Les élites intellectuelles françaises : cet éternel «Cerbère» des puissants (II)

élites intellectuelles françaises
Houellebecq, nauséabond héritier de l'engeance intellectuelle versaillaise terroriste. D. R.

Une contribution de Khider Mesloub – Dans leurs violentes campagnes anti-communardes, ces écrivains versèrent dans une outrance verbale haineusement meurtrière, emplie de préjugés de classe. Toute cette engeance littéraire communiait dans une aversion aristocratique des classes laborieuses. Pour ces parasites intellectuels, les classes laborieuses étaient avant tout des classes dangereuses (aujourd’hui, ce sont les musulmans qui sont désignés comme une communauté dangereuse par leurs descendants intellectuels : écrivains, journalistes, politiciens). Aux yeux injectés de haine de ces plumitifs réactionnaires, la Commune était l’œuvre de la «canaille», de la «populace», «mue par l’envie» (Macron est allé à la bonne école versaillaise en usant de termes avilissants contre les Gilets jaunes, qualifiés notamment de «foule haineuse»).

Au reste, ils comparaient le prolétariat à une «race nuisible», les travailleurs à des «bêtes enragées», à des «nouveaux barbares» menaçant la «civilisation» (leurs descendants, l’élite intellectuelle contemporaine, ciblent, de nos jours, les Arabes et les musulmans, qualifiés de «barbares menaçant la civilisation française»). Les communards furent affublés de tous les qualificatifs dégradants et effrayants : «brigands», «barbares», «Peaux rouges», «cannibales». De nos jours, sous la plume des chiens de garde de l’ordre établi, reviennent fréquemment les termes de «racaille», «ensauvagement» pour qualifier les classes populaires remuantes, notamment celles issues de l’immigration postcoloniale, en particulier de confession musulmane. Depuis le déclenchement de la guerre d’Ukraine, ces qualificatifs sont désormais réservés aux Russes, les nouveaux barbares de «l’Occident civilisé» en croisade contre la Russie.

Indubitablement, il est de la plus importance historique de rappeler l’issue sanglante de la Commune de Paris (que l’actuelle classe régnante française, soutenue par ses élites intellectuelles enragées, n’hésitera pas à réitérer dans un proche avenir, à la faveur des inévitables soulèvements populaires provoqués par la dégradation des conditions de la vie). En effet, du 22 au 28 mai 1871, la Commune fut réprimée dans le sang par les troupes de Versailles. Bilan de cette «semaine sanglante» : près de 30 000 personnes massacrées, 46 000 arrestations, 10 000 déportations (parmi les déportés expédiés dans les bagnes de la Nouvelle-Calédonie figure la célèbre révolutionnaire Louise Michel, qui se liera d’amitié avec beaucoup d’Algériens de Kabylie, internés également dans ces bagnes calédoniens à la suite de la révolte des El-Mokrani, monumentale insurrection contre le pouvoir colonial français, survenue en Algérie le 16 mars 1871, deux jours avant le déclenchement de la Commune de Paris : les grands esprits révolutionnaires se rejoignent).

La bourgeoisie, éprouvée par la frayeur de sa probable disparition, scandalisée par l’audace du peuple parisien d’avoir pris les commandes du pouvoir et tenté de briser les bases du système marchand, fit chèrement payer, pour l’exemple, cette «hérésie» révolutionnaire aux communards. (Aujourd’hui, sa descendante classe bourgeoise mondiale fait chèrement payer aux classes populaires massivement révoltées ces dernières années, notamment en France, à Hongkong, au Liban, au Chili, etc. leurs audacieuses insurrections, par la dégradation de leurs conditions de vie, le musèlement de leurs droits d’expression, la restriction de leurs libertés collectives, l’écrasement de leur esprit frondeur obtenu au moyen de l’instauration généralisée du despotisme sanitaro-sécuritaire, la militarisation de la société, du terrorisme social opéré par la paupérisation généralisée des populations, cette nouvelle arme de neutralisation et d’annihilation par la famine, organisée par le capital mondialisé, orchestrée au moyen de l’endommagement des chaînes d’approvisionnement alimentaire et du renchérissement des prix des matières énergétiques, véritables mesures politiques de sabordage et de sabotage économique ourdies par les puissants aux fins de briser psychologiquement les populations, anéantir leur force de résistance, pour les enrôler plus aisément dans la guerre mondiale en préparation.)

Edmond de Goncourt ne s’était pas trompé dans son verdict apologétique scélérat lorsqu’il écrivit : «Les saignées comme celle-ci, en tuant la partie bataillante d’une population, ajournent d’une conscription la nouvelle révolution. C’est vingt ans de repos que l’ancienne société a devant elle.» Actuellement, en 2020-2023, avec la terreur «covidatoire» et la propagation de la psychose d’une guerre nucléaire, le carnage économique et le massacre social, les gouvernants tentent – illusoirement ? – de nous extirper le goût de la révolte pour cinquante ans, nous confiner à une existence de survie nourrie d’obéissance et de soumission, gavée de répressions, rassasiée d’arrestations, garnie d’incarcérations, le tout sur fond de guerres permanentes démographiquement épuratrices.

