Replacer Sonatrach

SH mutations géostratégiques
Rendre plus efficiente Sonatrach suppose plusieurs actions stratégiques. D. R.

Par Abderrahmane Mebtoul – De grandes mutations géostratégiques et énergétiques s’annoncent inéluctables entre 2022 et 2030, surtout avec la crise ukrainienne et le réchauffement climatique, avec des incidences sur le nouveau modèle de consommation énergétique et sur la crise alimentaire. Le XXIe siècle sera dominé par l’émergence de réseaux décentralisés qui remplaceront les relations personnalisées d’Etat à Etat dans le domaine des relations économiques et de l’intelligence artificielle – le primat de la connaissance – qui révolutionnent tout le système économique mondial.

Le management d’entreprise est inséparable de la gouvernance globale interne et mondiale. C’est que les facteurs géostratégiques, comme en témoigne actuellement la flambée des prix, la gestion interne pour réduire les coûts, la discipline ou pas OPEP+, le nouveau modèle de consommation énergétique – efficacité et transition énergétique – qui se met en place entre 2022 et 2030, avec la percée de l’hydrogène entre 2030 et 2040, et la croissance ou pas de l’économie mondiale jouent comme un vecteur essentiel dans l’accroissement ou la diminution des recettes de Sonatrach.

Aussi l’analyse du fonctionnement de Sonatrach ne peut se comprendre sans la replacer à la fois dans la nouvelle configuration de la stratégie énergétique mondiale, en tenant compte des coûts qui peuvent découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, ces recherches ayant occasionné des coûts entretemps non amortis, du nouveau défi écologique avec un changement notable du modèle de consommation énergétique qui se dessine entre 2022 et 2030.

La gouvernance d’un pays est elle-même inséparable des mutations mondiales. Elle doit donc éviter d’isoler la micro-gouvernance de la macro-gouvernance, inextricablement liées. La situation actuelle rend de plus en plus urgent le management stratégique et une transparence de la gestion de Sonatrach qui doit reposer pour toute démarche scientifique et opératoire du général au particulier, afin de saisir les interactions et pouvoir procéder à des actions par touches successives. Rendre plus efficiente Sonatrach suppose plusieurs actions stratégiques.

Le groupe énergétique national doit être replacé dans le contexte international et national et obéir à un système d’organisation en temps réel se fondant sur des réseaux et non plus sur l’actuelle organisation marquée essentiellement sur une vision hiérarchique. Sont nécessaires aussi des centres de coûts transparents incluant la gestion du partenariat, une gestion rationnelle des ressources humaines et, élément essentiel du management stratégique, une implication des cadres et une écoute du collectif des travailleurs par un dialogue constructif permanent.

L’ensemble de ces actions renvoie, en fait, à l’instauration de l’Etat de droit et à l’urgence d’une gouvernance renouvelée. Le fondement de tout processus de développement, comme l’ont démontré tous les prix Nobel de sciences économiques, repose sur des institutions crédibles – c’est une loi universelle. La dynamisation des cinq institutions –le Conseil national de l’énergie, la Cour des comptes, le Conseil économique et social, la Bourse d’Alger et le Conseil de la concurrence – est importante pour le développement de l’Algérie comme adaptations tant aux facteurs internes qu’au mouvement du nouveau monde.

A. M.

Comment (13)

    Abou Stroff
    7 avril 2022 - 11 h 58 min

    en complément de mon commentaire du 5 avril 2022 – 14 h 14 min,

    « Le groupe énergétique national doit être replacé dans le contexte international et national et obéir à un système d’organisation en temps réel se fondant sur des réseaux et non plus sur l’actuelle organisation marquée essentiellement sur une vision hiérarchique. » avance le professeur mebtoul.

    je pense que le professeur touche un point sensible de la gestion de tout ensemble (une quelconque entreprise ou une organisation plus complexe, comme un Etat), quelle que soit la nature de ce dernier.

    en outre, si « le groupe énergétique doit être replacé ……. », c’est que le groupe énergétique n’est pas là où il est et nécessite donc une mise à jour.
    nos augustes dirigeants ont ils entamé la mise à jour de la gestion de sonatrach ou se complaisent ils dans la situation actuelle où la gestion (notamment, l’utilisation de la rente pétrolière) demeure relativement opaque?

    ceci dit, il me semble qu’invoquer les « prix Nobel d’économie » comme argument (d’autorité?) n’est guère pertinent.

