Un expert met en garde : «Sonatrach ne doit pas induire les autorités en erreur !»

Toufik Hakkar Sonatrach
Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach. D. R.

Par Mohamed K. – «Sonatrach doit réaliser un bilan objectif afin de ne pas induire en erreur les autorités, en expliquant l’évolution de ses coûts et du volume physique des exportations du gaz et du pétrole entre 2007-2008 et avril 2021», affirme l’expert international Abderrahmane Mebtoul, dans une déclaration à Algeriepatriotique. «Certains médias algériens ont repris sans commentaire un communiqué de Sonatrach, en date du 19 avril, signalant une hausse substantielle de ses exportations de gaz au premier trimestre 2021, mais en référence à l’année 2020 où le taux de croissance de l’économie mondiale a été négatif de 5%», explique-t-il.

«Un taux de croissance positif en T1 par rapport à un taux de croissance négatif en T0 donne un taux de croissance faible. Aussi, loin de toute vision de sinistrose ou d’autosatisfaction nuisible pour les intérêts du pays, il appartient à nos institutions stratégiques d’avoir un langage de vérité afin d’éviter les discours euphoriques du passé que contredit la réalité», souligne le professeur Mebtoul, qui fustige ces pratiques «qui ont conduit à la situation que nous connaissons actuellement, avec des indicateurs économiques et sociaux en dégradation».

Pour cet économiste, «il est impérieux pour Sonatrach de livrer une analyse objective en mentionnant les contrats définitifs, des comptes clairs, les réalisations sur le terrain devant les distinguer des nombreuses lettres d’intention qui n’engagent pas l’investisseur et qui ne représentent pas un contrat définitif». Il prend l’exemple du récent communiqué de Sonatrach qui mentionne une augmentation des exportations, estimant que celle-ci «est ambiguë». «Pour ne pas induire en erreur les hautes autorités du pays et l’opinion publique, Sonatrach doit élaborer une analyse objective et ne doit pas se limiter à la référence de 2020, ce qui n’a aucune signification du fait de l’épidémie du coronavirus qui a paralysé toute l’économie mondiale», note Abderrahmane Mebtoul qui appelle les responsables de la compagnie pétrolière nationale à «prendre les références 2007-2018 et 2019».

Il faut, explique-t-il, inclure dans cette analyse le solde comptable avec la part des associés, en indiquant s’il est fonction d’un facteur exogène, du prix international qui échappe aux décisions internes ou le résultat d’une gestion interne supposant un bon management stratégique qui lui fait cruellement défaut. Le rapport de Sonatrach doit également prendre en considération l’investissement neuf réalisé sur le terrain par des firmes internationales pour voir si la firme a attiré des investisseurs potentiels ; le volume des exportations de gaz GNL (30%) et GN (70%), notamment en direction de l’Europe durant les premiers trimestres de 2018, 2019, 2020 et jusqu’à avril 2021 –canalisations qui travaillent actuellement en sous-capacités – afin de pouvoir établir des tableaux de comparaisons ; le volume d’exportation du pétrole brut et des dérivés du gaz – le prix du MBTU étant passé de 10-12 dollars entre 2008 et 2015 à environ 2,60 dollars sur le marché libre – durant les premiers trimestres 2018, 2019, 2020 et avril 2021, avec les coûts d’exploitation arrivée au port ; le volume consolidé pétrole et gaz du premier trimestre 2021 en référence au premier trimestre 2018 et 2019, «en espérant des bilans éclatés et non consolidés qui voilent la performance de ses segments, lesquels supposent des comptes physico-financiers», souligne l’économiste.

«Sonatrach devrait expliquer la raison de la baisse en volume entre 2007 et avril 2021», ajoute le professeur Mebtoul, qui explique que «cette baisse est confirmée par le rapport d’avril 2021 de l’Opep». «La production algérienne en mars 2021 s’élevait à 870 000 barils par jour, soit une baisse de 8 000 barils par rapport à la production moyenne de février, estimée à 878 000 barils par jour, contre plus de 1,2 million barils par jour entre 2007 et 2015».

M. K.

Comment (5)

    Brahms
    24 avril 2021 - 20 h 48 min

    Pour financer la SONATRACH, il faut mettre l’entreprise en cotation sur un marché boursier afin qu’elle puisse se financer via le marché action et non vendre des gisements à ANADARKO, TOTAL pour des bouchées de pains.

    Assez de blablas, il faut bosser sérieusement.

    Anonyme
    23 avril 2021 - 16 h 15 min

    Sans oublier surtout le pays qui prend le gas algerien depuis 2004 sans payer un sous selon Benflis.

    Anonyme
    23 avril 2021 - 9 h 04 min

    Pour faire court; une augmentation de 10% des volumes de gaz au premier trimestre 2021 par rapport au premier trimestre 2020, qui lui était en déclin de 20% par rapport au premier trimestre 2019 donne une diminution de 10% de 2021 par rapport à 2019 et ceci en volume de gaz.
    Plus significatif encore est le prix à l´unité.
    Augmentation en volume des exportations en gaz ne veut pas dire augmentation des entrées en devises, si le prix à l´unité a diminué.
    Si le prix de l´unité diminue en dessous d´un certain seuil, il serait meme préférable qu´il n y ait pas augmentation des volumes exportés et réfléchir à comment utiliser son gaz plus profitablement.

    On ne peut pas être à moitié libre
    22 avril 2021 - 11 h 17 min

    Prétendre « la vérité  » dans la gestion quand l’illégitimité est au sommet relève de la croyance et pas d’une communication institutionnelle sérieuse. On a même parlé de quelques 8 milliards$/an qui pendant des décennies disparaissaient depuis les caisses de Sonatrach. Que dire des contrats avec les sociétés étrangères qui servent juste à multiplier les contractants donc le pouvoir de l’administration….

      Momo
      22 avril 2021 - 14 h 12 min

      Sans oublier, les quantités très importantes (gaz et pétrole) qui sortent sans aucun contrôle douanier … ni recensement .

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