Un collectif tire la sonnette d’alarme sur l’explosion des assassinats des femmes par leurs conjoints
Par Mounir Serraï – Le collectif des Femmes algériennes pour un changement pour l’égalité (Face) lance un appel urgent pour faire cesser la violence contre les femmes qui explose ces derniers mois. Sous le titre «Halte aux violences contre les femmes et aux féminicides», le Collectif s’élève contre «ces violences que notre société, dans sa globalité, accepte, banalise et justifie».
«36 femmes ont été assassinées par leur conjoint, leur frère, leur père ou autre, selon la presse nationale et 39 pour l’année 2019, selon la DGSN. 36 femmes de tous âges. Très souvent, mères de plusieurs enfants. Mais combien seraient-elles… si on comptait les femmes assassinées que la presse n’évoque pas ? Si on comptait celles qui ont été poussées au suicide, féminicides du désespoir ? Si on comptait celles que leur bourreau a fait disparaître ? Et celles dont on a déguisé l’assassinat pour le faire passer pour une mort naturelle ? Et combien sont-elles, celles qui ont survécu à une tentative de meurtre ? Et celles qui subissent les coups sans porter plainte, parce qu’elles ne peuvent croire qu’un jour, le coup fatal leur sera porté ?» écrit le collectif dans un appel pour que les autorités réagissent et agissent. Le collectif Face estime qu’il y a eu trop de silence sur ces violences et abus parce que beaucoup de victimes n’ont pas d’espace de refuge, parce qu’elles ne sont pas financièrement autonomes.
«La société est également complice en ne dénonçant pas ces crimes. En ne réagissant pas face aux violences contre les femmes car ces violences répétées sont des féminicides annoncés», soutient ce collectif, composé d’associations et d’organisations de défense des droits humains. Il estime : «Nous ne changerons rien si nous ne réagissons pas, si nous ne dénonçons pas ceux qui tuent des femmes parce qu’elles sont femmes…»
«Il est du devoir des familles, des voisins, des collègues, des proches et des moins proches de dire, de dénoncer, de s’indigner, de refuser de se taire, de refuser d’accepter et de s’inscrire dans la solidarité sans conditions. Il est du devoir de l’Etat de protéger les femmes victimes de violence conjugale, familiale et celle de la rue, par des mesures de prévention et de protection, énergiques, efficaces», poursuit le collectif qui demande une série de mesures urgentes pour faire face à ce fléau. Le collectif exige ainsi des mesures d’urgence afin de mettre un terme à ces violences et à l’impunité.
Parmi elles, la réquisition d’auberges/hôtels pour abriter les femmes et enfants en danger, la construction de centres d’hébergement, partout dans le pays, l’accès aux femmes victimes de violences quel que soit leur statut matrimonial, avec ou sans enfants, le financement pour la gestion et l’encadrement des centres en médecins, psychologues, l’ouverture de centres d’appels téléphoniques accessibles gratuitement 24 heures sur 24, à partir du téléphone fixe et portable, l’interpellation des agresseurs et protection immédiate des victimes avec ou sans certificat de médecine légale, l’éloignement de l’agresseur en attendant l’enquête et modalités de jugement rapide et exemplaire, le développement de programmes de formation de prise en charge des femmes victimes de violence des professionnels de la santé, la justice et la police, le lancement d’une campagne massive d’éducation à l’égalité, dans les programmes et établissements scolaires, dans les placardages de rue, dans les médias et les télévisions, en particulier…
M. S.
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