Emirats, Israël, Serbie : capitale Washington !

Israël Washington
Les Américains et les Israéliens bafouent le droit international. D. R.

Par Ali Akika – La cascade d’annonces faites par Donald Trump depuis la Maison-Blanche incite plus à rire qu’à pleurer. Et personne dans les médias dits «importants» ne s’offusque de ce cirque qui risque de mener le monde droit dans un mur. En tout cas, ce genre d’événements illustre à merveille la dialectique du maître et de l’esclave du philosophe allemand Hegel. Dans la langue populaire, cette dialectique se traduit par :  «Je te tiens, tu me tiens par la barbichette.» Mais après le mauvais théâtre de Washington, essayons de comprendre ce que cache cette fuite en avant d’une politique qui se met au service d’individus qui se moquent royalement d’une grande partie de leur population mais aussi, hélas ! du droit international.

Ainsi, il n’y a pas si longtemps, deux singuliers personnages se rencontrent sous les lumières tapageuses des médias. L’un est le Président de la première puissance du monde, l’autre est Premier ministre d’un Etat dont la voracité à avaler la terre des autres est devenue légendaire. Tous deux se donnent beaucoup de peine pour glaner des voix aux futures élections qui leur permettent de conserver leur job menacé. A leur goût immodéré d’exposer au monde l’enflure de leurs nombrils, ils partagent un vilain petit défaut, leur propension à considérer la terre d’autrui comme leur propriété. Et l’appétit venant en mangeant, ils poussent leur indélicatesse à ne point laisser quelques miettes aux légitimes habitants du pays en question. Ils se conduisent comme si les autres comptent pour du beurre.

Il est vrai que le droit international est une fiction car orphelin d’une force en mesure d’appliquer ses décisions. Et pour leur malheur, les habitants opprimés ne peuvent alors faire appel à une ONU puisque la force brute est du côté de leurs bourreaux. Mais au fait, d’où viennent ces gens ayant des traits de m’as-tu vu arrogants ? Sont-ils des produits d’une culture et de la nationalité qu’ils ont en commun ? Ou bien vivent-ils dans un monde imaginaire qu’ils alimentent de leurs délires et fantasmes ? Ils doivent avoir peur de vivre dans le monde réel pour lui préférer la loi de la jungle et disposer ainsi, sans aucune contrainte, des biens des plus faibles. On comprend alors pourquoi leurs actes ne souffrent pas du moindre trouble de l’âme et leurs visages ne laissent paraître aucune honte car cachés derrière des mots et des idées suintant mensonges et certitudes du vieux monde.

Cependant, la victime, certes, affaiblie parce que blessée, garde l’espoir de ne jamais céder le droit inaliénable de sa terre. Sa cause est niée et sa détermination est évidemment ignorée ou sous-estimée par ses usurpateurs. L’attitude de ces derniers est semblable à celle que leurs ancêtres entretenaient avec les Amérindiens. Ceux-ci, dans la solitude aussi bien géographique qu’historique de leur époque, ont fini, hélas ! par sombrer dans l’oubli du temps qui passe. La faute d’aujourd’hui répétée avec une inconscience de zombie va un jour leur jouer un tour car le rêve sublime des habitants de cette contrée, née à l’aube de l’humanité, est vivant, tenace parce que légitime. Contrairement à leurs envahisseurs qui ont vite remplacé leurs rêveries de la terre promise par le temple des affaires, le rêve palestinien est ancré dans l’histoire, mère de toute légitimité. Et ce n’est pas le bizness qu’ils font miroiter à des féodaux perméables aux croyances des mirages du désert qui va transformer en profondeur l’histoire de la région.

Le mauvais cinéma qu’ils diffusent au monde est une mixture où cohabitent la mauvaise conscience des uns, l’appât du gain des opportunistes et le mysticisme vulgaire des autres. Ces derniers reçoivent tout «naturellement» les renforts de pauvres bougres qui trouvent là matière à se venger de la défaite des croisades ou bien encore de pauvres hères fascinés par les délices du MacDo du pays de l’Oncle Sam. Mais soyons justes, dans ce pays dont le Président paraphe des documents sur le dos des victimes, il est des citoyens qui ne cautionnent pas cette politique. Ils sont même en colère, et le font savoir. Oui, de la rage même de voir leur Etat tourner le dos à des idéaux de justice et de liberté de leur Constitution aujourd’hui oubliés ; oui, peiner de voir leur société submergée par de la haine et par le racisme ordinaire. Mais que faire, se demandent tant de gens dans le monde, devant cette haine qui s’abreuve aux fontaines de mensonges niant le droit et les épopées des victimes d’aujourd’hui ? C’est à croire que les auteurs de tant d’injustices veulent nettoyer leur histoire des injustices commises pour que celles-ci ne troublent pas la tranquillité de leur présent.

Ce genre de personnages ressemble à des frères siamois. Leurs agissements révoltent ceux qui ne veulent pas se résoudre à rester passifs devant leurs macabres méfaits. Ils leur rappellent trop le monde qui a souffert des aventuriers à la recherche des frissons «au cœur des ténèbres».(1) La relation de ces frères siamois a quelque lien avec la fameuse théorie «du maître et de l’esclave» de Hegel. On le sait, cette théorie relate les liens de dépendance entre le maître et son esclave. Au fil du temps, le rapport s’inverse au profit de l’esclave.

