Joe Biden fait du Nixon pour que les Etats-Unis demeurent le gendarme du monde

Biden US
Joe Biden réussira-t-il à maintenir les Etats-Unis comme le gendarme du monde ? D. R.

Une contribution d’Ali Akika – En 1972, le président Nixon réélu triomphalement veut laisser une trace dans l’histoire des Etats-Unis. Sortir son pays du bourbier vietnamien et reconnaître la Chine communiste pour l’éloigner de l’URSS, l’obsession et l’angoisse de l’Amérique. Le président Nixon, conseillé par Henry Kissinger, le Machiavel et stratège de la géopolitique, accepta donc de s’ouvrir à la Chine qui s’éveillait, comme on disait à cette époque. Les motivations des Etats-Unis étaient multiples mais pouvaient se résumer en un seul leitmotiv : demeurer la première puissance et donc conforter leur statut de gendarme du monde. La Chine, pays frontalier avec le Viêt-Nam, devrait, pourrait, selon Nixon, être un «levier» pour faciliter les négociations américano-vietnamiennes. Mais la principale raison était en réalité d’élargir le fossé entre la Chine et l’URSS leur principal adversaire/ennemi. Leurs soucis étaient d’éviter l’établissement de liens solides entre les deux puissances communistes, deux pays les plus vastes du monde et ayant un immense balcon sur le Pacifique.

Les Etats-Unis sont non seulement eux-mêmes une puissance du Pacifique mais leurs alliés, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud forment une chaîne de pays économiquement puissants et militairement stratégiques face à la Chine. Pour «séduire» Mao Tsé Toug et Chou En Laï, deux intelligences politiques hors norme, le sorcier Kissinger se devait d’avoir dans son escarcelle de sérieux arguments. Henry Kissinger connaissait les bisbilles entre la Chine et l’URSS, leurs escarmouches chroniques à propos du contentieux sur la limitation de leur frontière séparée par le fleuve Amour. L’Américain connaissait aussi les divergences idéologiques et les reproches que faisaient les Chinois aux Soviétiques qui prônaient la coexistence pacifique entre les systèmes politiques différents. Kissinger fit le calcul que ces deux contentieux pouvaient faire tomber les Chinois dans leur jeu. Pour atteindre cet objectif, il lui fallait sortir la grosse artillerie des concessions à faire à la Chine. Nixon,, reçu par Mao en personne, dut tailler en pièces les différentes «lois» qui «punissaient» la Chine.

Nixon reconnut alors la Chine dans la totalité de son territoire historique, laquelle récupérera son siège au Conseil de sécurité de l’ONU d’où Taïwan fut éjectée. Nous savons maintenant que la pensée «profonde» de Kissinger, appelée realpolitik, a trouvé son maître face à la dialectique symbolisée par le duo Mao-Chou En Laï. En effet, La Chine et l’URSS, devenue Russie, n’ont jamais coupé tous les ponts. Et aujourd’hui leurs relations dans tous les domaines ont atteint un niveau jamais égalé (1). Ce petit rappel du voyage historique de Nixon, dont le but était d’isoler l’URSS, s’est traduit avec le temps par l’entrée de la Chine sur la scène internationale en s’appuyant sur une économie florissante et une percée technologique enviée de par le monde…

L’Amérique de Joe Biden tente de résoudre les mêmes problèmes rencontrés par Nixon. Son pays traîne les conséquences des bourbiers de l’Irak et de l’Afghanistan et Biden s’est fixé pour but de «détacher» la Russie de la Chine. Aujourd’hui, isoler la Chine, c’est devenu la priorité des priorités pour les Etats-Unis. Sauf que Joe Biden n’a pas de cadeaux à faire à la Russie, ni de bisbilles entre la Chine et la Russie à exploiter comme le fit le conseiller de Nixon. Alors l’époque ayant changé et les Etats-Unis démunis de «cadeaux» à offrir, Joe Biden tente d’utiliser des pressions militaires et autres embargos/sanctions qui ont pourtant montré leurs limites sur des pays moins puissants. Nous verrons que l’Amérique, qui a pourtant de bons et beaux restes de sa puissance légendaire, est tout même gênée aux entournures face à un joueur d’échec comme Poutine ou de joueurs de Go, une invention des Chinois qui est une photocopie de l’Art de la guerre de leur ancêtre Zen Tsu…

Quelles sont donc les armes que Joe Biden veut utiliser pour isoler la Chine ?

