Les Sahraouis à Rima Hassan : «Vous roulez pour la DGED marocaine ?»
Par Nabil D. – L’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis a réagi au message posté par Rima Hassan sur les réseaux sociaux, appelant à «arrêter de comparer la Palestine à la question du Sahara». «Aussi surprenant et grave que cela puisse paraître, la militante et juriste en droit international que vous êtes vient d’épouser, telles quelles, les thèses coloniales marocaines sur le Sahara Occidental», constate avec regret cette association. «En lisant le contenu de votre discours sur le Sahara, j’aurais juré qu’il avait été dicté par un membre de la DST ou de la DGED marocaines, et non par la militante identifiée aux luttes anticoloniales, telle que vous êtes connue dans le monde», s’indigne le président de l’association. «C’est comme si un sioniste justifiait la conquête des terres palestiniennes au détriment des droits inaliénables du peuple palestinien», fait-il remarquer, déçu.
«La thèse du différend entre le Maroc et l’Algérie, si chère au Makhzen, est reprise par vous dans une tentative de vider la question sahraouie de sa nature de décolonisation, inscrite en tant que telle par la Quatrième Commission de l’ONU depuis 1963», explique l’association. Pour cette dernière, «une juriste aussi avisée et compétente devrait être en mesure de discerner parfaitement la différence, en droit international, entre un litige ou un différend frontalier et un territoire, comme le sahraoui, dont le statut est distinct et séparé de celui des pays limitrophes».
«Par ailleurs, poursuit l’association, le statut distinct et séparé du Sahara Occidental par rapport au royaume du Maroc a été réaffirmé par toutes les sentences de la Cour de justice de l’Union européenne depuis 2015 à nos jours.» «Au Sahara Occidental, il ne s’agit pas d’un conflit de délimitation de frontières, mais de la détermination des conséquences à tirer du statut du Sahara Occidental en tant que territoire non autonome au sens de l’article 73 de la Charte des Nations unies», étaye-t-elle.
«Vous nous sommez de ne pas comparer les questions palestinienne et sahraouie. Bien que cela puisse vous déplaire, les deux questions ont bel et bien des similitudes frappantes», répondent, de leur côté, des Sahraouis à partir des territoires occupés. «Les deux territoires sont soumis à une cruelle occupation par deux régimes animés par des prétentions expansionnistes. L’occupation de la Palestine est l’objet de multiples résolutions et avis juridiques. Celle du Sahara Occidental a été condamnée par l’Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 34/37, exprimant sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation due à la persistance et l’extension de l’occupation», rappellent-ils à la députée française, native d’un camp de réfugiés palestiniens en Syrie.
«Le deux peuples sont divisés par des murs qui négativement impactent les communautés palestiniennes et sahraouies [et] ont un grand point commun : la Résistance», s’insurgent ces Sahraouis, estimant que «les questions sahraouie et palestinienne présentent des similitudes en termes d’occupation, de déplacement, de résistance et de quête d’autodétermination communes, voire identiques».
«Votre plaidoyer pour un Etat binational démocratique dans le conflit israélo-palestinien soulève des interrogations quant à sa cohérence lorsque vous semblez vous aligner sur les thèses marocaines concernant le Sahara Occidental», corrigent-ils, en précisant que «le soutien militaire d’Israël au Maroc, y compris des livraisons d’armes utilisées dans le conflit au Sahara Occidental, a été officialisé dans le cadre des Accords d’Abraham en 2023». «Si vous dénoncez les actions israéliennes ailleurs, ce rôle reste curieusement absent de votre analyse sur le Sahara Occidental», reprochent les Sahraouis à celle que nous applaudissions pour son combat en faveur des victimes de Gaza.
Aujourd’hui, il est légitime de s’interroger sur les véritables motivations de cette militante de LFI, dont le chef, tout en s’opposant à la politique algérienne de Macron, ne cache pas son penchant pour le Makhzen.
N. D.
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