Mais revenons à «nos protagonistes». Dans la corbeille du mariage, l’un des frères siamois apporte la puissance et le prestige de sa richesse. Le petit frère, lui, assure et rassure le grand frère d’être le gardien vigilant de ses protégés de la région dont le sol regorge d’un carburant indispensable à ses gloutonnes industries. Il inventa même une formule pour caresser le nombril de son grand frère : «Je serai, dit-il, une base avancée, une sorte de porte-avions terrestre au milieu de la barbarie pour que tu puisses faire tes affaires ailleurs, le cœur tranquille.» En dépit de leur fidèle et mutuelle amitié, leurs relations connurent quelques couacs (2), certes, punis légèrement mais la punition contenait un message subliminal signifiant au petit frère : «C’est moi le maître.» Dorénavant, dit le message, un plus grand manquement à l’amitié qui menacerait le statut du grand frère sur la scène internationale sera sévèrement sanctionné.

C’est ce qui semble se dessiner par les temps qui courent où la conjoncture mondiale est en plein bouleversement. Dans la région de la malheureuse, mais fière Palestine, la guerre fait rage. L’Oncle Sam n’est plus seul maître à bord. Israël qui, jadis, se baladait sur terre et dans le ciel des voisins, bombarde de nos jours à partir des territoires qu’il contrôle pour échapper aux missiles. Deux exemples révèlent que le grand frère s’énerve quand le petit frère prend des initiatives qui dérangent les intérêts de l’Oncle Sam.

Ainsi, Mike Pompeo, secrétaire d’Etat des Etats-Unis débarqua un jour sans s’annoncer pour exiger deux choses. Primo, le port de Haïfa ne doit en aucun être offert à la Chine pour sa route de la soie. Ensuite, le contrat signé avec la Chine relatif à la 5 G doit être déchiré. Voilà pour le registre économique. Quant au facteur géopolitique(3), Mike Pompeo arrosa de sa colère glaciale l’avidité fiévreuse de Netanyahu sur le point d’annexer la Vallée du Jourdain. Le petit frère s’exécuta car il avait le même intérêt que son grand frère sur la nécessité de ne pas affaiblir les amis féodaux du Golfe par une annexion aussi rapide que brutale. Des amis du Golfe indispensables pour faire face au supposé danger des descendants de Darius.

Remarquons au passage que le danger viendrait de celui qui habite sa maison et non de celui qui fait des milliers de kilomètres pour venir faire la leçon aux autres. Cette petite «attention» à l’égard des pays du Golfe prouve que le facteur économique avec la magie du dollar est insuffisant pour faire bouger l’attitude des pays en question.

En résumé, derrière les shows médiatiques qui n’ont pas du reste l’audience attendue auprès des chancelleries et de l’opinion internationale, le petit frère pense avoir marquer des points dans la mise en marche d’une nouvelle stratégie. Laquelle ? Celle de couper les liens entre la Palestine et les pays arabes. Netanyahu vient de le déclarer avec jubilation : les Palestiniens n’auront plus dorénavant de veto à opposer aux pays arabes. Ainsi, il cherche à contourner la résistance des Palestiniens par un double encerclement. Le sien avec son armée et celui diplomatique de leurs propres «frères».

A cette tactique d’encerclement des Palestiniens par les régimes arabes me vient à l’esprit le mot d’ordre de la résistance palestinienne au début de la lutte armée. Ce mot d’ordre est : «La libération de la Palestine passe par la libération de capitales arabes.» A cette époque, le mot d’ordre paraissait idéaliste. En un sens, Netanyahu reprend à son compte ce mot d’ordre. La Palestine n’est plus un veto, ne cesse de le répéter Netanyahu. Il sous-entend métaphoriquement qu’il a libéré «ses Arabes» de leur dépendance vis-à-vis des Palestiniens. Mais que le petit frère siamois ne crie pas trop vite victoire, «ses Arabes» ont surtout la trouille des changements en cours dans la région.

La guerre de Syrie est passée par là, entraînant derrière elle l’ombre de l’Iran, de grandes puissances se sont invitées dans la région et ont déjà introduit de nouvelles donnes. Les frères siamois ont misé sur le binôme alléchant de sécurité/bizness pour attirer des féodaux prêts à se vendre à de lointains étrangers que de lier amitié avec des voisins.

Les frères siamois et les régimes éphémères de leurs obligés du Golfe vont buter sur le massmar Dj’ha (le clou de Dj’ha) qui finira par leur pourrir l’existence. Ce clou, cette arète dans la gorge, c’est le peuple palestinien solidement accroché à sa terre. Il ne fera plus l’erreur commise en 1948. Quoiqu’il arrive, il ne bougera plus. Le petit frère siamois l’a compris, la preuve ? Ses ponts d’or qu’il leur offre pour qu’ils émigrent au Canada, Australie, etc. Ayons la politesse de rappeler que beaucoup d’empires n’existent aujourd’hui que dans des livres qui nous apprennent qu’ils ont implosé au sommet de leur puissance.