Disons tout de go que faire appel à l’adage de diviser pour régner et l’appliquer à deux pointures comme la Chine/Russie relèvent aujourd’hui du domaine du rêve. Les Américains semblent avoir opté pour l’embargo pour épuiser l’économie russe et faire peur à la Russie par quelques mesures militaires menaçant son territoire. Ils veulent donc frapper la Russie au portefeuille, en empêchant la vente de son gaz à l’Allemagne et en retardant l’ouverture du gazoduc Nord Stream 2. Ils veulent «parfaire» l’encerclement de la Russie commencé avec l’entrée des pays ex-socialistes dans l’OTAN (2). Il ne leur reste que l’Ukraine à attirer dans l’Organisation atlantique pour étouffer la Russie, l’obligeant ainsi à concentrer sa puissance et oublier ses liens avec la Chine. Sans grand risque de nous tromper, on peut dire que les Américains, avec ou sans un «sorcier» comme Kissinger, se rendront compte que les Chinois et les Russes vont déjouer leur piège, comme ce fut le cas en 1972 avec Nixon. Les raisons sont simples à comprendre. Entre 1972 et 2020, le monde a changé et pas en faveur de l’hégémonie des Etats-Unis.

La parenthèse russe du président Eltsine a été effacée par Poutine. Communiste ou pas, l’âme russe anime ce grand peuple qui a brisé tant de chimères de prétendants voulant soumettre la Russie comme Napoléon ou Hitler. Une autre raison, les Etats-Unis ne peuvent plus courir derrière plusieurs lièvres à la fois. Au Moyen-Orient, protéger des amis et des obligés n’est pas une promenade de santé. Il y a les peuples d’abord qui ne se laissent pas faire. Ensuite protéger des régimes féodaux empêtrés dans des contradictions historiques, politiques et religieuses, c’est comme vider la mer avec une cuillère. Quant à Israël, Joe Biden est en train de corriger les bourdes de Trump sur le Traité international sur le nucléaire avec l’Iran. Pour les Américains, il n’est pas question de persister dans l’erreur de Trump et Netanyahou. Ils l’ont fait savoir à Israël et lui ont fait comprendre qu’il n’est pas question de faire la guerre à l’Iran, d’où l’angoisse d’Israël et la baisse de ton dans ses déclarations spartiates…

A la lecture des experts américains, ces derniers avancent des arguments qui seraient à la base des futures réussites de la politique des Etats-Unis à l’encontre de la Russie. Ils s’appuient sur la puissance américaine, qui est réelle, mais font l’impasse à la fois sur l’histoire et la politique de la Russie et de la Chine. Ces deux pays traversent le temps historique présent avec une politique en adéquation avec leur époque. C’est tout le contraire des Etats-Unis qui sont entrés dans une phase historique qu’ont connue bien des empires. Ils ont dominé le monde comme le fit la Rome antique. Comme la Rome de Jules César, les Etats-Unis ont quelques problèmes avec les peuples d’une Europe qui a une histoire et des intérêts colossaux propres. La plupart de ces pays rechignent à encercler la Russie et de perdre des marchés importants. La Russie a les moyens militaires mais aussi le gaz qui chauffe les chaumières européennes.

Et puis, et enfin, l’Amérique qui a révélé ses béances politiques et idéologiques avec Trump n’est pas armée pour aller à la guerre la fleur au fusil. La référence à la chute de la Rome antique citée par des observateurs est une métaphore, certes, symbolique, suggère que les contradictions politiques au sein du Sénat de Rome qui «obligea» la fin l’esclavage furent des signaux qui annonçaient la chute de l’empire romain (3). On pense alors à l’image du Congrès américain envahi par des manifestants qui cherchaient à assassiner le président du Congrès pour rendre juridiquement impossible le vote et l’intronisation du nouveau président élu. Ça ressemblait fort à un coup d’Etat, et explique la crise politique actuelle des Etats-Unis.

Les stratèges et autres spécialistes qui analysent le jeu américain ne veulent pas se débarrasser de leurs brouillards idéologiques qui les aveuglent. Ils ne voient pas la grossière contradiction entre être le symbole de la démocratie et vouloir l’exporter dans des chars. Ils refoulent les chemins empruntés par les Etats-Unis qui ont fait de ce pays le gendarme du monde. On sait le rôle joué par les deux guerres mondiales qui les ont propulsés sur le piédestal de première puissance mondiale. Ils étaient devenus l’arsenal de l’Europe et son banquier qui «noya» le Vieux Continent sous une pluie de dollars du Plan Marshall. Mais l’histoire des Etats-Unis nous montre un autre visage, celui de leur politique extérieure.

Faire des coups d’Etat, agresser et occuper des pays, couvrir les pires dictatures et autres voleurs de territoire, cette politique a fini par rencontrer ses limites. Ces limites sont perçues par les pays du Golfe et Israël, et leurs inquiétudes transpirent dans leurs déclarations et leurs gestes. Les pays du Golfe vont à Damas pour préparer ou ouvrir leurs ambassades avant d’aller à Canossa (Téhéran) pour faire oublier leurs trahisons. Quant à Israël, il s’est agité en faisant des déclarations martiales contre l’Iran et des manœuvres militaires avant de se calmer quand l’Amérique lui a fait comprendre que les intérêts américains ne seront pas sacrifiés, comme l’ont été avec Trump…

A travers les tumultes et les tensions qui ne cessent de monter un peu partout dans le monde, on peut penser que l’année 2022 ne sera pas de tout repos. L’irruption du coronavirus a obligé les Etats à concentrer leurs moyens et leur temps à juguler cette pandémie. Il est prévisible que la fin de la pandémie remette les horloges à l’heure pour que tout pays puisse faire face aux problèmes accumulés. Prévisible aussi que les grandes puissances habituées à se servir des «petites» guerres pour causer des torts à leurs adversaires ne puissent plus faire appel aussi facilement à des mercenaires pour accomplir les sales boulots qu’elles ne veulent plus, ou ne peuvent plus, faire.

