Des lieux de mémoire à la mémoire des lieux : entre exil de chez soi et déracinement de soi

mémoire L'exilé
«En pays d’exil, même le printemps manque de charme.» D. R.

Contribution de Mesloub Khider – «L’exilé est un mort sans tombeau.» Le lieu de naissance constitue le berceau de la mémoire embryonnaire personnelle, le primitif lieu de mémoire. C’est le lieu de la création du lien. L’inauguration des liens avec notre environnement familial, familier, social.  Dès la naissance, la toponymie mémorielle esquisse ses premiers souvenirs sur le parcours de l’existence. Le lieu de résidence marque de son empreinte l’architecture de la mémoire. La résidence familiale de notre enfance concentre les premiers jalons des souvenirs de notre vie bâtis dans notre mémoire constamment en formation, en composition, en agrégation. Les liminaires lieux de sociabilité impriment leurs empreintes dans notre être social adossé à notre impérissable mémoire abritant nos annales personnelles.

Le lieu de notre enfance demeure toujours notre «Madeleine de Proust», tout comme l’ensemble des espaces et temps ontologiques, constitutifs de notre être inscrit dans notre histoire personnelle évolutive. Une fois adulte, la moindre évocation sensorielle (olfactive, gustative, visuelle, auditive, tactile) remue en nous d’anciennes réminiscences gravées dans notre mémoire sensitive. La vue d’un objet ou d’un paysage présentant quelque ressemblance avec de semblables réalités ayant peuplé notre enfance, la sonorité d’une musique coutumière depuis longtemps gravée dans l’organe de notre fine ouïe, l’exhalaison d’un arôme singulier autrefois humé à satiété, l’effleurement d’un épiderme synonyme d’intimité similaire jadis langoureusement frôlé, l’affleurement d’une saveur d’un mets familier, autrement dit cette opération de recognition sensitive nous replonge aussitôt dans ces lieux de mémoire de notre existence antérieure renfermant les trésors de nos souvenirs indéfectibles, ces attributs emblématiques de notre identité personnelle, familiale, culturelle, nationale. Notre identité s’inscrit dans nos lieux de mémoire.

Ces expériences intimes existentielles façonnent notre identité, forgent notre personnalité, forment notre caractère. En un mot, elles définissent notre appartenance familiale, communautaire, sociale, nationale. Déterminent notre être social. La mémoire est incorporée dans notre être, comme notre être est inséré dans le corps social. Sans mémoire point d’existence personnelle. Sans corps social point d’être socialisé, être modelé par des rapports sociaux déterminés au sein d’un mode de production dominant.

Les visages familiers côtoyés, les paysages bigarrés assidûment fréquentés, les lumières du jour abondamment absorbées, les éclectiques artères journellement sillonnées, les multiples couleurs du ciel filmées par notre caméra rétinienne, les diverses saisons longuement contemplées et inhalées, ces multiples souvenirs des premiers temps de notre vie s’imprègnent dans notre mémoire. Toutes ces réminiscences s’impriment dans notre conscience mémorielle, précieusement conservées dans nos archives intimes.

La vie renferme une mémoire heureuse et une mémoire blessée. Naturellement, par inclination euphorique, nous conservons intactes nos phases de bonheur dans notre mémoire. Nous bâtissons à leur intention un mémorial de souvenance que nous honorons avec fidélité par leur évocation cathartique. Tandis que, par instinct de survie et mécanisme de défense propre à l’humain, cristallisé par le refoulement et la résilience, nous nous efforçons de creuser pour nos douloureuses et dramatiques épreuves des sépultures pour les ensevelir dans le cimetière des afflictions personnelles traumatiques.

La mémoire fusionne avec nous, comme nous, nous sommes soudés à nos géniteurs, à la «mère patrie» (terre natale), par un lien indéfectible, une filiation inaltérable. Un cordon ombilical mémoriel indestructible nous unit à ces démiurges de notre existence, maîtres-d’œuvre de notre identité personnelle. Notre mémoire renferme tous nos souvenirs partagés publiquement avec nos proches, secrètement savourés avec soi-même, comme la «nation» recèle un patrimoine collectif commun partagé par l’ensemble des femmes et hommes du même pays.

