Une pin-up féministe propulsée à la direction de la CGT

Binet pin-up
Sophie Binet, nouvelle patronne du deuxième plus grand syndicat de France. D. R.

Une contribution de Khider Mesloub – Une pin-up féministe hissée à la direction de la centrale syndicale réformiste et défaitiste. Défaitiste car la défaite est sa marque de fabrique qu’elle s’emploie à organiser systématiquement au sein de toutes les entreprises, en partenariat avec le patronat et, surtout l’Etat, son subventionnaire officiel.

La pin-up, inconnue du public comme de la majorité des travailleurs, y compris des adhérents de la CGT, est sortie in extremis du chapeau de l’institution mafieuse syndicale manœuvrée par l’Elysée, soucieux de contrer l’élection d’un délégué ouvrier et radical. Aussitôt élue à la tête de l’organisation mafieuse syndicale, la nouvelle égérie du patronat et du gouvernement, saluée par toute la classe politique française, s’est empressée d’annoncer son intention de se rendre à Matignon pour se faire adouber par la Première ministre, Mme Borne, afin de se faire dicter les Bornes à ne pas dépasser en matière de revendications pour continuer à bénéficier des subventions de l’Etat, à être agréée par les instances patronales et gouvernementales.

Ainsi, après la déroute revendicative relative à la réforme des retraites qu’elle a sciemment orchestrée avec les autres centrales syndicales, la CGT confirme son entreprise de torpillage des luttes des travailleurs par ses actions stériles objectivées par ses sempiternelles manifestations processionnelles carnavalesques, en intronisant à sa tête une reine du féminisme et de l’écologie, et non une combattante de la lutte de classes. A l’heure de la guerre de classes, la CGT se dote d’une patronne adepte de la guerre des sexes.

Dans un contexte marqué par l’exacerbation des luttes ouvrières, la massification des mouvements de révolte, on s’attendait de la part de ce syndicat à l’élection d’un secrétaire général issu du monde ouvrier. Un secrétaire au profil militant foncièrement anticapitaliste, porteur d’un projet révolutionnaire émancipateur.

Or, il n’en est rien. Pour complaire à ses parrains patronaux et gouvernementaux et, surtout, pour s’arrimer à l’idéologie écologiste bourgeoise dominante, instrumentalisée pour dévoyer les travailleurs, la CGT a propulsé une petite bourgeoise, Sophie Binet, 41 ans, secrétaire générale de l’UGICT (cadres, ingénieurs et techniciens) en charge de l’égalité femme-homme.

La nouvelle secrétaire, féministe engagée (donc point militante ouvrière enragée), s’est beaucoup impliquée dans les luttes féministes et contre les violences sexistes. Donc, loin des combats ouvriers.

En 2016, à la Fête de l’Humanité, elle n’a pas hésité à déclarer : «Dans l’histoire du mouvement ouvrier, le combat de classes a longtemps été jugé supérieur au combat pour l’émancipation contre les discriminations. Ce n’est plus le cas à la CGT.»

Etudiante en philosophie à Nantes, militante du Parti socialiste, Sophie Binet a été élue présidente de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) et vice-présidente étudiante avant de s’engager au sein de la CGT. Donc, un profil d’une femme plutôt col blanc que col bleu. Portée sur les questions sociétales que sur la Question sociale. Les luttes sectorielles identitaires plutôt que sur les combats collectifs ouvriers.

L’organe central des patrons, La Tribune, se réjouit de l’élection de Sophie Binet qui «offre une image plus moderne de la CGT», autrement dit plus collaborationniste. Plus en phase avec les intérêts du Capital français. En congruence avec l’idéologie bourgeoise.

K. M.

Comment (12)

    El gatt
    1 avril 2023 - 12 h 57 min

    Est il judicieux d’afficher un certain mépris vis à vis de cette femme en lui attribuant le terme de « pin up »? Elle a été élue librement, il me semble, par des délégués CGT, eux-mêmes élus et non désignée par l’Etat comme il est courant dans certains pays. Penser que cette élection d’une responsable syndicale n’est autre que l’élection d’une « Miss syndicat » manque de tact.
    N’oublions pas qu’au XIX siècle, un mouvement féministe s’était développé dans le cadre des mouvements ouvriers d’alors, avec des figures comme Louise Michel, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï. A noter que ces quatre femmes n’étaient pas «des ouvrières» mais avaient fait des études de haut niveau pour cette époque…

    Quand à reprocher à cette personne son combat dans les luttes féministes et contre les violences sexistes qui seraient étrangères aux combats ouvriers, c’est ignorer qu’en France ainsi que dans la plupart des pays européens, la moitié des salariés (es) sont des femmes qui ont des salaires inférieurs de près de 30% par rapport à celui des hommes.

