Le Pr Abderrahmane Mebtoul assimile la bureaucratie à une forme de terrorisme

bureaucratie Mebtoul
L'arme du bureaucrate : un cachet humide contre un bakchich. D. R.

Par Houari A. – L’ancien ministre délégué chargé des Privatisations a assimilé la bureaucratie hypertrophiée qui entrave le développement économique de l’Algérie à une forme de terrorisme. Interrogé par Radio Algérie Internationale, Abderrahmane Mebtoul a, en effet, affirmé que «l’obstacle majeur à l’investissement consiste en le terrorisme bureaucratique», estimant que «l’Algérie possède parfois les meilleures lois mais sont rarement appliquées». «L’aménagement du nouveau code de commerce doit avoir pour objectif de libérer toutes les énergies créatrices, réhabiliter l’entreprise, qu’elle soit publique ou privée, créatrice de richesses, en enlevant tous les articles qui font obstacle à l’investissement», a-t-il dit.

«C’est le marché qui doit être le guide directeur à tout projet, qui doit s’insérer dans le cadre des avantages comparatifs en termes de coût et qualité, l’Etat gestionnaire devant laisser place à l’Etat régulateur, qui doit faciliter les projets», préconise le professeur en économie, en ajoutant que «cela implique la réforme du système institutionnel central et local, surtout le système financier, loin des relations de clientèles comme par le passé (pour ce cas beaucoup de paroles et peu d’actes), le système socio-éducatif et le foncier».

«Les opérateurs attendent toujours le code des investissements qui ne doit pas créer encore d’autres organes bureaucratiques et, surtout, les décrets d’application», s’inquiète Abderrahmane Mebtoul, en précisant que «l’important, pour éviter les erreurs du passé, est la symbiose avec la réalité de la société». Il faut, d’après lui, prendre en considération «l’importance de la sphère informelle qui canalise entre 6 000 et 10 000 milliards de dinars». «Lorsqu’un Etat promulgue des lois ou des actions coercitives en contradiction avec la morphologie sociale, les acteurs de la société émettent des codes informels beaucoup plus efficaces car reposant sur un contrat de confiance qui leur permet de fonctionner», a-t-il relevé.

Sur un autre plan, Abderrahmane Mebtoul a expliqué que «l’arme alimentaire est l’enjeu du XXIe siècle» que l’investissement «est lourd» et la rentabilité ne peut être envisagée qu’à moyen et long terme. «L’Algérie est un pays semi-aride, le problème de l’eau, et cela ne concerne pas seulement l’Algérie, tous les rapports internationaux le montrant, sera le problème numéro un au niveau du Maghreb et de l’Afrique», a mis en garde l’économiste qui prédit une «sécheresse sans précédent». «Il ne faut pas être utopique, aucun pays ne peut avoir une autonomie à 100%, mais il existe des potentialités, notamment dans le Sud et les Haut-Plateaux», a-t-il poursuivi, en appelant à préserver les terres agricoles et à arrêter l’urbanisation anarchique.

Abordant la question de l’enseignement qui doit accompagner le développement économique du pays, Mebtoul a souligné qu’il est «utopique» de créer une université par wilaya où de simples assistants et maîtres-assistants sans expérience y enseignent. «Il s’agit d’aller vers cinq ou six pôles d’excellence régionaux en créant une émulation», a-t-il insisté, en conseillant de «se mettre en réseau avec des universités et des centres de recherche de renom grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication».

H. A.

Comment (9)

    Malek
    24 décembre 2021 - 13 h 25 min

    J’ai quitté l’Algérie en 1972. Déjà à cette époque la corruption et le passe-droit étaient bien installés.
    Aujourd’hui, le douanier, le gendarme, le policier, vous demandent ouvertement du bakchich, sinon gare à vous… sans parler de la bureaucratie malsaine qui a gangréner toutes les institutions du pays.
    Il faut vraiment un miracle pour que toutes ces plaies disparaissent un jour…

    Modèle de GOUVERNANCE COLLÈGiAL.
    24 décembre 2021 - 11 h 56 min

    A mon Avis.
    Il est INUTILE de Chercher des SOLUTIONS SAVANTES pour l’ALGERIE.
    On doit passer d’une COLLÉGIALITÉ INFORMELLE à une COLLÉGIALITÉ FORMELLE représentative des Courants Nationaux qui se placent dans la Continuité de la Révolution et du GPRA.
    ….
    On a juste besoin de se rappeler de NOS PRATIQUES COLLÈGiALES et nos PRINCIPES et les traduire en Modèle de GOUVERNANCE.
    1. COLLÉGIALITÉ DES DÉCISIONS
    2. PRIORITE de l’ECONOMIQUE sur le POLITIQUE
    3. Une JUSTICE indépendante
    4. Rétablissement du CONTRAT pour une DÉMOCRATIE INSTITUTIONNELLE, SOCIALE, et CITOYENNE

    Anonyme
    24 décembre 2021 - 8 h 54 min

    Il serait temps que l’on comprenne enfin que la bureaucratie est le résultat d’une gouvernance opaque ADN des régimes autoritaires et souvent corrompus.On ne gouverne pas un pays par la peur et l’arbitraire car rien ne vaut une bonne gouvernance et surtout une justice indépendante qui n’obéit qu’à la loi.