«Nous ne pouvons exister en dehors des lieux», ont écrit Deleuze et Guattari. De même, on ne construit pas notre identité sans mémoire. La mémoire, ce recueil de souvenirs, renferme l’empreinte de notre passé, sans lequel il n’y aura pas de construction de notre présent, à plus forte raison d’élaboration consciencieuse de notre futur.

La mémoire est le réceptacle de nos connaissances, la matrice de nos identités en perpétuelle construction. Elle est la garante de notre personnalité qui se bâtit sur des lieux familiers précis, inscrits dans un territoire national identifiable. Sans mémoire, point d’identité. Sans identité, point de personnalité. Sans personnalité, point d’existence sociale, de sociabilité.

«Un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l’objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l’objet le plus abstrait et intellectuellement construit», a écrit l’historien Pierre Nora. En d’autres termes, le lieu de mémoire est un espace palpable et impalpable. Mental et physique. Un exemple : nos premières années d’école passées dans un établissement scolaire. Les lieux de mémoire sont constitués à la fois par ce périmètre concret formé des bâtiments, donc de lieux palpables. Mais également par les souvenirs formés des échanges noués avec nos pairs, des connaissances dispensées par nos professeurs, donc de «lieux» impalpables.

Nos identités, tant personnelle que collective, sont façonnées par la mémoire, alimentée par notre vécu, nos expériences, nos connaissances, nos rencontres. Les lieux de notre vécu sont emplis de mémoires personnelles et collectives. La mémoire est la matrice de notre identité, le substrat de notre vie en collectivité, fondé sur des coutumes, une langue et une culture communes, partagées avec nos proches et compatriotes.

Pour la personne exilée, un lieu de mémoire est un lieu réduit à une existence mémorielle. Par conséquent, l’expatrié s’identifie non pas à ce lieu, mais bien à la mémoire de ce lieu. Il porte en lui non pas matériellement les lieux de son vécu, mais la mémoire de ses lieux imprimés dans sa boîte crânienne. Sans ces lieux, espaces de nos vécus, pas de mémoire. De ces espaces de vie, lieux de notre existence, une fois exilé, nous emportons que les souvenirs. Ces lieux ne survivent que dans notre mémoire.

Fondamentalement, l’exil (peu importe les mobiles du déplacement : travail, regroupement familial, exode massif, refuge pour fuir la guerre) est le moment opportunément propice à l’incursion récurrente de la mémoire. Partir, c’est mourir un peu. C’est mourir à ce qu’on aime. On laisse un peu de soi-même. L’exil est synonyme de dépaysement, déracinement. La souffrance liée au déracinement est fréquente. Perte de repères, érosion du sentiment d’appartenance, désorientation identitaire, fragilisation de l’ego, sentiment de solitude. Les pathologies liées à l’exil sont multiples (mélancolie ou sinistrose). On ne renaît pas de son déracinement de soi, indemne de fêlures psychiques, comme l’arbre ne repousse pas de la même manière une fois arrachées quelques-unes de ses fondamentales racines.

Une chose est sûre : aux yeux de l’exilé, dans cette nouvelle aire géographique manque cruellement un air de famille. Car, pour l’expatrié, c’est la découverte d’une «réalité urbanistique» radicalement distincte, pourvue d’une intensité existentielle différente, induisant une nouvelle condition de vie inédite. Cette expérience d’expatriation, l’exilé la vit longtemps avec une part de passivité et de fatalité, avec un sentiment de désorientation géographique et de déphasage culturel.

Aussi, dans l’exil, la mémoire constitue-t-elle l’ultime refuge de l’expatrié, le giron familier où vient se blottir le Moi désuni de ses racines, désamarré de sa terre natale.

La mémoire (personnelle) œuvre à la préservation et la valorisation de «vécus» issus des lieux familiers où se sont inscrits des évènements existentiels primordiaux. La mémoire, cette matrice d’expériences familières, foyer d’émotions sécurisantes procurées par souvenance, constitue l’ultime refuge pour l’expatrié confronté à l’adversité de l’exil, en proie à un monde étranger occidental dominé par l’appauvrissement de relations sociale, l’absence de convivialité et d’authenticité dans les rapports humains profondément parasités par la vénalité. Pour l’expatrié, cette adversité est source de mutisme social (il n’exerce pas son droit d’expression), d’exclusion politique (il ne participe pas à la vie de la Cité, enfermé qu’il est dans sa cité-dortoir), de difficultés d’adaptation et d’intégration.

