Du rififi entre Israël et les Etats-Unis : la géostratégie impose ses règles ?

NB rififi
Joe Biden et Benyamin Netanyahou. D. R.

Contribution d’Ali Akika – Jusqu’à présent, le rififi entre ces deux alliés siamois était soft, car leurs intérêts étaient si intimement liés qu’il eut été fou de ne pas les régler d’une façon élégante et sans bruit. Mais avant de cerner la nature et la dynamique de l’ampleur du rififi actuel plus abrupt, il faut dire un mot des changements intervenus dans ces deux Etats. Aux Etats-Unis d’abord. Cette grande puissance veut que la société américaine continue de croire à son fantasme premier, le rêve américain. Sauf que celui-ci a déjà reçu des coups de griffe dans le passé pour finir abîmé par la séquence Trump.

Le nouveau président Biden veut réparer les blessures causées par le «trumpisme». Et il sait que pour atteindre cet objectif, il faut s’appuyer sur des forces émergentes dans la société américaine. Celles-ci sont constituées de ces communautés afro-américaine et arabe (notamment palestinienne) qui viennent s’ajouter à la frange progressiste («blanche») à la Sanders qui se sont fait élire aux Congrès américain. Biden ne peut pas ne pas en tenir compte pour mener sa bataille aussi bien en politique intérieure qu’extérieure. Il peut prendre des «risques» de s’opposer à Israël d’autant qu’il n’aura pas à se représenter pour un deuxième mandat.

Quant à Israël, il est en train de vivre «une crise la plus profonde de son histoire». Cette phrase n’est pas de moi mais de députés israéliens qui n’arrivent pas à former un gouvernement depuis deux ans et tremblent d’aller vers une cinquième élection. Jusqu’ici ces députés n’ont jamais «tremblé», étant rassurés par la «puissance» (face à des réfugiés palestiniens), de leur armée et satisfaits de leur nombril caressé par leur infantile arrogance. Mais se faire la guerre entre eux leur fait peur et devient une hypothèse nullement farfelue.

Ainsi, le rififi ne peut plus être étouffé élégamment car le grand frère américain a d’autres chats à fouetter ailleurs. Et ce n’est pas un gouvernement israélien brinquebalant depuis deux ans qui va l’empêcher d’aller de l’avant. Ceci posé, voyons les événements qui se déroulent dans la guerre «clandestine» et les coulisses de Vienne où les Etats-Unis, gendarme du monde, ont accepté sagement d’attendre dans un hôtel. Pendant ce temps, ce sont leurs amis européens qui enregistrent les droits de l’Iran et leurs réparations, c’est-à-dire la fin de l’embargo américain.

Dans un précédent article, j’avais écrit que l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche allait probablement entraîner un recentrage de la politique américaine au Moyen-Orient. J’avais pris soin de rappeler la vieille loi du rapport de force qui règle et régule par les relations entre Etats. Et pour défendre et conserver leur statut de grande puissance, les Etats-Unis s’y connaissent dans la violation du droit international avec les pays faibles. Mais avec la Chine, danger number one de leur point de vue, il leur faut d’autres arguments qu’une simple décision du Conseil de sécurité qu’ils interprètent à leur façon (Libye par exemple). Alors pour atteindre leur objectif face à la Chine, il leur faut calmer le jeu. Le retour aux accords sur le nucléaire de 2015 conclu sous l’égide du Conseil de sécurité est un passage obligé. Mais il y a mais qui s’appelle Israël.

Jusqu’ici, quand un différend surgit entre les Etats-Unis et Israël, ce dernier sort toute la panoplie des pressions pour modifier la position de leur fidèle protecteur. On a vu même Netanyahou se précipiter au Congrès américain sans passer à la Maison-Blanche «dire Bonjour» à Obama. Netanyahou invita, pour ne pas dire exigea, des congressistes à ne pas ratifier l’accord de 2015 en voie de finalisation sous Obama. Cette incroyable et vulgaire ingérence dans la politique d’un pays si généreux avec Israël, Joe Biden alors vice-président d’Obama, l’a retenue. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Biden avança à pas de loup pour «plaire» à l’Iran et déplaire à Israël (1). Il commença par rétablir les subventions aux réfugiés palestiniens pris en charge par l’ONU et laissa son ministre des Affaires étrangères effacer en quelques phrases les délires diplomatiques de Trump avec son Deal du siècle sur la Palestine et l’occupation du Golan.

Petits malaises et grincements de dents en Israël mais pas encore d’affolement. Face à des Palestiniens enfermés, pressurés et contrôlés et une Syrie dévastée, Netanyahou pense faire le mort et, une fois Joe Biden, parti, vu son âge, les affaires vont reprendre comme à la belle époque. Mais comme les pas de loup de Biden se transforment en tintamarre et annoncent le retour aux accords de 2015, en «exigeant» pour la forme que l’Iran arrête de violer les accords du nucléaire en question, ça calme Israël le temps d’un Week-end. Entre temps, les juristes de la Maison-Blanche préparent le monde à une vérité que tous les médias mainstream (dominants) niaient et répétaient comme des perroquets que c’est l’Iran et non les Etats-Unis qui violent l’accord en question. Ces médias de médiocre propagande finissent par admettre que les accords signés au cConseil de sécurité de l’ONU et non dans un restaurant libre-service où on entre et on en sort comme dans un moulin.