    en effet, depuis des décennies, les « économistes » qui reçoivent ce prix décerné par la banque centrale de Suède sont, d’abord et avant tout, des « chercheurs » qui présentent une facette mathématisée de l’économie qu’ils présentent comme une science avec des lois au même titre que la physique ou comme des théoriciens qui psychologisent le comportement des agents économiques à un niveau tel que la différence entre économie et psychologie s’estompe miraculeusement. en termes simples, ces économistes produisent des modèles théoriques dans lesquels ils veulent insérer la réalité, c’est à dire tout le contraire d’une démarche scientifique.

    en termes crus, depuis Keynes qui a formulé des politiques à même de sauver l’Etat capitaliste de la destruction, la ou les sciences économiques tournent en rond et les économistes ne font que projeter leurs phantasmes sur des réalités que leur « science » est incapable d’appréhender. cette incapacité à appréhender une réalité (et qui démontre clairement que la « science » économique est une pure idéologie) a ainsi poussé feu Bernard Marris à avancer la sentence remarquable qui suit: « L’économiste est celui qui est toujours capable d’expliquer ex post pourquoi il s’est, une fois de plus, trompé. »

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part le constat incontournable que la gestion d’une quelconque entreprise doit répondre aux critères du moment
    cependant, je persiste et signe: le développement de l’économie algérienne, en particulier et de la société algérienne, en général, ne dépend, à mon humble avis, guère d’une « meilleure » gestion de sonatrach mais de notre retrait progressif du marché mondial des hydrocarbures (en investissant massivement (la rente) dans les secteurs porteurs que sont l’industrie et l’agriculture – et accessoirement le tourisme-). car tant que nous n’aurons pour seul horizon, que l’exportation des hydrocarbures pour satisfaire les divers besoins sociaux, nous continuerons à végéter en tant que tubes digestifs ambulants attendant tout d’autrui doublé de zombies décérébré attendant la mort avant d’avoir vécu.

      Argentroi
      8 avril 2022 - 11 h 41 min

      Et voilà notre Abou Stroff qui nous explique comment sortir du système basé sur la rente. Il nous préconise d’investir massivement la rente des hydrocarbures dans les secteurs comme l’industrie et l’agriculture et peut-être le tourisme. Satisfaire les besoins sociaux est pour lui une hérésie. On peut lui répondre que bien qu’on octroie des milliards d’aide et de prêts à l’agriculture, les prix des produits agricoles comme la pomme de terre ont quand même atteint des sommets jamais inégalés. Ne parlons pas du prix de la sardine après les investissements monstres accordés au secteur de la pêche.
      Non monsieur Abou Stroff, se débarrasser du système rentier signifie que Sonatrach doit se comporter comme une compagnie pétrolière internationale telle Total, BP, etc. en ne s’occupant que d’elle même pour maximiser ses profits. Ce n’est pas investir dans les autres secteurs, agriculture, industrie et autres comme vous semblez le croire et nous l’insuffler. D’ailleurs, si ce n’est pas la rente des hydrocarbures, d’où proviennent tous ces investissements qu’on constate en plus de la satisfaction des besoins sociaux tels l’habitat, la santé, l’enseignement, le soutien aux prix, etc. S’élever contre l’économie de rente n’est pas donc ce que vous avancez. Vous, vous exigez que la rente aille exclusivement aux autres secteurs moins la satisfaction des besoins sociaux. Eh oui, c’est comme cela qu’on ne sera plus des infra-humains réduits à des tubes digestifs.

        Abou Stroff
        8 avril 2022 - 13 h 45 min

        je ne connais la discipline dans laquelle vous excellez (êtes vous un ingénieur pétrolier?) mais je suis désolé de ne pas prendre des gants en vous disant que vous ne connaissez même pas le b a ba de l’économie et qu’il me parait inutile de continuer à discuter avec vous.
        je vous laisse donc à vos certitudes en espérant qu’un jour prochain, vous vous comprendrez mes commentaires

          Argentroi
          8 avril 2022 - 17 h 48 min

          Mais si j’ai parlé d’économie, c’est n’est seulement qu’en qu’en vous imitant quand vous critiquez les Nobel et le keynésianisme. N’est ce pas vous qui affirmiez plus haut « il me semble qu’invoquer les « prix Nobel d’économie » comme argument (d’autorité?) n’est guère pertinent ». Donc il n’est pas aussi pertinent de se prévaloir de connaissances en économie pour clouer le bec à un contradicteur sur un sujet dont les dessous sont éminemment politiques et qui s’agit de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. Je ne suis pas un pétrolier comme vous semblez le croire mais un professeur de mathématiques à la retraite à qui votre leitmotiv d’infra-humains réduits à des tubes digestifs, dont vous traitez les algériens, semble lui être plutôt un indice de votre handicap qui est celui d’appréhender la chose politique; peut-être qu’en économie vous êtes une lumière !