Pire : source de nostalgie, ce mal du pays à l’origine des états dépressifs associés à des perturbations physiologiques. Car la nostalgie contribue à l’amplification du discrédit frappant le lieu d’exil au regard du lieu d’origine paré de toutes les vertus, de ce passé idéalisé laissé derrière soi. Ce sentiment de perte d’une communauté d’appartenance contribue à l’aggravation du sentiment de solitude de l’exilé, à l’accentuation de son désarroi existentiel, de son clivage identitaire.

Mais également à la naissance d’un mode de vie schizophrénique. Comme l’a écrit Merleau-Ponty : «Le schizophrène ne vit plus dans le monde commun, mais dans un monde privé» (communautaire, familial, réduit à sa plus simple expression de cellule familiale carcérale, dirions-nous aujourd’hui, NDA). De là l’interrogation schizophrénique : tout est étonnant, absurde ou irréel, parce que le mouvement de l’existence vers les choses n’a plus son énergie (son ressourcement familier et national, NDA).

L’exil est la personnification de l’aliénation. On est dépossédé de tout. De son appartenance nationale, devenue lointaine ; de son identité culturelle, devenue étrange aux yeux du pays d’accueil aux mœurs différentes ; de ses proches, présents uniquement dans notre album intérieur mémoriel ; de sa force de travail, aliénée à vil prix pour des tâches ingrates et pénibles délaissées par les autochtones (Blancs). Le nouveau pays d’accueil de l’exilé ressemble à un cimetière habité par des spectres. Les nouveaux anonymes êtres et objets coudoyés sont, aux yeux de l’expatrié, dépouillés de vie. Tels des fantômes, pour l’immigré ces êtres «étranges» sont dénués d’humanité, d’existence communicationnelle, de reconnaissance familière. Certes, il partage avec ces nouveaux piétons la même promiscuité urbaine, mais aucunement la même proximité relationnelle et culturelle. L’exilé se sent culturellement piétiné dans ces espaces piétonniers. Aucune convergence culturelle ni connivence fraternelle ne s’instaure entre le convive exilé (taxé de pique-assiette) et ses hôtes, dépourvus d’esprit d’hospitalité et du respect de l’altérité.

Qui plus est, dans les pérégrinations solitaires opérées dans des centres urbains anonymes, aux regards de l’exilé, tous les souvenirs ne rencontrent plus de lieux pour se réanimer au contact de ces êtres et objets familiers, au contact de la famille, des proches intimes chers. C’est le vide sidéral. La vie carcérale. Les objets et paysages côtoyés ne reflètent aucune lumière de vie, ne suscitent aucune émotion de ravissement.

L’asphalte sillonné par les cercueils ambulants (ces engins en acier nommés voitures), les sinistres trottoirs arpentés par des foules anonymes pressées et stressées, les magasins racoleurs envahis par les acheteurs compulsifs, les édifices bétonnés ceinturant l’agglomération tumultueuse, tout cet ensemble architectural citadin suinte de tous ses pores urbanistiques la monotonie, la mélancolie, la neurasthénie, la frénésie, aux yeux de l’exilé meurtri par l’isolement géographique et social.

Comme le dit un proverbe russe : «En pays d’exil, même le printemps manque de charme.» Au vrai, ce pays d’exil s’apparente à une prison dorée. A une dépossession de soi. Certes, «ce pays de Cocagne» offre toutes les commodités matérielles et l’assurance sociale, mais dans un climat existentiel consumé par l’incommodité relationnelle et les pathologies psychiques. Ce pays de rêve comble l’exilé de bienfaits sociaux, mais au sein d’une société cauchemardesque, dénuée de rapports authentiquement humains, de fraternité empathique et philanthropique. Même l’argent, gagné par l’aliénation de soi, a le goût funèbre du cadavre, tant il ne renferme aucune vie spirituelle. Cet «avoir numéraire» ne comble jamais l’être de l’exilé, rongé par la précarité sociale et l’insécurité économique. L’argent brûle les doigts comme il immole la vie dévorée par les flammes de la cupidité consumériste, cette religion des temps modernes.