    Le combat des françaises qu’elles ont mené, et qu’elles mènent encore, contre le projet macroniste sur la retraite a fait ressortir que ce sont elles qui seront les double perdantes du fait que ce sont elles qui occupent les emplois précaires, qui subissent le travail à temps partiel et qui sont les premières victimes du chômage. Autre exemple: à diplôme égal, il est courant que dans certaines entreprises, ce sont les hommes qui ont les promotions et/ou les meilleurs salaires… n’est ce donc pas de la discrimination? Sans oublier qu’elles assument seule l’écrasante responsabilité éducative et financière de la famille en cas de divorce. Et la majorité des familles monoparentales sont gérées par des femmes seules.

    Qu’est ce que veut donc dire ce slogan «Luttes sectorielles identitaires plutôt que sur les combats collectifs ouvriers» à l’heure actuelle? Les européens ne sont plus au XIX ème siècle où la femme était figée à la cuisine avec les enfants. Ni dans une société interdisant aux femmes de travailler et où elles doivent sortir voilées de la tête aux pieds en compagnie d’un membre masculin de la famille! Dans cette société capitaliste le travail des femmes vaut celui des hommes mais il n’est pas considéré comme tel. Les femmes européennes s’engagent dans les associations, dans la vie communale, en politique, comme députée et même Première Ministre. Et il ne s‘agit pas d’un combat sexiste mais pour l’égalité des sexes et des droits dans tous les secteurs de l’activité humaine, qui se résume tout simplement à égalité femmes/ hommes. En outre, la société française actuelle ne semble pas prête à se remettre en cause ni à adopter un mode d’existence à la chinoise ou à la coréenne. Il est nécessaire d’être réaliste.

    La réalité de la condition ouvrière actuelle dans les pays européens n’est plus celle d’il y a 100 ans. Même si, actuellement, les emplois, dont beaucoup occupés par les femmes d’ailleurs, engendrent des souffrances physiques et morales certaines. Et cela à cause des conséquences du système en place. Mais nous n’en sommes plus au temps où la durée du travail était de 12 heures par jour et plus, et où la longévité d’une vie humaine moyenne d’un travailleur était de 40/50 ans. On pourrait peut être plutôt porter notre attention sur des peuples qui actuellement sont dans la souffrance extrême à cause des guerres, de la sécheresse ou de dictateurs-prédateurs.

    « Enfin, l’oppression de la femme prendra fin un jour, mais elle ne pourra être totale qu’avec la disparition de l’exploitation capitaliste, c’est-à-dire l’avènement du socialisme. Et réciproquement: la révolution et le passage au socialisme ne seront pas possibles sans la participation des femmes des classes populaires. Le combat pour le socialisme et la lutte contre l’oppression de la femme sont ainsi étroitement liés ».

    Et cela est valable pour tous les peuples. Y compris le nôtre.

      Pourquoi Cette Violence ???
      2 avril 2023 - 14 h 07 min

      @El Gatt , merci Monsieur pour votre réponse et surtout avec argumentations et explications ! Banco

    Pourquoi cette violence ???
    1 avril 2023 - 12 h 10 min

    Monsieur Khider Mesloub … On peut la critiquer pour ses positions politiques etc.. etc.. mais pas sur sa propre personne en tant que telle ! Et puis çà ne concerne pas l’Algérie, nous qui avons nos propres problèmes sur le plan de l’organisation syndicale. Nous les algériens on ne cesse de nous plaindre de l’ingérence étrangère, mais on ne se l’applique pas pour soi !!

    Salim Samai
    1 avril 2023 - 8 h 58 min

    Je ne sais rien sur les MANOEUVRES de coulisses de cette « election »! Il y a cependant 1 Axiome!
    « Ceux qui dissertent de « feminisme », « Commandeur des Croyants », « Chia-Sunna », « EI/IS/ISIS/Califat/Qaida/Jihadisme » sont:

    – IGNORANTS & REPETENT les Briefings de leurs Maitres & Coaching ou bien
    – ils veulent CAMOUFLER les VRAIS DEBATS par de la Poudre de Merlin!

