Rapatriement de migrants par l’Algérie : réponse à une presse française égarée
Par Sid-Ali Mokhefi – L’article publié récemment par Le Figaro, accusant l’Algérie de dérives autoritaires dans sa politique migratoire, illustre une fois encore les réflexes persistants d’une certaine presse française lorsqu’il s’agit de traiter l’actualité algérienne. Derrière l’apparence d’un souci humanitaire ou juridique, il s’agit, en réalité, d’un acte d’accusation politique, formulé dans une rhétorique moralisante, sans mise en contexte, ni effort sincère de compréhension. L’Algérie y est réduite au rang d’Etat brutal, comme si son choix d’agir pour protéger ses frontières relevait d’un archaïsme barbare et non d’une souveraineté assumée.
Oui, l’Algérie expulse. Comme tout Etat. Mais elle le fait dans un environnement sécuritaire complexe, qui impose lucidité et fermeté. Le chaos sahélien, nourri depuis des années par des interventions militaires étrangères aussi imprudentes qu’inefficaces, a transformé la région en zone grise. Terrorisme résiduel, flux migratoires instrumentalisés, trafics transfrontaliers, infiltrations criminelles ou politiques : la vigilance n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Laisser faire serait une faute. Ne pas agir reviendrait à trahir son peuple, son territoire et les leçons tragiques de la décennie noire que l’Algérie a traversée dans la solitude et la douleur.
Loin de l’image d’un Etat replié sur lui-même ou xénophobe, l’Algérie a toujours exprimé, dans les faits, un attachement profond à l’Afrique et à ses peuples. Elle accueille chaque année des dizaines de milliers de ressortissants africains qui y travaillent, y étudient, y vivent. Elle participe aux efforts multilatéraux pour la stabilité du Sahel. Elle refuse l’alignement sur des agendas militaires extérieurs, mais assume un rôle régional de médiation et de solidarité, dans le respect des souverainetés.
Ce que certains médias français feignent d’ignorer, c’est que la politique migratoire de l’Algérie est dictée d’abord par le souci de préserver l’équilibre national, la sécurité intérieure et la paix sociale. Il ne s’agit pas d’une dérive autoritaire, mais d’une exigence de stabilité. Ce que ces mêmes médias omettent de rappeler, c’est que des pays européens – dont la France – mènent eux aussi des politiques migratoires infiniment plus dures, plus systématiques, parfois illégales, sans pour autant s’exposer à des diatribes moralisatrices.
Derrière ce traitement biaisé, il y a, en réalité, un refus plus profond : celui d’admettre que l’Algérie, aujourd’hui, agit selon ses intérêts propres. Qu’elle n’est plus un Etat-client, un élève à surveiller, mais un acteur souverain. Ce n’est pas l’attitude de l’Algérie qui dérange, c’est son autonomie.
Le temps est venu de rappeler à certains journalistes français que les relations internationales ne sont pas un terrain de leçons unilatérales, mais de respect mutuel. L’Algérie n’a pas à se justifier d’exercer ses droits régaliens. Elle demande simplement qu’on cesse de travestir ses actes, de caricaturer ses choix et de salir sa dignité nationale derrière des mots apparemment nobles.
Les peuples africains, et l’Algérie en tête, n’ont pas besoin de plaire, mais de rester debout. Leur silence est mémoire, leur fermeté est justice.
S.-A. M.
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