Tel un spectre, l’exilé traîne sa sinistre existence dans ce nouveau pays, dépouillé pour lui de mémoire vivifiante. Etranger dans ce pays, il devient aussi étranger à lui-même. Rien ne le raccroche à sa nouvelle vie privée d’enracinement authentique, d’ancrage culturel originel, de ressourcement indigène. Pour notre exilé, tous ces nouveaux lieux sont délestés de mémoire. L’exilé manque d’oxygène culturel et familial. Il suffoque de vacuités existentielles identitaires et culturelles. Nulle part, il se sent chez lui. Tout lui rappelle son «étrangéité», son étrangeté : surtout les yeux intolérants de ces autochtones blancs, imbus de leur supériorité, bouffis d’arrogance, pétris de préjugés racistes, toujours armés de regards prêts à fusiller le «migrant» de chevrotines de haine, de projectiles de xénophobie.

Fréquemment, la nostalgie saisit l’expatrié à la gorge. L’étrangle de chagrins, de remords. L’étouffe de tristesse, de détresse, d’angoisse. L’assaille du furieux souhait de fuir sa misérable condition de métèque. Mais où aller ? Partout l’exil est un supplice psychologique. Aussi l’exilé devient-il l’ombre de lui-même. La proie des morbidités psychiatriques. Pour échapper à sa détresse, dans une fuite en avant existentielle, se met-il à courir après ses souvenirs engloutis par l’exil.

Rien ne comble sa boulimique nostalgie qui nourrit son étique existence torturée de tourments. Dès l’aube, il se sent agressé par le ciel bas et lourd, encombré d’une grisaille mélancolique capable de faire descendre la température du moral en-deçà du degré zéro de l’humeur dépressive ambiante. Cahoté par ces étranges badauds accablés de tristesse et animés d’agressivité discriminatoire, croisés sur la route ; brutalisé par l’atmosphère délétère et aliénante de son monde de travail, lieu par essence dépourvu de toute humanité ; secoué par le crépuscule du jour pointant son nez dès l’après-midi ; violenté par l’isolement social oppressant de son quartier déserté par la vie, l’exilé souffre le martyre infligé ordinairement aux damnés de la terre, les bannis de la communauté.

Triste sort de l’immigré. Parti pour côtoyer la fortune, notre exilé se retrouve rudoyé par l’infortune de l’existence. Parti pour cultiver la richesse, il finit par fertiliser sa pauvreté existentielle. Parti pour fuir les diablotins de son pays, il achève sa vie avec ses démons intérieurs.

Aussi, faute de pouvoir remuer sa personnalité pour changer d’existence, préfère-t-il ruminer ses souvenirs pour renouer avec sa mémoire familiale, résidentielle, régionale, nationale. Sa mémoire devient son second lieu de refuge.

Ironie de l’histoire, de nouveau il émigre par ses souvenirs lancinants et obsédants vers ses lieux (liens) de mémoire. Vers sa terre natale. Sa famille. Sa «mère patrie» (sa terre natale). Aussi, par une forme de thérapie, s’exile-t-il en lui-même, dans ses vestiges mnémoniques, en quête de médication mémorielle. Sa mémoire lui sert d’exutoire pour apaiser et soulager sa souffrance d’exilé, anesthésier sa détresse nostalgique.

Il a fui son pays pour échapper aux tourments de l’existence, il finit par se réfugier «mémorialement» dans son pays pour échapper à sa vie d’exilé tourmenté. Désintégré par son exil, il ne trouve pas le courage de réintégrer sa mère-patrie. Devenu étranger à son pays, exilé dans un pays étranger, il finit par devenir étrange avec lui-même, étranger à lui-même, enlisé entre exil de chez soi et déracinement de soi.

Ainsi, il a abandonné, par espoir d’une vie meilleure, les lieux de mémoire de son pays pour s’exiler, finit-il en exil à résider nostalgiquement dans la mémoire des lieux de la vie de sa terre natale, sa vraie patrie qui a façonné son être, formé sa personnalité, structuré sa culture.

