Un pied-noir révèle : des aveux inédits de Camus sur les Français d’Algérie

Camus L’Etranger
Albert Camus. D. R.

Par Abdelkader S. – Un ex-pigiste chez l’écrivain controversé révèle un de ses échanges avec son ancien rédacteur en chef à Alger, lors d’un dîner à Paris, une année avant le décès de ce dernier. Dans un article intitulé «Automne 1959, récit d’une soirée avec Albert Camus», le nostalgique de l’Algérie française Manuel Gomez raconte avoir été invité par l’auteur de L’Etranger, qui insistait qu’il fallait «rappeler sans cesse que l’Algérie a donné à la France les meilleurs de ses fils, sans les lui marchander».

«C’est notre rôle de démontrer que le Français d’Algérie parle, certes, avec un accent, tout comme le Français de toutes les régions de France, à l’exception, paraît-il, des Tourangeaux, mais qu’il n’a rien à envier aux métropolitains en ce qui concerne la syntaxe ou la pureté du langage. Ce sera à des journalistes comme toi de rappeler sans cesse cette vérité première, de citer à chaque occasion les noms de tous ces Français de chez nous qui appartiennent toujours à l’élite française : hommes de lettres, professeurs, Maîtres du barreau, de la chirurgie, de la médecine, sportifs de très haut niveau, acteurs, chanteurs, musiciens et, hélas, politiciens aussi», avait-il renchéri, selon l’auteur, natif de Bab El-Oued, d’Un temps ce fut l’Algérie française, qui écrit dans les colonnes de Riposte Laïque, organe central des identitaires partisans d’Eric Zemmour.

L’ancien journaliste à La Dépêche d’Algérie poursuit son témoignage : «Tu vois, me dit Camus, nous avons bien ri, mais il ne faudrait pas que les Français de Métropole voient, à travers des spectacles comme celui-ci [une pièce de théâtre qu’il venait d’écrire, ndlr], le vrai visage des Français d’Algérie. Ce serait totalement faux et impardonnable. Ces scènes appartiennent à notre folklore, au même titre que les Mystères de ParisLe Bal à Jo ou La Bourrée auvergnate le sont aux Métropolitains», écrit-il. «Camus, ajoute-t-il, m’informa qu’il travaillait à l’écriture d’un roman que j’ai toujours eu l’intention de pondre sans jamais en avoir eu le temps. On n’a jamais le temps pour l’essentiel, pour le réel, pour les seules choses qui comptent. On en perd trop pour le superficiel», lui a-t-il confié, avant de conclure : «J’ai toujours eu ce sentiment que je ne terminerai jamais le seul livre que j’ai toujours voulu écrire, sur mes racines, ma famille, mon enfance. Sur tout ce qui a contribué à forger l’homme que je suis.»

Ce témoignage jette la lumière sur le fossé qui séparait les Français de la Métropole et ceux qui avaient débarqué d’Algérie en 1962, après l’indépendance. Les pieds-noirs ont reçu le même accueil froid que les supplétifs de l’armée française, les harkis, jetés à la périphérie de Paris et des autres grandes métropoles françaises, parqués comme des sous-hommes dans des bidonvilles insalubres.

A. S.

Comment (9)

    VILLARD Jacques
    30 juin 2022 - 16 h 17 min

    Mes chers frères et sœurs,

    Je continue à lire vos articles et commentaires.

    Quelques fois, je vous adresse un petit mot et je reçois des messages de haine.

    C’est terrible et c’est dommage.

    Nous ne construirons rien comme cela.

    Je suis né à Bab el Oued.

    Il me semble n’avoir colonisé personne.

    Mon père a été tué par le même commando que celui qui a abattu Mouloud Feraoun.

    Est-ce que nous devons, en permanence, nous jeter au visage les combats de nos pères ?

    Notre seule richesse commune, à Bab el Oued, était notre pauvreté.

    Nous sommes partis en 1962 et nous ne reviendrons pas.

    Mais comme vous ou comme les français, nous voulons vivre et mourir ensemble.

