Sit-in à Paris ce 5 juillet : «Rendez-nous les crânes de nos résistants martyrs !»
Par Farida O. – Le Collectif unitaire franco-algérien appelle à un rassemblement ce 5 juillet, à la place du Trocadéro, pour exiger la restitution de tous les restes mortuaires des résistants algériens entreposés au Musée de l’Homme. «En dépit des démarches officielles engagées par l’Etat algérien, fin décembre 2017, pour la restitution des crânes des résistants au colonialisme, décapités par l’armée coloniale lors des conquêtes du XIXe siècle et actuellement détenus par le Musée de l’Homme à Paris, un silence presque total est observé par le régime en France», regrette ce collectif qui dénonce le «déni, les mensonges et la falsification de l’histoire» par les serviteurs du système».
«En plus de la liste officielle de la quarantaine de crânes des résistants algériens, dressée en 2011 par l’anthropologue et historien algérien Ali-Farid Belkadi (voir sa tribune dans notre rubrique Contributions), d’autres restes mortuaires datant depuis 1830 restent cachés afin d’éviter l’accès aux consciences libres l’ampleur de la tragédie coloniale et ses dimensions inhumaines traduites à travers la théorie des bienfaits de la colonisation par un système de domination des populations», dénonce le collectif.
«Le 18 mai 2016, rappelle-t-il, Brahim Senouci lançait de son côté une pétition qui recueillera 300 000 signatures sur le site Change.org pour demander à l’Etat français de restituer à l’Algérie les crânes de ces résistants conservés dans les sous-sols du Musée de l’Homme, à Paris, et entreposés dans de vulgaires cartons, rangés dans des armoires métalliques».
«En dépit de la promesse des plus hautes autorités françaises de restituer les dépouilles des résistants algériens, qui ont été privés de leur droit naturel d’être enterrés auprès de leurs camarades de lutte en Algérie, depuis presque deux siècles, aucune mesure politique sérieuse n’a été entreprise par les dirigeants en France», s’indigne le Collectif unitaire franco-algérien qui s’interroge sur «cette confiscation de l’histoire de tout un peuple, qu’on ose en plus couvrir au moyen d’une formule insupportable : rente mémorielle».
Le collectif estime que «ce devoir de mémoire est indispensable pour s’éloigner des tragédies que l’on nous construit […] sans verser dans les jérémiades et justement pour construire un avenir apaisé entre les deux rives, tout en faisant barrage à ces courants politiques qui appellent à une seconde guerre d’Algérie». «Contre l’oubli de la tragédie coloniale, le peuple algérien qui fête le 61e anniversaire de son indépendance ne veut pas faire l’impasse sur la mémoire de ses résistants conservés dans un Musée à Paris», concluent les membres de cette organisation qui appellent les autorités françaises à rendre au peuple algérien les crânes de ses résistants anticoloniaux.
F. O.
Comment (14)