«Lafraq i serkav leghvan (La séparation édifie des tourments)

Lahlak-is yaghlav tawla (Son affliction surpasse la fièvre)

Win yattaf yarwa lahzan (La personne affligée est gavée de tristesse)

Yachtaq lafrah menwala (Aspirant savourer n’importe quelle joie).»

Couplet de la chanson Erwah erwah de Cheikh El-Hasnaoui.

M. K.

Comment (12)

    Lghoul
    9 juin 2021 - 10 h 00 min

    Avec le temps, il y a ceux qui arrivent a ne plus se sentir chez eux la ou ils se trouvent. Ils se sentent étrangers même en Algérie. Après un certain nombre d’années passées au loin, quand l’algérien retourne au pays, il ne reconnait plus rien de son entourage car tout est différent. Le comportement des gens, leur façon d’interpreter les événements et l’égoisme qui se propage comme la peste. Les enfants d’émigrés sont pires. Ils se sentent rejetés presque partout. Certains ne comprennent plus les traditions du pays de leurs parents et ne peuvent jamais s’adapter. Ils sont rejetés directement ou indirectement dans certains pays ou ils sont nés, la france étant le pays type. Un exemple simple. Envoyer un CV avec le même contenu et la même adresse a 10 sociétés françaises; un avec un nom algérien et un autre avec un nom français ou anglo-saxon. Vous serez surpris de voir que le nom algérien ne reçevra qu’une ou deux réponses pour juste dire que l’offre n’est plus ouverte our que son CV ne satisfait pas les conditions – même avec un passeport français. L’autre CV recevra au moins 5 réponses positives sur 10. Alors ceux qui ont la chance s’en tirent un peu psychologiquement. D’autres deviennent des « beurres classiques » mais sans trop d’attaches. Par contre, la douleur est plus profonde chez les parents. En Algérie ils se rendent compte que leur entourage ne s’interesse qu’a leur « argent » même s’ils ne font que survivre – car pour certains, vivre a l’étranger est synonyme d’avoir accès illimité a la banque de France ou de Fort Knox. C’est la ou la confusion arrive et beaucoup attrapent des depressions et c’est la ou les esprits faibles lâchent. Certains sont confrontés a des contradictions psychologiques perpétuelles. Quand ils vont chez eux en Algérie, il ne se sentent plus chez eux. En revenant vers l’endroit ou ils pensent qu’ils sont chez eux, ils découvrent qu’ils sont toujours étrangers (Feu Slimane Azem en a chanté sur cette condition: « Ourirouh ourikim » (Ni parti, ni resté). Se sentir étranger partout ou l’on se trouve est difficile a assumer psychologiquement. Alors au crépuscule de sa vie, l’émigré se retouve comme un objet flottant dans l’espace, sans direction, sans but et surtout sans référence ou repère. Certains se tournent vers la religion, d’autre vers l’alcool et d’autres disparaissent definitivement de l’horizon. En gros la seule solution qui leur reste est l’autodestruction par n’importe quel outil – religieux ou autre. Mon opinion personelle me dit que pour vivre sa vie sur cette terre, commune a 7.7 milliards d’humains, l’individu doit accepter et comprendre d’abord ce qu’il est, ensuite comprendre et vivre pleinment les autres cultures du monde. Serait il le moment de faire revivre « l’internationale situationniste » pour faire face a la globalisation (économique) du monde qui ne tient plus compte de la globlisation des pensées ? Le seul hic est que la globalisation des pensées pourra donner un grand frein aux grandes guerres entre les humains car enfin ils pouvaient se comprendret et sauront pourquoi ils vivent ensemble sur cette terre. Le coronavirus en est une preuve que les humains doivent s’entendre et cooperer. Malheureusement le système capitaliste ne voudrait jamais disparaitre car comme une sangsue ou une bactérie, il ne pourra vivre que sur le dos des autres. Sans ces « autres » ou plutot ces esclaves, il n’a plus sa raison d’exister.