    Abou Stroff
    23 décembre 2021 - 7 h 02 min

    «Il s’agit d’aller vers cinq ou six pôles d’excellence régionaux en créant une émulation» soutient A. M..
    la proposition du professeur aurait été judicieuse si le système dominant la formation sociale algérienne reposait sur le travail en tant que rapport social dominant.
    ainsi, un tel système exigerait, pour sa reproduction élargie, un système éducatif performant reposant sur l’activité scientifique en particulier et le travail productif en général et les pôles d’excellence aurait servi à entrainer la société dans son entièreté vers des horizons inatteignables.au moment présent.
    or, il s’avère que ce n’est guère la cas, puisque la rente est le rapport social autour duquel s’inscrivent toutes les relations sociales.
    en termes crus, le système basé que la distribution de la rente et sur la prédation n’a nullement besoin d’un système éducatif performant, bien au contraire.
    ce système là n’a aucunement besoin d’un système éducatif performant. car, ce système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation a surtout besoin de produire des abrutis puisque les abrutis n’ont pas vocation de remettre en cause la logique du système et et n’ont pas les moyens de questionner leurs états de tubes digestifs ambulants ingurgitant tout ce que leur présentent les couches rentières qui les dominent.
    en d’autres termes, l’école et l’université au service des couches rentières n’ont qu’un seul objectif: abrutir la populace (grâce à divers opiums, dont la religion et le foot, entre autres) pour que cette dernière ne pose pas les questions qui fâche.
    moralité de l’histoire: tant que la rente est déversée sur des abrutis qui croient que la richesse est un don du ciel ou que la pluie peut être générée par une prière, il est inutile d’espérer l’émergence d’un enseignement de qualité et encore moins la mise en place de « pôles d’excellence ».
    PS1: quand, dans un campus universitaire qui manque de tout, des délégations d’étudiants passent leur temps à demander des salles de prière, il est tout à fait inutile de s’interroger sur la déchéance de l’institution ou sur la nécessité de la réformer.
    PS2: il faut être d’une naïveté maladive pour s’interroger sur le mode de fonctionnement du système éducatif algérien et vouloir le changer. en effet, le système éducatif est en osmose parfaite avec le système rentier qu’il sert et qui le sert.

    Anonyme
    22 décembre 2021 - 14 h 33 min

    Depuis la fin de l’ère Boumédienne,la volonté politque de bien faire les choses ,dans la transparence,la rigueur, dans le bon sens du développement économique,de l’amélioration du sort de l’algérien a laissé place à l’opportunisme,le clientélisme,la corruption,le siphonage des deniers publics vers des banques étrangères françaises et émiratis…
    Il ne faut pas chercher loin.Est-il normal dans un pays ou le change de devises s’opère illégalement au vu et au su de tous,au mépris des lois sur la place publique,au lieu de se faire à l’instar de tous les pays dans des bureaux de change régis par des lois et des règles strictes.

      ano,yme
      23 décembre 2021 - 12 h 57 min

      @Anonyme
      22 décembre 2021 – 14 h 33 min

      Bien dit, l’Algérie n’est plus depuis le mort de feu H Boumediene Allah yarhmou

    lhadi
    22 décembre 2021 - 11 h 32 min

    En politique le courage est une vertu, tout comme dire la vérité; cette vérité qui ne ment jamais à la vérité, c’est-à-dire la réalité, est un acte patriotique.

    Au jour d’aujourd’hui, le constat est clair : Il ne peut y avoir de développement économique, social et culturel sans développement politique.

    Tous les maux inhérents au sous-développement ne peuvent trouver solution avec un système d’un autre temps et une pratique du pouvoir d’un autre âge.

    Nous devons être en phase avec l’évolution de notre temps.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Belveder
    22 décembre 2021 - 10 h 38 min

    Nous sommes passé d une bureaucratie «  »dans les génes » hérité de l ére sovietique a une Bureaucratie «  » » de PEUR » » depuis les arréstations des ISSABA
    Les responsables sont térrifié a l idée de prendre la moindre décision depuis plus de deux Ans
    Le Président a compris que ces opération «  »mains propres » » souvent faites sur des délations annonymes ont fait des ravages et parfois des cadres honnétes ont payé un lourd tribu
    Comme en 1997 sous OUYAHIA

      Anonyme
      24 décembre 2021 - 16 h 39 min

      @Belveder 22 décembre 2021 – 10 h 38 min,Ouyahia dont tu parles a fait partie du système qu’ils a servi servilement mais il n’était pas un décideur.Il paie son aveugle servilité mais ses chefs qui donnaient des ordres ont-ils payé?

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