    Brahms
    5 avril 2022 - 17 h 25 min

    Le problème de la SONATRACH c’est sa mise à jour,

    En effet, la SONATRACH donne du gaz a prix coutant à l’Espagne qui se gargarise de faire des bénéfices sur notre dos. Je rappelle que la société Iberdrola équivalent de notre Sonatrach distribue du gaz en France et au Maroc en faisant de belles marges financières.

    A l’inverse, il n’y a aucune société espagnole qui nous faire de tels bénéfices, Iberdrola c’est plus de 2.6 milliards d’euros de bénéfices et ce, chaque année.

    Luca
    5 avril 2022 - 16 h 12 min

    Il faut une augmentation des prix a l’export des produits pétroliers et gazier, et diversifié la gamme de produits faire de la recherche

    Argentroi
    5 avril 2022 - 15 h 38 min

    Il n’est plus nécessaire de guerroyer contre ceux qui il ya quelques temps auparavant voulaient descendre la sonatrach et ses dirigeants pour s’accaparer les richesses des hydrocarbures en prônant par exemple la création d’une sonatrach bis, privée bien sûr. Que de campagnes de presse téléguidées et commanditées d’ici et de l’étranger contre sonatrach, que d’expéditions organisées vers le grand sud pour s’élever contre l’exploitation du gaz de schiste, et même le hirak a été instrumentalisé dans cette option en faisant le panégyrique de l’arnaque Desertec.
    Tout cela a été balayé par la nouvelle situation: le gaz est devenu une source d’énergie convoitée avec une envolée de son prix au point où les américains avec leur gaz de schiste veulent suppléer au gaz russe avec leur flotte de méthaniers sillonnant l’Atlantique. Balayé aussi le mythe, l’arnaque Desertec avec la venue de l’hydrogène vert. Mais il reste à réhabiliter la sonatrach en la protégeant tout d’abord contre ces saboteurs qui des années durant ont tout fait pour nous la faire passer pour un nid de corruption gangrené dans le dessein de la dépecer en échange d’un dinar symbolique.
    Il coule maintenant de source que l’exploitation du gaz de schiste ne présente aucun danger pour l’environnement comme on peut le constater de par le monde comme aux USA. Et donc celui qui s’élève contre le gaz de schiste n’est qu’un manipulé qui n’arrive pas à voir où est l’intérêt de l’Algérie.

      Abou Stroff
      5 avril 2022 - 19 h 44 min

      « Il coule maintenant de source que l’exploitation du gaz de schiste ne présente aucun danger pour l’environnement comme on peut le constater de par le monde comme aux USA. » êtes vous sûr de ce que vous avancez ou faites vous simplement de la publicité pour votre chapelle?
      il me semble que beaucoup d’experts soulignent les dangers sur l’environnement (voir les études sur la pennsylvanie et certaines régions du canada) de la fracturation hydraulique et beaucoup d’experts mettent l’accent sur le fait que seuls les amerloques maitrisent la technologie de la fracturation.
      si nous devons exploiter le gaz de schiste en étant à la merci des impérialistes yankees, je ne vois aucun intérêt particulier à cette exploitation.
      j’ajoute qu’il me semble pertinent de nous désengager le plus tôt possible du marché mondial des hydrocarbures pour sortir du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des infrahumains. voila, me semble t il la question que doivent se poser nos augustes dirigants.