    Elephant Man
    8 juin 2021 - 15 h 36 min

    «Pour ma part, je ne connais rien de plus doux pour les yeux d’un homme que son propre pays» Homère, Odyssée.
    J’en profite pour être pragmatique qu’attend l’État Algérien pour expulser TOUS les clandestins d’où qu’ils viennent j’insiste et de surcroît TOUS les makhnaz et TOUS les naturalisés traîtres à la Patrie qui oeuvrent exclusivement j’insiste exclusivement pour leur narco-terroriste-monarchie.
    ALLAH YARHMEK SI EL HOUARI BOUMEDIENNE ALLAH YARHMEK KASDI MERBAH

      Anonyme
      9 juin 2021 - 10 h 05 min

      C’est hors sujet. Tu as un probleme dans la tete.

    Karamazov
    7 juin 2021 - 16 h 30 min

    Salut Zombretto ,

    Le problème avec MK c’est le lien qu’il fait aux souvenirs. On dirait comme je le disais à l’autre que ce n’est pas d’Algérie qu’ils sont partis pour souffrir autant de l’avoir quitté. Comme ceux qui se bouscukke pour revenir en plein Covid .

    On leur a dit qu’ils allaient être confinés dans des hôtels . C’était facile à traduire kamim ! On ne pouvait pas leur dire qu’ils allaient être séquestrés pour leur rééduqués kamim ?

    Je sais que comme disait Jean ammrouche ,

      LE RETOUR DU SAUMON
      8 juin 2021 - 14 h 38 min

      Le vrai problème est que les moules aux frites chez Léon de Bruxelles sont meilleures que le retour aux sources.

        Karamazov
        8 juin 2021 - 15 h 03 min

        Dans une de nos chansons : Une maman harcèle son fils pour qu’il revienne au pays se marier.

        Lui il lui est répond : amek ara djagh throumitth ugued rebbi. Safidir au près de ma blonde qu’il fait fait bon.

        Un autre dans une autre chanson : ah ya mama c’est impossible ad assagh.

        Des frites et des moules chez Eugène , disait Brel , avec un Gewurztraminer ou un Silvaner ou un berkoukes chez sa mère.

    Zombretto
    7 juin 2021 - 16 h 02 min

    Ce que dit l’auteur est vrai pour beaucoup, surtout les algériens, mais loin de s’appliquer à tout le monde. Pour chaque algérien au coeur assombri et alourdi par le chagrin de l’exil et la nostalgie du vieux pays, il y a cent individus du monde entier, dont des algériens, qui ne jettent plus jamais un regard en arrière une fois arrivés au poays d’accueil. Je suis bien placé pour le savoir, moi qui suis parti depuis plus de 40 ans. Je connais des russes, des chinois, des indiens, des mexicains, des argentins, tout un tas de polonais, tchéques et autres européens de l’est qui vivent aux USA depuis des décennies et ne veulent plus jamais entendre parler de leur « vieux pays. » Ils continuent à préférer leur vieille cuisine et la msuique de leur pays d’origine, mais c’est à peu près tout. Trois de mes meilleurs amis algériens aux USA n’ont jamais remis les pieds au « pays » depuis les années 70 et n’en expriment aucun désir, malgré qu’ils soient âgés de plus de 70 ans. Mon ami le plus intime est mort ici récemment, et avait exprimé avant sa mort le voeu d’être incinéré, et c’est ce que sa femme et ses enfants ont fait. Il n’était jamais retrourné en Algérie depuis 1977, et chaque fois que j’exprimais ma nostalgie du pays il ne voulait pas en discuter. Comble de l’ironie, lui et moi avons attendu plus de trente ans avant de décider de demander la nationalité américaine, alors que ce n’aurait été qu’une simple formailité pour nous. Nous en avions discuté et nous sommes convaincus l’un l’autre que c’était strictement pour avoir un des meilleurs passeports au monde. Nous avions tous deux dans nos gènes cette vieille notion stigmatisante du « trouzi.» Il nous a fallu plus de trente ans pour la surmonter.

