité tant que la structure chargée de toutes les opérations de préparation, des inscriptions, d’établissement de listes électorales locales et nationales, des registres de circonscriptions, de centres et de bureaux de vote ne soient pas revus, corrigés et certifiés par des autorités indépendantes croisées». Ainsi, selon lui, «la question est et demeure : comment rendre le Hirak, cette force de refus et d’opposition, une force de stabilité, de structuration et de contrôle ? Comment éviter que le Hirak soit une force d’implosion et d’ambition ?», soutient-il.
«En délivrant un signal fort, un discours intelligible et concret sur des transformations profondes à opérer et à mettre en œuvre sous son regard vigilant, d’une justice libérée de toute tutelle, exceptée celle de la loi, des partis, de la presse et des organisations sociales civiles nationales et locales. Ainsi, le Hirak ne sera pas nourri de radicalités, de clivages périlleux ni d’antagonismes primaires», souligne l’ancien chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid. Pour lui, «il y a une vraie entame et un vrai sujet à discuter. Il y a de fausses concertations pour de fausses pistes. Ne gâchons pas de vraies opportunités créées par le Hirak, ne ratons pas de vrais rendez-vous avec de vraies chances pour notre pays», précise Hamrouche selon lequel «ces opportunités et ces chances résident dans le changement des pratiques et des habitudes mensongères que le système avait érigé en règles et en réflexes».
Mouloud Hamrouche revient sur l’article 7 de la Constitution qui comporte, explique-t-il, «deux voies par lesquelles le peuple exerce sa souveraineté et demeure source de tout pouvoir. La voie électorale pour élire un Président et des élus et la voie référendaire pour l’adoption d’une Constitution et la création d’institutions (article 8)».
Il estime que «toutes ces questions ne peuvent être résolues par un pouvoir chargé du régalien dépouillé de sa légitimité électorale, ni par des partis, toutes obédiences confondues vu leur état organique et organisationnel».
Hamrouche poursuit en affirmant qu’«aucune solution ni aucune démarche ne peut être envisagée comme un kit à prendre ou à laisser pour un Hirak pacifique et unitaire de cette ampleur et qui exige en plus un changement profond de mode de gouvernement». Il considère que «le pays a cruellement besoin de compromis pour être gouverné, pour débattre, pour choisir et pour avancer». Et, selon lui, «la démocratie est la reine des compromis».
M. S.
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