Quant à Gustave Flaubert, pour sa part, la répression ne fut pas suffisamment cruelle car il estima qu’«on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l’humanité. On est tendre pour les chiens enragés, et point pour ceux qu’ils ont mordus». Des propos que n’aurait pas désavoués l’élite intellectuelle contemporaine, qui auraient pu être écrits ou prononcés par Bernard-Henry Levy ou Luc Ferry, par la confrérie servile des intellectuels et la corporation vénale des journalistes contemporains officiant sur les chaînes d’information en continu : BFMTV, CNews, LCI.

Ainsi, tous les écrivains apportèrent leur soutien au régime sanguinaire de Versailles. Ils approuvèrent, cautionnèrent et bénirent cette répression sanglante, ce génocide de la population parisienne (comme, à notre époque, l’ensemble de la corporation médicale, scientifique, intellectuelle, politique aura cautionné le génocide social et l’extermination économique perpétrés par les gouvernants, ces représentants du grand capital financier international, d’abord sous couvert de la crise sanitaire du Covid-19 et, aujourd’hui, sous prétexte de la guerre d’Ukraine).

Une chose est sûre : la Commune de Paris favorisa, dans l’esprit de cette engeance intellectuelle, l’éclosion d’une imagination débridée haineusement anti-ouvrière (comme le déclin actuel de la France favorise l’imagination débridée haineusement anti-arabe et islamophobe de la majorité des intellectuels français).

En effet, cette élite intellectuelle rédigea dans une prose réactionnaire des textes incendiaires émaillés de métaphores animalières, médicales, à la connotation dégradante dégoulinante de mépris de classe. Elle usa de termes hérissés de peurs et d’épouvantes propres à susciter parmi l’opinion publique l’effroi et la terreur – Michel Houellebecq et Eric Zemmour sont les dignes nauséabonds héritiers de cette engeance intellectuelle française versaillaise terroriste.

Pour la majorité de ces écrivains, la Commune était l’expression d’une imperfection congénitale biologique, d’une dépravation morale (sic). La Commune était l’illustration de «la lutte du Bien contre le Mal, de la civilisation contre la barbarie, de l’ordre contre l’anarchie, de l’intelligence contre la bêtise, de la tête contre le ventre, du devoir contre l’égoïsme, du travail contre la paresse, de l’élite contre l’engeance populaire». (Aujourd’hui, d’aucuns diraient de l’Occident civilisé contre la Russie barbare ou le monde musulman.) Voici un florilège des textes de ces écrivains enragés, engagés contre la Commune.

«Que l’humanité est une sale et dégoûtante engeance ! Que le peuple est stupide ! C’est une éternelle race d’esclaves qui ne peut vivre sans bât et sans joug. Aussi ne sera-ce pas pour lui que nous combattrons encore, mais pour notre idéal sacré. Qu’il crève donc de faim et de froid, ce peuple facile à tromper qui va bientôt se mettre à massacrer ses vrais amis !» avait sentencieusement martelé Leconte de Lisle. («Qu’il crève donc de faim et de froid, ce peuple facile à tromper» : n’est-ce pas le programme politique des bourgeoisies européennes «versaillaises» contemporaines appliqué à leurs respectives populations, notamment par les pénuries organisées et l’inflation spéculative, en premier lieu par le gouvernement Macron ?)

Ailleurs, à propos des communards, Leconte de l’Isle avait dénoncé ainsi «cette ligue de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs, mauvais poètes, journalistes manqués, romanciers de bas étage». Tandis qu’Alphonse Daudet voyait plutôt des «têtes de pions, collets crasseux, cheveux luisants». Pour Anatole France, les communards n’étaient qu’«un comité d’assassins, une bande de fripouillards, un gouvernement du crime et de la démence».

Ernest Feydeau avait précisé que «ce n’est plus la barbarie qui nous menace, ce n’est même plus la sauvagerie qui nous envahit, c’est la bestialité pure et simple». Théophile Gautier acquiesçait : les communards sont des «animaux féroces», des «hyènes» et des «gorilles», qui «se répandent par la ville épouvantée avec des hurlements sauvages».

 

Avec des métaphores médicales, la Commune était, selon Maxime du Camp, «un accès d’envie furieuse et d’épilepsie sociale», et selon Emile Zola «une crise de nervosité maladive», «une épidémique fièvre exagérant la peur comme la confiance, lâchant la bête humaine débridée, au moindre souffle».

Sur un ton paternaliste, un autre écrivain, Maurice Montégut, s’épanchait avec sollicitude sur les pauvres : «La paix et la concorde doivent venir d’en haut, descendre, ne pouvant monter. C’est le devoir des compréhensifs, des forts, de tendre la main aux faibles, aux enténébrés. Comment en vouloir à la foule – puisque l’on ne fait rien pour l’éclairer, l’instruire – d’avoir gardé l’atavique instinct des brutes préhistoriques, au temps où les ancêtres cannibales, dans les forêts monstrueuses, ne se rencontraient que pour se dévorer sur le seuil des cavernes ? Avec un peu de douceur, beaucoup de charité, on apaise les bêtes frustres qui tendent le dos, se soumettent sous l’étonnement d’une caresse.»