    On ne veut rien voler à personne et on veut pouvoir accueillir qui nous voulons.

    Nous avons donc créé un Etat de Souveraineté Territoriale.

    Nous achetons, bout par bout, notre territoire national afin d’ériger nos demeures, nos centres de santé, nos centres de retraites, nos lieux de cultes, et nos cimetières.

    Notre Etat est totalement neutre et pacifique.

    Il y a chez nous des laïcs, des chrétiens, des musulmans et des juifs.

    Comme toute famille, un peuple a besoin d’une maison.

    Notre Etat est notre maison commune.

    Nous aimons l’Algérie, en tant que berceau, en tant que pays frère.

    Nous aimons les Algériens.

    Nous aimons la France qui nous a recueillis.

    Nous aimons les Français.

    Il ne faut pas chercher les querelles, là où il n’y en a pas.

    Li fet met !

    Nous voulions appartenir à une histoire commune, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée.

    Il semble que cela soit impossible.

    Alors nous commençons notre histoire, seuls.

    Nous n’avons pas de sang sur les mains.

    Nous ne volons personne.

    Nous sommes tous égaux.

    Notre porte sera toujours ouverte à nos frères algériens et français.

    La guerre laisse des traces terribles.

    Il faut les oublier.

    Il faut savoir pardonner et construire un avenir solidaire pour nos enfants.

    Bien fraternellement.

    Jacques Villard

    chaoui05
    6 janvier 2022 - 12 h 27 min

    C’est quoi cet énième hommage à Camus et aux Pieds-Noirs, sous prétexte qu’ils ont vécu avec ou chez nous ? Non, Camus, les Juifs et les Pieds Noirs vivaient chez eux, en bons Français, même si ce sont nos parents qui étaient « étaient « indigènes » depuis 1870. Nous ne sommes devenus « algériens » qu’après le départ des Français. Seuls étaient ‘naturalisés une infime minorité de notables (hauts-gradés de l’Armée française, parlementaires, kaids, aghas, bachaghas). Arrêtez de voir Camus et les Pieds Noirs comme autre chose que des COLONS. Nous étions une sous-race qu’il fallait faire progresser vers la race blanche (européenne, à tort). Telle était la mission des francs-maçons de la IIIe république. Les seuls Français de souche qui méritent notre amour et notre mémoire sont ces communistes et ces soldats qui ont « trahi » la France. J’ai lu dans un ouvrage d’un historien algérien que certains moudjahidine ont égorgé des communistes qui voulaient combattre avec eux, sous prétexte qu’ils étaient athées. Si cela est vrai, nous avons le devoir de corriger cette faute historique … Notre mépris des harkis doit être inversement proportionnel à notre respect et admiration pour ces combattants de la liberté. De grâce, ne me parlez plus de Camus ! S’il avait été « algérien », il aurait écrit un livre intitule « Vive l’Algérie algérienne » ou encore qualifié d' »Algérien » l’ « Arabe » assassiné par son Etranger … Les écrivains algériens d’expression francophone n’ont pas vocation à faire oublier le colonialisme. Je me comprends !

    Benali
    6 janvier 2022 - 8 h 47 min

    Camus est le prototype du français d’Algérie, c’est à dire qu’il se sentait avant tout français et ne sentait nullement algérien. C’est quelqu’un qui n’a jamais partagé les aspirations du peuple algérien qu’il a côtoyé comme tous ses semblables sans les considérer comme ses égaux C’est pour cela que les positions de ces français d’Algérie étaient irreconciliables avec celles des Algériens et dits « musulmans ». A contrario, certains Français se sentaient réellement proches des Algériens Frantz Fanon cité des témoignages de Français qui avaient vécu toute leur vie en Algérie et qui ne sentaient pas Français mais Algériens. Ils lui disaient que la nationalité c’est avant tout ce qui lié des citoyens qui se sentent une communauté de destin, des préoccupations, des rêves, des intérêts communs. Ils étaient une minorité mais ont constitué une force d’appui au mouvement libérateur de L’Algérie. Frantz Fanon était de ceux là, algérien plus que de nombreux soit disant Algériens. Il a consacré sa vie à L’Algérie et à la lutte anticoloniale. Il est le véritable théoricien de cette lutte à laquelle il a pris part même sur le plan militaire. L’Algérie ne lui a même pas octroyé cette nationalité à titre posthume….

