Nouveau geste inamical de la France : Tebboune ira-t-il quand même à Paris ?
Par Kamel M. – Entre les discours patelins et la réalité du terrain, il y a un immense fossé. Encore une fois, le ministre de l’Intérieur et son préfet de Paris viennent d’interdire une manifestation commémorant les crimes impunis contre l’humanité commis par la France coloniale le 8 mai 1845. C’est la seconde fois que la préfecture de Paris, appuyée par le ministère de l’Intérieur, cherche à minimiser l’impact d’un rendez-vous lié à la mémoire, en l’éloignant de la place de la République, haut lieu de la subversion anti-algérienne, autorisée, elle, et protégée par la police et les services de la sécurité intérieure qui en encadre l’organisation en amont et le déroulement.
«Nous venons, encore une fois, d’être frappés par un arrêté préfectoral, en date du 5 mai 2023, d’interdiction de rassemblement pour la commémoration des massacres de l’autre 8 mai 1945, le dimanche 7 mai 2023, sur la place de la République à Paris, que nous avions pourtant déclaré dès le 4 avril 2023, c’est-à-dire plus d’un mois avant la date en question. Pour nous, qui refusons l’instrumentalisation religieuse et ethnique dans le cadre d’un agenda politique guerrier préétabli contre le peuple algérien, les interdictions de manifestations publiques se suivent et se ressemblent», s’indigne le Collectif unitaire franco-algérien.
«Cette nouvelle interdiction de rassemblement qui nous vise est une atteinte manifeste à la liberté d’expression et aux libertés de rassemblements publics, émise par la préfecture de police de Paris, et elle nous interpelle à plusieurs égards, notamment à travers le motif officiel évoqué qu’est le risque de troubles graves à l’ordre public», souligne le communiqué de ce collectif qui dénonce le motif invoqué, à savoir «le climat de tensions politiques et sociales actuelles en Algérie». «On ne sait ni comment ni où la préfecture de police de Paris a pu observer des tensions politiques et sociales en Algérie», s’insurge-t-il. Et d’interroger : «Quand bien même ce serait le cas, en quoi la commémoration des massacres commis sur le peuple algérien le 8 mai 1945 serait liée à ces événements ?» «Sans vouloir faire le parallèle avec les tensions sociales et politiques en France, nous estimons que cette ingérence dans les affaires intérieures algériennes porte atteinte à la souveraineté de l’Algérie», dénonce le collectif.
«Ce qui trouble encore dans cette décision d’interdiction de rassemblement […], c’est le fait de mentionner dans une décision administrative qu’il y aurait des déclarants à une manifestation prévue également place de la République, contre le pouvoir algérien en place», s’étonne Collectif unitaire franco-algérien qui accuse la préfecture de Paris de prendre parti pour «des autoproclamés opposants». «Il y aurait donc des déclarants contre le pouvoir algérien qui manifestent sur la place de la République et qui seraient opposés à la commémoration des massacres de l’autre 8 mai 1945, commis contre le peuple algérien, au moment où la France célébrait la victoire sur le nazisme», ironise-t-on.
«Au risque de nous répéter, nous ne faisons pas partie de ces groupes chaotiques d’extrême-droite téléguidés qui ont empêché des citoyens algériens, avec leur violence et leur haine, d’accéder aux bureaux de vote pour accomplir leur devoir démocratique, durant les différentes consultations électorales, notamment à la dernière élection présidentielle. Ces groupes-là, il est vrai, sont autorisés en permanence à manifester publiquement en France leur animosité à l’égard de l’Algérie et de son peuple, sous le voile de la liberté d’expression», rappelle le collectif, outré.
«Comme nous l’avons déjà indiqué dans nos différentes communications publiques, nous refusons les ingérences politiques en Algérie, sous quelque forme que ce soit, et nous dénonçons les campagnes médiatico-politiques diffusées en France, ancienne puissance coloniale, qui rappellent malheureusement les horreurs de la guerre coloniale», insiste le collectif, pour lequel «cette interdiction vient malheureusement nourrir les craintes et les inquiétudes que beaucoup d’historiens et de citoyens expriment à l’égard de la commission de réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie».
Le Collectif unitaire franco-algérien informe qu’il n’organisera pas de rassemblement sur la place de la République, ce dimanche 7 mai 2023, pour commémorer les massacres du 8 mai 1945 commis contre le peuple algérien, «puisque les tenants de la nouvelle guerre d’Algérie en ont décidé autrement», mais appelle, dans le même temps, à «leur faire barrage».
«Qu’en sera-t-il de l’éventuelle visite du président Abdelmadjid Tebboune en France ?» questionne le collectif composé de citoyens algériens établis en France mais dont le cœur bat à grands coups pour leur pays d’origine.
K. M.
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