Lettre du vice-président de l’Université de Lyon poussé à la démission pour avoir dénoncé le génocide à Gaza
Chères et chers collègues, chères et chers représentants étudiants,
Suite au harcèlement et à la campagne de dénigrement public dont je suis l’objet depuis plusieurs semaines en raison de prises de positions personnelles relatives à la situation en Palestine et au Liban, elle-même en lien avec celle qui vise l’Université Lumière Lyon 2 dans son ensemble et sa présidente en particulier, j’ai décidé de quitter aujourd’hui même les fonctions que j’occupe comme vice-président en charge des personnels (depuis 2018), des questions budgétaires (depuis 2021) et plus récemment comme vice-président du Conseil d’administration (depuis février 2025). Ce choix a pour objet de faire baisser la pression très forte qui pèse sur l’institution et de protéger les intérêts de celle-ci dans le contexte particulièrement difficile qu’elle traverse.
Je remercie chaleureusement notre Présidente, les membres de l’équipe présentielle, ainsi que chacune et chacun d’entre vous pour la qualité du travail réalisé au quotidien et pour la richesse des relations que nous avons entretenues tout au long de ces années. Je remercie également les nombreuses personnes qui m’ont témoigné leur soutien amical et professionnel.
N’en déplaise à ses détracteurs, l’Université Lumière Lyon 2 est une belle communauté dont il nous appartient de continuer à défendre l’autonomie et l’identité : diverse, ouverte, tolérante et progressiste, incarnant avec force la qualité du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce fut un bonheur chaque jour renouvelé d’en découvrir tous les membres, disciplines, métiers et savoir-faire professionnels. Je reste bien entendu à sa disposition pour continuer à la servir dès demain du mieux que je le pourrai.
Je continuerai aussi de m’engager, avec le cœur et la raison, pour la pleine application du droit international et des droits des humains en Palestine et au Proche-Orient, sur les fondements antiracistes et universalistes qui ont toujours été les miens. Nous ne pouvons demeurer impassibles et sans voix face à ce qu’Amnesty international, parmi d’autres grandes organisations et institutions, qualifiait encore, il y a quelques jours, de «génocide en direct». Il y a un prix à payer mais c’est une condition nécessaire à la paix et au respect de la vie de tous les individus et tous les peuples, sans exception.
J’ai sans doute omis d’inclure de nombreuses personnes dans cette boucle de mail et je les prie de bien vouloir m’en excuser. N’hésitez pas leur transférer ce message qui leur est également adressé.
Au plaisir de vous revoir toutes et tous très bientôt,
Bien sincèrement,
Willy Beauvallet
Maître de conférences en Science politique à l’Université Lumière Lyon 2
Chercheur au laboratoire Triangle (CNRS UMR 5206)
Comment (4)