Les Iraniens joueurs d’échec offrirent une porte de sortie aux Américains en se rendant à Vienne se réunir avec les autres membres du Conseil de sécurité mais sans les Etats-Unis qui attendent dans un hôtel l’issue de ces discussions. Israël se rend compte que la situation se détériorait pour ses affaires. Netanyahou en conclut que l’agitation diplomatique de ses envoyés, généraux et espions à Washington, Moscou et Paris est un flop. Quelque peu désemparé d’autant qu’il baigne dans une grave situation politique interne, il se lance dans une fuite en avant en bombardant la Syrie, des navires iraniens et s’attaqua même au site nucléaire de Natanz (2).

Les Américains font fuiter dans la presse qu’ils n’ont rien à voir avec ces actes. Les Iraniens ripostent du tac au tac avec intelligence pour ne pas donner prétexte à Israël de faire une «bêtise» qui gênerait les Américains, les obligeant à ralentir les négociations d’un éventuel nouvel accord nucléaire. La fuite en avant guerrière mais sans effet sur l’Iran de Netanyahou énerva les Américains. Ils demandent alors à Israël de ne pas parasiter les rencontres de Vienne par le tissu de mensonge de leur propagande outrancière. Décodée, la réaction américaine voulait faire comprendre que les Iraniens sont en droit d’enrichir de l’uranium et ce droit découle de la violation (traduisons, connerie) de Trump.

Cette réaction américaine reçu 5 sur 5 par Netanyahou qui, au moment où j’écris cet article, vient à nouveau envoyer généraux et services secrets pour suggérer des «idées» à proposer aux négociations officielles qui ne vont pas tarder à s’ouvrir. Ces «idées», Israël la mort dans l’âme, demande aux Américains de leur sauver la face en proposant un contrôle rigoureux et permanent sur le nucléaire iranien. Le nucléaire iranien n’a pas fini de donner des migraines aux dirigeants israéliens. Il risque aussi de ruiner leur rêve consistant à faire tomber dans leurs filets l’Arabie Saoudite pour construire un OTAN du Golfe avec la kyrielle des Emirats. Sauf que l’Arabie Saoudite, qui est dans le collimateur de Biden, est allée à Canossa chez les «chiites» irakiens, à Baghdad, pour se réconcilier avec Téhéran. L’Arabie a compris que si les Etats-Unis font des misères à Israël, ce n’est pas leur pétrole qui va freiner les Américains dans leur volonté de faire tout pour maintenir leur influence, quand bien même leurs protégés perdraient des plumes dans le réaménagement géostratégique des Etats-Unis.

Ce sont ces nouvelles donnes géopolitiques qui vont s’imposer. Mais Israël veut imposer sa propre volonté, être l’unique détenteur de l’arme nucléaire. Israël affirme que son opposition à l’éventuelle bombe atomique iranienne est une question existentielle. Le problème avec cet Etat, c’est qu’il veut que son entourage n’accède ni à la bombe atomique, ni aux missiles et que personne ne devienne une puissance étrangère et qu’on le laisse vivre, barricader derrière des murs, des barrières de fils électriques sous la surveillance de satellites. Il veut que les peuples de la région soient désarmés. Et quand un peuple, celui de Palestine exprime son droit à la liberté avec une simple pierre, on le traite de terroriste (3).

A. A.

1- Biden a attendu plus d’un mois avant d’appeler Netanyahou, son ami et l’ami d’Israël.

2- Ces fuites dans la presse, notamment israélienne, ne sont pas des interprétations abusives mais sont crédibles quand on lit différentes prises de positions de généraux et services secrets qui possèdent des infos et des outils pour les analyser.

3- C’est exactement ce qui ressort en substance des débats d’une chaîne francophone israélienne.

Comment (13)

    Dad
    23 avril 2021 - 5 h 33 min

    Libye pas l’Irak.
    L’Irak et un autre front .
    Tout le monde aurait compris.