        Argentroi
        6 avril 2022 - 2 h 00 min

        @ Abou Stroff
        Mais oui, j’en sûr et certain qu’il n’y a aucun danger ou tout au plus que les risques sont infimes quant à l’exploitation du gaz de schiste ! Et je suis sûr que les études dont vous en faites l’echo ne sont que des fax news que le lobby écolo colporte à l’exemple du montage vidéo où l’on voit l’eau du robinet prendre feu au contact de la flamme d’un briquet car, nous explique-t-on, l’eau est saturée de gaz de schiste. Mais celui qui a fait ce montage a oublié que le gaz de schiste se trouve en dessous de la nappe d’eau. De plus, depuis que les américains et beaucoup d’autres exploitent leur gaz de schiste, c’est à dire voilà plus de quinze ans, on n’a pas signalé le moindre incident notable et avéré et ce n’est pas des études qui viendront contredire la réalité si aucun accident environnemental ne s’est manifesté réellement sur le terrain. Pour faire bref, je pense que vous prêtez le flanc à la propagande écolo que vous prenez pour argent comptant, non pas parce que vous êtes intoxiqué, mais parce qu’elle conforte vos préalables idéologiques sur la rente et tout ce qui s’en suit sur les infra-humains réduits à des tubes digestifs.
        Pour votre gouverne, sachez que beaucoup de nos ingénieurs foreurs et nos ingénieurs d’exploitation maîtrisent parfaitement la fracturation hydraulique qui n’est pas une exclusivité américaine. Le problème n’est pas qui maîtrise cette technique mais qui a les moyens d’investir dans l’exploitation du gaz de schiste. Quand à la question des américains yankees impérialistes, ils sont déjà en Algérie avec leurs investissements dans le domaine des hydrocarbures depuis belle lurette dans un cadre régi par des lois algériennes. Enfin, dites-nous quel est le pays qui s’est désengagé du marché mondial des hydrocarbures ? Je n’ai jamais saisi cette revendication de sortir du système basé sur la rente. Veut-on que l’état abandonne carrément l’exploitation des hydrocarbures en fermant tous les puits et renvoyer des milliers de travailleurs chez eux ou bien céder la sonatrach à des privés qui deviendront après cela les maîtres de l’Algérie. Il faut bien donc que vous avouiez que cette incessante revendication va dans les sens des intérêts de vos ennemis idéologiques puisqu’ils rêvent de s’accaparer du secteur des hydrocarbures !

      @argentois
      7 avril 2022 - 16 h 04 min

      Je ne sais pas d’ou vous tenez que l’exploitation de gaz schiste n’est pas dangereuse , d’une il faut énormément d’eau et des lances a haute pression pour creuser et atteindre les poches de gaz, de deux après avoir exploite le gaz il reste des énormes cavités vides qui cause des sink holes des énormes trous ou le terrain s’affaisse, pas bon du tout.

        Argentroi
        7 avril 2022 - 18 h 01 min

        Oui, tu as parfaitement raison car je viens de me rappeler qu’aux USA, on avait signalé que tout un état américain, le Montana, s’est affaissé à cause des énormes trous causés par la fracturation hydraulique. Je reconnais que tu es bien documenté sur le gaz de schiste puisque tu viens m’apprendre que ce dernier se trouve dans des poches, et moi qui croyais qu’il était emprisonné dans la roche, le schiste, qu’il fallait fracturer, briser pour libérer le gaz; on apprend tous les jours !

          @argentroi
          7 avril 2022 - 19 h 23 min

          Bonsoir, non argentroi je ne suis pas un expert, mais je me suis beaucoup renseigne sur ce gaz, vous avez raison il est exploite par fracturation mais c’est après que cela laisse d’enormes cavités, il y a eu en Pennsylvanie des maisons qui ont été absorbes par ces cavités. bonsoir.

    Abou Stroff
    5 avril 2022 - 14 h 14 min

    « Replacer Sonatrach » titre A. M..

    si quelqu’un a compris où veut en venir le professeur mebtoul qu’il nous le splike en langage clair.

    quant à introduire les « prix Nobel d’économie » pour renforcer l’argumentation, il n’est pas nécessaire de sortir de Harvard pour savoir que, depuis plusieurs décennies, ces prix Nobel n’ont pas ajouté une once à la théorie économique mais sont tous, sans exception, versé dans la mathématisation à outrance de faits………………….. non quantifiables ou dans un psychologisme ridicule.

    en termes clairs, les soi disant prix Nobel ne sont que de piètres idéologues d’un système, le système capitaliste qui n’a « développé » qu’une chose et une seule: l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres.

    PS: sonatrach est … une société archaïque où les compétences sont rarement aux postes de commande mais où le ben aâmisme trouve un terrain favorable à son essor, point, barre.

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