Plus près de nous, la puissante Amérique après avoir déguerpi du Vietnam fait des courbettes à la Corée du Nord. Le monde ancien ne jure que par la domination de l’espace. Il oublie que cet espace est occupé par des peuples qui, eux, sont là pour l’éternité comme le temps qui n’a ni début ni fin. L’on sait que le temps est rare et cher dans le système qui fait encore la loi de nos jours. La meilleure façon de perdre son temps et de courir derrière, a dit un philosophe dont j’ai oublié le nom. Un message fait sur mesure pour les frères siamois dont l’existence temporelle pèse un grain de sable à côté des cinq sur les Sept Merveilles du monde qui trônent dans les régions si convoitées de la Palestine.

Bien que Joseph Conrad, auteur du roman Au cœur des ténèbres, nous dise que «l’homme est capable d’aller loin dans le crime», n’oublions pas que dame Histoire, réputée pour sa rigueur, accouche aussi de l’homme capable d’inventer la lumière pour noyer les ténèbres.

A. A.

1- Au cœur de ténèbres, un chef-d’œuvre de la littérature de Joseph Konrad. Il décrit un monde (ici l’Afrique) où «l’homme est capable d’aller loin dans le crime et l’horreur».

2- Il y eut effectivement des couacs comme l’arrestation d’un espion américain au profit d’Israël et la destruction d’un sous-marin américain par la marine israélienne durant la guerre de juin 1965. Détails faciles à trouver dans Google.

3- Le petit frère siamois avait promis l’annexion de la Vallée du Jourdain le 1er juillet. Pour signer l’accord avec les Emirats, le grand frère l’obligea à signer noir sur blanc la suspension, l’arrêt, le report de toute annexion. Ces différentes interprétations prouvent combien sont sérieux et crédibles pareils contrats. Heureusement que l’Histoire ne s’embarrasse pas de telles balivernes. On connaît chez nous les trémolos d’un ministre français, futur président, quand il s’écria : «L’Algérie, c’est la France ; une seule négociation, la guerre.»

Comment (5)

    Anonyme
    8 septembre 2020 - 16 h 57 min

    Ceux qui veulent nous imposer la question Palestinienne au quotidien se trompe on finira par soutenir la parie adverse car en tant qu’algérien une affaire aussi lointaine, ça nous saoule et réellement ! mais bon dieu allez la bas et arrêter de nous emm. avec cette affaire on a nos propres problèmes !

    Brahms
    8 septembre 2020 - 8 h 03 min

    Les gens se réveillent en 2020.

    Le Pacte de Quincy en 1945 entre les USA et les Saoudiens suffit à prouver cette réalité. Qu’ils se débrouillent entre eux, de toute façon, je ne donnerai jamais mon argent à un bédouin du Moyen Orient. Personnellement, je n’ai pas besoin d’eux donc aucun intérêt à les enrichir. Moi, quand je vais travailler, personne ne me remplit ma musette d’argent à hauteur de 7 500 €, où on me dit, tiens voilà pour toi. Je gagne de l’argent grâce à ma force de travail, mon courage, mon envie, ma motivation, ma matière grise afin de construire mon avenir ou pour assurer mes vieux jours. Enfin, même si je donnais mon argent à ces bédouins, ils iraient l’investir à ma place en Europe pour encore gagner plus d’argent avec donc pas la peine de les enrichir. Ils n’ont qu’à taper dorénavant à la porte des israéliens et des américains. Les masques sont tombés et c’est très bien. ADIEU.

    SIMPLIFIER
    7 septembre 2020 - 11 h 19 min

    Dîtes plutôt : US capitale T.aviv .
    Ou monde, Capitale Banques.

    dalia
    7 septembre 2020 - 11 h 16 min

    La Serbie a besoin de fric.
    En plus, ce pays ne veut pas être plus royaliste que les Arabes riches.
    C’est comme ces minuscules contrées qui payées par le Maroçk et son Maître font des gestes contre le SAHARA OCCIDENTAL.

    Casbi
    7 septembre 2020 - 11 h 07 min

    excellent article, plein de verite. Ces deux entites , Etats Unis ( E.U.) et sionistes ( E.S.) poursuivent une politique faschiste depuis leurs existences respectives. Dans le cas des E.U. depuis 1600. Elles survivent par le vol , l’injustice et le racisme. Il est meme trop tard pour ces deux institutions de voyous de corriger leur direction car leur banditisme est devenu la norme, il definit leur facon de vivre. Ces deux entites sont condamnees a vivre par l’epee et finiront par perir par l’epee, le coup de grace sera eventuellement inflige a l’interieur meme de ces pays de la part de leurs peuples respectifs. J’ajouterai que le President de la Serbie avait signe l’accord avec Trump sans realiser que la question de  » Jerusalem ‘ a ete inseree entre les lignes. La morale de l’Histoire  » ne jamais signer de traite avec Oncle Sam , il ne sera jamais respecte  » . Apres tout le Grand Geronimo lui meme avait ete dupe.

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