    Belveder
    22 avril 2021 - 14 h 34 min

    C est exagéré de considéré une refondation des relations entre ces deux pays.
    Bieden ou un autre ne changera pas les relations puissants et historique entre les deux
    Sans compter le Retour de Trump déjà annoncé

      Sad
      24 avril 2021 - 17 h 50 min

      Macron à remplacer les hébreux Après biedent
      Il ne veut toujours pas reconnaître le polisario et maintenant le génocide arméniens par les turcs (qui est une guerre en 1900). Mais la nation Algérien elle volé tuerie en masse par les François n’a a ses yeux aucune reconnaissance

    souad
    22 avril 2021 - 13 h 21 min

    une fois j’ai entendu un analyste décrire l’entité sioniste comme suit:
    Israël est comme ce chien de garde que les occidentaux ont placé pour surveiller la région (moyen orient) en 1948, ce chien se trouvant être menacé de mort , il devient lui même le protégé de ses maitres.
    combien même il aurait joué son rôle , ses maitres finiront par l’euthanasier un jour.

      dad
      23 avril 2021 - 3 h 02 min

      Qu’es que tu veux dire sur l Algérie? Alors a toi saches que les USA, l’Italie ,Espagne, les hébreux, la François.
      Veulent faire un Sahel bis dans le Nord Afrique.
      Les pays visé la Mauritanie, Tchad, le Niger; l’Irak et en fin Algérie. Alors la Tunisie et consciente mais blessées
      Le Niger résiste le Tchad touché et qui faut a tous prix secourir. Et si l Algérie tombe c’est tous l’Afrique sera livré au sionistes et les vole des richesses du continent
      C’est pour cela qu’ il défend le peuple traître de
      M6 et San foute des droit de l’homme et se servent de l’ONU pour mettre en place leur stratégie

        Dad
        23 avril 2021 - 5 h 28 min

        Tous on n’a compris Libye pas Irak
        Irak et un front .merci

      Sad
      24 avril 2021 - 18 h 06 min

      bieden
      Il ne veut toujours pas reconnaître le polisario et le genocide de M6 mais le (génocide) arméniens par les turcs (qui est une guerre a l’1900)prend un grande importances. Il suit la politique de Françoise. Ce fatigué
      la nation Algérien elle volé tuerie en masse par les Françoise n’a a ses yeux aucune reconnaissance. La Françoise de macron a trouvé un souteneur à sa politique

    Anonyme
    22 avril 2021 - 12 h 10 min

    Israël-États-Unis-sionisme encore une fois… Pendant ce temps ça évite de parler de notre pays…

    Anonyme
    22 avril 2021 - 8 h 58 min

    Tout est bien dans le meilleur des mondes dixit Pangloss!
    Tant que les USA et leur vassal l´Europe sont number 1 militairement et économiquement,
    Israel restera instrument (et inversement pour Israel) de domination dans la région.

    Elephant Man
    22 avril 2021 - 6 h 12 min

    Il est vrai que l’entité sioniste est aujourd’hui totalement fragmenté au niveau décisionnel.
    Il reste à Netanyahu moins de trois semaines pour trouver 61 sièges à la Knesset, sous peine d’être emprisonné pour corruption. Le procès a déjà commencé. La réalité est que la cohésion ne reviendra pas facilement dans la politique israélienne, que Netanyahu survive ou non.
    Netanyahu a vendu du vent à Washington leur faisant miroiter que l’Iran à genoux supplierait pour lui permettre de revenir au JCPOA. Outre le fait que ce n’est pas la philosophie Iranienne, l’Iran a conclu un accord avec la Chine de 400 milliards de dollars pour des projets d’infrastructures de transport et d’énergie, sans omettre la coopération sino-iranienne en matière de sécurité, l’Iran est partie prenante de la route de la soie numérique eurasienne, et sa coopération avec la Russie dans de nombreux domaines stratégiques.

    Elephant Man
    22 avril 2021 - 5 h 45 min

    Démocrate ou Républicain la politique étrangère des USA est toujours la même et sous influence sioniste.
    Encore une fois le seul Président Américain anti-système et opposé notamment au nucléaire israélien était JFK d’où son assassinat.
    « Et quand un peuple, celui de Palestine exprime son droit à la liberté avec une simple pierre, on le traite de terroriste » →→ typiquement L’INVERSION ACCUSATOIRE le criminel bourreau terroriste qui se victimise et criminalise la victime !!
    «Hier, on m’appelait terroriste, mais quand je suis sorti de prison, beaucoup de gens m’ont embrassé, y compris mes ennemis, et c’est ce que j’ai l’habitude de dire aux gens qui pensent que ceux qui luttent pour la libération de leur pays sont des terroristes. Je leur dis qu’hier j’étais moi aussi un terroriste, mais qu’aujourd’hui je suis admiré par le peuple même qui a dit que j’en étais un.» Madiba

    Dad
    22 avril 2021 - 3 h 51 min

    Et puis arrêtons de les appels ISRAËL car cela veut dire — soldat de dieu– en hébreu.
    Ce ne sont que des païen HÉBREUX point.

    Dad
    22 avril 2021 - 3 h 33 min

    Ok mais cela ne la pas empêché de reste sur la position de trump concernant le polisario et même envoyé des troupes. Toujours pour aider son hébreu et m6 le dealer. ALORS! ou et le changement?
    On devrait ce rapprocher de se grand peuple IRAN c’est le mieux a faire.

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