Candidates sans photo, actrice menacée et enseignantes agressées dans le Sud
Par Mohamed K. – De nombreux éléments préludent un retour au début des années 1990 tellement la similitude est criante. Parmi eux, l’accord donné aux candidates aux prochaines législatives de ne pas afficher leur photo. Une demande qui a clairement émané des islamistes dont le nombre serait, selon de nombreuses sources, «faramineux», ce qui préfigure déjà la tendance générale de la prochaine Assemblée populaire nationale. Une tendance confirmée par les discours du patron du parti islamiste MSP, Abderrazak Mokri, qui fait un certain nombre de promesses et dont il est dit qu’il joue implicitement sur la fibre de la contestation pour glaner des voix, sachant que l’abstention s’annonce quasiment identique à la présidentielle de décembre 2019.
Sur ces entrefaites, l’actrice Baya Rachedi a vu son domicile visité par des inconnus qui, en apparence, semblent être des cambrioleurs. Mais ces derniers, a-t-elle affirmé aux médias, ont laissé des messages tagués sur les murs qui en disent long sur leur appartenance. L’entrée par effraction chez elle prend, dès lors, les allures d’un avertissement, comme ceux que les éléments des bras armés du FIS, le GIA et le FIDA, lançaient à leurs prochaines victimes. «Ceci est une punition divine.» C’est la «trace» laissée par les auteurs de l’exaction derrière eux, ce qui n’augure rien de bon.
Une situation d’autant plus inquiétante que des enseignantes se sont fait agresser à l’extrême-sud du pays, à Bordj Badji Mokhtar. Ce fait grave n’est pas sans rappeler l’expédition punitive de Hassi Messaoud en juillet 2001, lorsque, lors de la prière du vendredi, un imam proche du FIS s’en était pris à la présence de femmes originaires des régions du nord du pays et employées au sein des compagnies pétrolières, et appelé au «djihad contre le diable» pour «chasser ces femmes fornicatrices». Son argument : ces femmes vivaient seules, sans tuteur.
Quelque trois cents fidèles ont, alors, exécuté l’ordre religieux du fanatique en agressant une quarantaine de femmes, «rouées de coups, violées, mutilées et traînées nues dans la rue», selon des témoignages glaçants, à l’époque. Leurs maisons furent brûlées. Cette action violente ne fut pas la seule, puisqu’elle se répétera les deux nuits suivantes dans d’autres quartiers de la ville, avant de s’étendre à Tébessa, dans l’est du pays, où des commerces détenus par des femmes seules furent vandalisés.
M. K.
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