A. A.

1- Leurs relations sont multiples et denses et couvrent l’économie/commerce et même le militaire. Ils appartiennent à des organisations des pays asiatiques qui comptent du beau monde des puissances économiques. Ils sont membres du BRICS, des pays qui commercent entre eux avec leur monnaie pour échapper au dollar, monnaie d’échange international et donc de domination américaine.

2- L’OTAN est créé en 1949 alors que le Pacte de Varsovie l’a été en 1955. Mais tous les propagandistes et serviles ont répandu l’idée que l’Alliance atlantique a été créée pour faire face aux menaces du Pacte de Varsovie qui n’existait pas. Des fake news avant l’heure. Du reste, le Pacte de Varsovie a été dissous mais pas celui de l’OTAN. Pire, l’OTAN veut s’installer devant les portes et sous les fenêtres de la Russie.

3- La révolte des esclaves sous la direction de Spartacus contre Rome a été historiquement le signe de la future fin de l’esclavage comme modèle naturel des sociétés cautionné par des philosophes dans l’Antiquité.

PS : Je souhaite une bonne année aux lecteurs d’Algeriepatriotique.

Comment (5)

    Chark
    4 janvier 2022 - 21 h 53 min

    Tant que le petrole et le gaz se vendront en dollar , les us/sionistes resteront les gendarmes du monde , la balle est dans le camps des producteurs de gaz , et de pétrole !

    Le Chat Botté
    4 janvier 2022 - 4 h 15 min

    Les USA n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts comme le disait G.W Bush.
    Ce qui les intéresse c’est le pognon($$$$$) et bien sûre l’allégence politico-économique c-à-d une dépendance totale vis à vis des USA et de leur Alliés.
    La Russie avec un Vladimir Poutine aux commandes ont repris le flambeau laissé par leur prédécesseur un certain Brejnev.
    Ils ont réussi pour un laps de temps avec un certain Khorbatchev qui a voulu détruire l’USSR avec le démantèlement partiel de la Russie maid le KGB était venu à la rescousse à temps pour éviter le total collapse de l’USSR.
    Actuellement Il vit en GB sous le protection de ses maitres pour service rendu. Un traitre de la nation dirait-on, détruire son pays pour une poignée de$$$$ comme se fut le cas chez nous.

      Anonyme
      9 janvier 2022 - 23 h 09 min

      Faut savoir c est De Gaulle ou Bush fils ? J ai souvent entendu ds les différents commentaires que c’était De Gaulle . Alors tu commences mal ., C’est Charles De Gaulle , il devait être ado Bush fils qd il a dit . Une autre citation de De Gaulle :  » Des chercheurs qui cherchent, on en trouve .Des chercheurs qui trouvent , on en cherche » . Qd même comparer G. W. Bush le …. de service manipulable à De Gaulle , il en faut . Sinon après la guerre froide Gorbatchev Reagan , c était le dernier round mais la Russie s ecroulait bien avant , parce que la guerre froide ou pas , c est le nerfs de l argent qui l emporte et en 89 ou 90 c était les USA et ce mur de Berlin qui s ecroulait avec .Sache que depuis 47 la guerre froide a coûter 3000 milles milliards de dollars et juste pour faire tomber le bloc soviétique , forcément il ne pouvait pas suivre . Gorbatchev n y est pour rien , il a commis des erreurs de jugement en internes pour remonter l économie , sa fameuse petroiska qui aurait pu fonctionnée mais trop corruptions et caisses vides et Reagan l a bien piéger et ça se ressent même aujourd hui en Ukraine , il avait fait la promesse a Gorbatchev que jamais l OTAN sera aux portes de la Russie . Eltsine je t en parle pas il l a finie et a ridiculiser la Russie déjà par son alcoolisme notoire et le fou rire de Bill Clinton ,c est clair que Poutine a remis la Russie à sa vraie place et rattrape ou fait face aux erreurs d hier de ces prédécesseurs .

    Anonyme
    3 janvier 2022 - 20 h 50 min

    La donne a fortement changer et les usa le savent qu’ils sont plut les maîtres de pacotilles qu’ils était les russes chinois et autres ont intérêt a se souder d’ avantage la 1ere chose et une invasion de l’Ukraine pour qu’elle revienne au bercail et ensuite laisse venir mais personne ne bougera le petit doit aller Poutine reprend l’Ukraine ces un conseil

    Elephant Man
    3 janvier 2022 - 20 h 04 min

    «….en retardant l’ouverture du gazoduc Nord Stream 2»→→→encore une fois ce n’est pas la Russie qui pâtit de la situation mais l’Europe dont les prix du gaz flambent.

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