    Notre Assemblee Nationale etait aussi 2/3 ou je ne sais quoi « Feminine » donc « Moderne » mais Vanuatu!!

    Abou Stroff
    1 avril 2023 - 8 h 25 min

    « Une pin-up féministe propulsée à la direction de la CGT » titre K. M..

    je pense que, jusqu’à preuve du contraire, la dite pin up a été élue par ses pairs pour les représenter et je ne vois pas pourquoi l’auteur s’offusque quant au résultat de cette élection.
    ceci étant dit, je pense que l’auteur continue à développer une vision surannée (celle qui pouvait avoir un sens au 20ème siècle mais n’en a guère, au moment présent) de la réalité capitaliste en misant sur un prolétariat minoritaire, pour ne pas dire quasi inexistant, pour faire la révolution et construire un socialisme chimérique.

    d’ailleurs l’auteur vise une société à la construction de laquelle ne croit même pas les partis politiques français dits de gauche, à l’exception de quelques partis minoritaires dont le nombre de militants est relativement négligeable.

    en termes crus, l’auteur n’analyse pas concrètement une situation concrète mais projette ses fantasmes sur la réalité française qui dépasse ses outils d’analyse désuets.

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part le constat incontournable que l’analyse d’une quelconque formation sociale exige de cerner les rapports de force entre les couches sociales à un instant donné et d’agir pour faire en sorte que celles qui représentent le « monde nouveau » se renforcent tandis que celles qui représentent le « monde ancien » s’affaiblissent.
    en termes simples, le féminisme que K. M. regarde d’un oeil moqueur est, me semble t il, une partie intégrante du combat que doivent mener les révolutionnaires du moment étant donné que l’avilissement des femmes à la base de toute les formes d’avilissement (voir sur ce point W. Reich).

    PS: concernant la formation sociale algérienne, une analyse concrète de la situation concrète exigerait d’agir, au moment présent, en faveur de la destruction du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des moins que rien. or, en remplacement du système rentier, à quel système peut on penser, en dehors du système capitaliste ou d’une variante tenant compte de spécificités à déterminer?
    en termes crus, en ce qui concerne la formation sociale algérienne, envisager, au moment présent, l’instauration d’une société socialiste serait d’une niaiserie ridicule, n’est ce pas?

    lhadi
    1 avril 2023 - 7 h 36 min

    Le syndicalisme d’encadrement est un élément du système algérien. Ce qui le carecterise, par rapport au syndicalisme libéral, ce sont les liens étroits avec le pouvoir politique.

    Le syndicalisme libéral est indépendant de l’Etat et du patronat, tandis que le syndicalisme d’encadrement, au contraire, bénéficie d’emblée d’un statut officiel et du monopole de l’organisation professionnelle afin de remplir les tâches que lui fixe l’Etat.

    U.G.T.A est un organe de participation à l’intérieur de l’appareil etatique. Cette centrale syndicale se caractérise en terme d’agent d’une politique économique centralisée.

    fraternellement lhadi
    ([email protected])

      Elephant Man
      1 avril 2023 - 8 h 47 min

      @Lhadi
      Je vous renvoie à mon commentaire et des exemples concrets pragmatiques les syndicats french sont TOUS SANS EXCEPTION AUCUNE à la botte du patronat s’ils défendaient effectivement les Droits des salariés ça se saurait depuis toujours.
      Ils sont TOUS politisés une fois qu’on a dit ça on a tout dit !
      Y’a pas plus raciste et corrompu que le PS la « gauche ».

    hmida
    31 mars 2023 - 20 h 57 min

    HNA FI HNA.

      Elephant Man
      1 avril 2023 - 6 h 12 min

      @Hmida
      Excellent commentaire synthétique perspicace et PERCUTANT.

    Anonyme
    31 mars 2023 - 17 h 59 min

    Militante socialiste ?……tout est dit .

      Elephant Man
      1 avril 2023 - 6 h 10 min

      @Anonyme
      Excellent commentaire synthétique perspicace et PERCUTANT.

    Algérien Pur Et Dur
    31 mars 2023 - 17 h 50 min

    Sophie Binet est loin d’incarner l’image de la jolie fille generalement peu vêtue qu’on épingle au mur (pin up). … Franchement je ne vois pas ce qu’elle pourrait faire de mieux que les moustaches fournis de son predecesseur sauf bien sur s’ils comptent sur elle pour seduire Macron le jour ou il decidera de rencontrer les syndicats.

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