      Selecto
      9 janvier 2022 - 21 h 07 min

      Frantz Fanon était ministre de la culture du gouvernement provisoire de la république algérienne et la nationalité algérienne lui a été attribuée a titre posthume après l’indépendance.

      Il est enterré en Algérie dans le village de Aïn-El-Karma a l’est algérien a sa demande car a sa mort le 6 décembre 1961 dans un hôpital américain le gouvernement français c’était opposé qu’il soit enterré en Algérie mais a accepté qu’il le soit en Tunisie en présence des autorités françaises ce qui a été fait, en réalité pendant l’enterrement son corps était transféré clandestinement par un commando de l’ALN le cercueil en Tunisie était vide.

      Anonyme
      10 janvier 2022 - 9 h 07 min

      Non il ne sentait pas surtout français, mais surtout colon devant les indigènes, il n’a jamais pu régler la dysfonctionnalité qui résidait dans son rapport aux vrais habitants de ce pays, les vrais héritiers, dont nous sommes les enfants

      d’ailleurs la majorité des pieds-noirs n’ont jamais pu régler la dysfonctionnalité de leur rôle dans la colonisation

      cette dysfonctionnalité a commis des crimes coloniaux, dont ils sont les complices, conscients ou inconscients

    Tin-Hinane
    5 janvier 2022 - 22 h 43 min

    … Il faut arrêter de considérer Albert Camus comme s’il était de chez nous car il ne l’etait pas et il le dit lui même « français » d’Algérie donc français. Ce journaliste qui rapporte les propos de Camus c’est encore pour réclamer l’Algérie comme à eux ce qui relève d’une obsession malsaine chez ces gens là. L’Algérie n’a jamais été à eux, ils nous ont envahi, ils nous ont tues, spoliés, dépossédés, enfumes, deportes, dépouilles, ils ont commis tous les crimes sur notre terre et ils continuent de nous poursuivre de leur haine. Il n’y a vraiment pas de quoi rendre hommage à l’un d’eux en nous rapportant ses échanges et propos. Que l’on oublie pas une chose c’est qu’ils avaient des intentions genocidaires envers nous et Camus l’a très bien exprimé dans l’Etranger et d’autres œuvres à lui comme Caligula, et c’est bien pour cela qu’il est tellement aimé non seulement par les français mais par tous les européens il a magnifie le crime colonial. Ces gens là sont nés en Algérie par un malheureux accident de l’histoire et dieu merci ils sont partis, allah irham chouhadas! Alors laissons les hors de nôtres patrie, hors de notre vie. Si vous avez des échanges à rapporter sur Kateb Yacine, Mouloud Ferraoun, Mohamed Dib je prends.
    ALLAH IRHAM CHOUHADAS !!!

    Anonyme
    5 janvier 2022 - 13 h 57 min

    Et l’Algérie a continué à donner : combien de médecins , de scientifiques de toutes les disciplines formés par l’Algérie avec ses sous et sa sueur encore au service de la france!

    Anonyme
    5 janvier 2022 - 12 h 49 min

    La France fonctionne en caste non déclarée, dire que seule la France dans le monde, avait une première classe dans le transport parisien qui se nomme transports en  » commun « , les premières classes ont été supprimées en 1991 dans le métro et le 1er septembre 1999 dans le RER et les trains de banlieue , les sièges étaient plus confortables que ceux du reste des rames. Et, l’abolition n’a été faite qu’après militantisme.

    Remarque
    5 janvier 2022 - 11 h 20 min

    Des Français parlent des Français, c’est le résumé de cet article.

    L’Algérie a donnée des centaines de ses meilleurs fils pour mourir pour elle dans ses guerres coloniales en Europe et aux quatre coins du monde.

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