    BILAL
    7 juin 2021 - 14 h 22 min

    J’ai reçu une vidéo d’un dame qui a l’air sérieuse qui raconte la galère des expatriés à leur arrivée à l’Aéroport H.Boumédiene à Algére. Celle ci raconte sa galère : A l’arrivée après les formalités d’usage, les gendarmes leurs ont confisqués leurs passeports sans reçus en cas de perte ? De quel droit, on retire le passeport de quelqu’un , ce n’est pas un délinquant, il ne figure pas dans le protocole; un manque de respect total. Puis ils ont été parqués dans un bus où les agents avec le chauffeur ne portent de masque . Le bus a été escorté par une véhicule de gendarmes avec sirène. A leur arrivée à l’HÖtel MAZAFRAN, ils ont dû attendre dans le bus et au soleil avec les conséquence sanitaires, au départ, ils ont voulu leurs attribuer une chambre pour 2, qu’ils avaient refusés à juste titre, ce n’est pas du tourisme c’est un confinement sanitaire, d’ailleurs contrairement au protocole aucun suivi médical n’a été assuré. Ils n’ont pas eu leur repas du soir, même pas une bouteille d’eau pour prendre ses médicaments. Les petits déjeuners, les repas ne sont pas servis dans les chambres, il faut aller au restaurant avec le risque puisque, ni le personnel, ni les usagers ne portent de masque. Du n’importe quoi, on vous confine pour 5 jours que vous payez d’avance et en euros et arrivée là bas on ne respecte pas le protocole, c’est inadmissible pour ces gens, même si je ne suis pas concerné, je suis révolté pour eux. J’ai honte pour mon pays. Bien sûr avec les précautions d’usage, se renseigner auprès des gens qui sont actuellement confinés dans cet hôtel si c’est vrai, alerter les autorités compétentes sur la situation dramatique de ces gens, j’appelle tout le monde les journalistes d’AP d’enquêter . Merci pour eux.

      Lghoul
      7 juin 2021 - 14 h 44 min

      C’est le signe de bienvenue a la nouvelle Algérie.

    CAFTAN ALGÉRIEN
    7 juin 2021 - 13 h 51 min

    Très très fort et beau.
    Ceux qui n’apprécient pas ne sont pas obligés de lire l’article.
    Comme le disait ma grand-mère Allah irahma moins on a de confiture plus on l’étale sur la tartine.

    Karamazov
    7 juin 2021 - 13 h 27 min

    C’est kamim dingue que ce soit ceux qui ont toujours voulu nous faire abjurer notre passé qui se mettent à lui vouer un culte et nous le faire roter par les narines.

    J’allais dire :parle pour toi Bozzo et ne généralise surtout pas . Chacun a son histoire personnelle avec l’exil.

    Moua quand j’ai quitté mon piyi j’avais pris un aller simple , jamais je me suis dit qu’on m’accueillera à bras ouverts ou qu’on se poussera pour me faire une place . Et jamais je n’ai eu le rêve américain. Je suis parti parce qu’à Guezgata je m’em… comme un rat mort .Et aujourd’hui même si le gazon n’est pas plus vert que celui de Guezgata ,je n’ai aucun regret ,aucun regret.

    Je ne dis pas que jamais cette foupiasse de nostalgie ne m’a rattrapé , mais seulement quand je mange du berkoukès id thtsughaliyid, comme Proust et sa madeleine. Une fois passé ce moment d’égarement la réalité me saisi et c’est l’image de ce que mon pays est devenu aujourd’hui qui écrase tous mes souvenirs d’enfance.

    Non, je ne suis pas de ceux qui ont emporté du zbel de leurs pays aux talons de leurs souliers pour le humer à leurs moments de nostalgie. Je ne suis pas prisonnier de ma mémoire et en aucun cas celle-ci n’a influencé mes décisions. Il n’y a pas de Monsieur Swan dans ma caboche ! Et quand je regarde mon passé , c’est avec un « regard éloigné » à la Levi Strauss , ou à la Nizan, que je le vois.

    J’ai eu vinta dans ce pays , et je ne dirais jamais que ce fut les meilleurs moments de ma vie.

      Zombretto
      7 juin 2021 - 15 h 35 min

      Salut, Karamazov!… Comme tu l’as cité toi-même sur ces colonnes, le mot de John Steinbeck: « On ne retourne jamais chez soi » (ou On ne revient jamais chez soi) parce que ce chez-soi n’existe plus quand on y revient.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.