Ces ministres chassés par les citoyens mais qui s’accrochent à leur poste
Par Saïd N. – La jeune ministre de la Culture, Meriem Merdaci, a pris le risque de s’exposer à la vindicte populaire, en acceptant de monter sur scène lors du Festival de Djemila, dans la wilaya de Sétif, pour prononcer l’allocution de clôture.
Des images diffusées par la chaîne de télévision privée Al-Djazaïria One, et largement partagées sur les réseaux sociaux, montrent, en effet, des dizaines de spectateurs présents à la cérémonie conspuant très bruyamment la ministre au moment où elle montait sur la scène. Dès qu’elle a entamé son speech, le public a entonné le traditionnel slogan du hirak : «Klitû leblâd yâ serrâqin !» (Vous avez pillé le pays, espèce de voleurs !). Mais, visiblement préparée à ce genre de scènes, la ministre reste de marbre et poursuit son discours, comme si de rien n’était.
Loin d’être un cas isolé, ce revers vécu par la ministre de la Culture au Festival de Djemila est devenu une véritable hantise pour l’ensemble des membres du gouvernement et même pour les walis qui peinent à accomplir leurs visites de travail ou d’inspection. Chose qui, immanquablement, entraîne des dysfonctionnements et des blocages à tous les niveaux de la décision et de la mise en œuvre des projets.
Conscient de cette situation aussi inédite que dangereuse pour le prestige et le bon fonctionnement des institutions, le gouvernement Bedoui préfère s’enfoncer dans son isolement, en réduisant ses activités au strict minimum que lui dicte sa mission de gestion des affaires courantes. Une mission qui n’interdit pourtant pas aux ministres de déposer leur démission puisque, au moins un d’entre eux, l’ex-ministre de la Justice Slimane Brahmi en l’occurrence, a été récemment démis de ses fonctions, comme dans un contexte tout à fait ordinaire. D’où la question que d’aucuns se posent : qu’est-ce qui pousse tous ces responsables politiques hérités du régime décrié par les citoyens à s’accrocher à leur poste malgré leur incommensurable impopularité ? Ce n’est sans doute pas ce souci obsessionnel, mais bafoué quotidiennement, de rester dans le cadre constitutionnel.
S. N.
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