Pour certains écrivains, l’esprit égalitaire de la Commune offusquait leur conception élitiste et aristocratique de la société. Ainsi, Taine avait écrit avec ironie, sur un ton persifleur : «Le patron, le bourgeois, nous exploite, il faut le supprimer. Moi ouvrier, je suis capable, si je veux, d’être chef d’entreprise, magistrat, général. Par une belle chance, nous avons des fusils, usons-en et établissons une République où des ouvriers comme nous soient ministres et présidents.» Renan, pour qui l’Allemagne constituait un modèle, avait estimé que «l’essentiel est moins de produire des masses éclairées que de produire de grands génies et un public capable de les comprendre».

De même, les femmes «communardes» n’avaient pas été également épargnées par les outrances verbales de ces écrivains sanguinaires versaillais. Ces femmes, appelées aussi les pétroleuses (femmes qui, pendant la Commune, auraient allumé des incendies avec du pétrole), étaient comparées à des «louves» ou des «hyènes». Ainsi, Arthur de Gobineau, théoricien du racisme, avait écrit : «Je suis profondément convaincu qu’il n’y a pas un exemple dans l’histoire d’aucun temps et d’aucun peuple de la folie furieuse, de la frénésie fanatique de ces femmes.» (Remplacez «femme» par Arabes ou musulmans, et vous retrouvez la même nauséabonde atmosphère culturelle assassine versaillaise.)

Un autre écrivain moins célèbre, Ernest Houssaye, avait déclaré quant à lui : «Pas une de ces femmes n’avait une figure humaine : c’était l’image du crime ou du vice. C’étaient des corps sans âme qui avaient mérité mille fois la mort, même avant de toucher au pétrole. Il n’y a qu’un mot pour les peines : la hideur.»

Au moment de la répression sanglante des communards, Anatole France jubilait : «Enfin, le gouvernement du crime et de la démence pourrit à l’heure qu’il est dans les champs d’exécution !» Anatole France se réjouit du génocide du peuple de Paris (comme l’élite intellectuelle française se réjouira du massacre de masse commis contre les Algériens le 8 mai 1945).

Emile Zola se montrait, pour sa part, indulgent envers les Versaillais : «Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et en splendeur.» (Michel Houellebecq pourrait reprendre à son compte ces propos : «La douche de bombes que prendraient les musulmans, notamment dans leurs mosquées, serait d’une heureuse nécessité pour réfréner leurs ardeurs.»)

Décidément, sous le règne de la domination de classe règnent toujours l’abomination de classe, l’extermination sociale. Ainsi, l’histoire nous enseigne que, si en période de «paix sociale» (autrement dit de soumission totale à l’ordre établi), la classe dominante française arbore sereinement le masque hypocrite de la respectabilité «démocratique», en période d’agitations sociales, radicalement revendicatives ou insurrectionnelles (et de déclin, comme le vit actuellement la France), la même classe dominante, apeurée, dévoile belliqueusement son véritable visage hideux. Toute sa coutumière phraséologie libérale sur le respect des «droits de l’Homme» se métamorphose en son contraire. La répression devient son mode de gouvernance. L’intimidation, sa méthode de gestion barbouzienne. La calomnie, son moyen de communication médiatique. L’incarcération, sa technique de bannissement politique. L’arbitraire, sa conduite procédurale judiciaire. Le mépris, son expression naturelle. La manipulation, sa stratégie étatique machiavélique. Le bellicisme sa conduite officielle. La guerre sa voie de salut.

Le mouvement des Gilets jaunes illustra dramatiquement cette sinistre réalité. Devant la radicalisation de ses revendications, le pouvoir de Macron révéla toute sa cruelle brutalité, son cynisme arrogant.

Une chose est sûre : dès que le peuple laborieux, le prolétariat de France, relève la tête, la haine de la classe dominante française s’abat sur lui. Suivie ensuite par les répressions, les internements, puis les massacres de masse, perpétrés toujours avec le soutien politique et la caution idéologique de l’intelligentsia française.

K. M.

(Suite et fin)

Comment (3)

    Soso
    3 février 2023 - 10 h 06 min

    Houaaaa la gueule des intellectuelles français…éclatée!!
    Lui petit à l’école un arabes lui a mangé sont croissant au chocolat depuis ils la mauvaise ce puant l’odeur de sa face périmée ont peut la sentir de loin..he ben elle a une belle gueule l’intelligence française mdrrrrrr.

    Chelieth
    14 janvier 2023 - 23 h 59 min

    Comme ils disent en anglais: a picture is worth a thousand words. Plus besoin de faire un commentaire apres avoir vu cette photo.

    Anonym3
    14 janvier 2023 - 16 h 15 min

    La photo ci dessus montre une societe devenue otage est malade.no comments!

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