Le fauteur de trouble Bruno Retailleau : ce flic qui se prend pour la République

Bruno Retailleau
Le zélé ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau. D. R.

Par A. Boumezrag – Au printemps 2025, alors que le monde s’emballe autour des grandes crises climatiques, énergétiques et géopolitiques, la France semble suspendue dans un éternel retour du passé. Et dans ce décor où tout devrait s’accélérer, un homme s’impose comme un gardien zélé – ou un fauteur de trouble obsessionnel : Bruno Retailleau.

Non content d’être un sénateur parmi tant d’autres, Retailleau incarne ce personnage politique qui ne cesse de confondre autorité et autoritarisme, contrôle et coercition, patriotisme et xénophobie larvée. C’est, en quelque sorte, le flic de la République, celui qui croit que pour défendre la nation, il faut d’abord surveiller, intimider et maintenir sous tutelle tous ceux qui dévient du dogme nationaliste à la française.

La France en clair-obscur : quand la République se fait garde-chiourme

Retailleau ne représente pas seulement une tendance politique. Il est le symptôme d’une France fracturée, rongée par ses doutes et ses complexes, surtout lorsqu’il s’agit de regarder son passé colonial en face. L’Algérie, ce pays frère devenu distant, est pour lui une plaie ouverte, un abcès que l’on gratte sans jamais vraiment panser.

Dans ce printemps 2025 marqué par des escalades diplomatiques sur la mémoire coloniale, les questions migratoires et des coopérations économiques en berne, Retailleau joue son rôle à la perfection : il réactive les rancunes, attise les haines, exacerbe les blessures.

A travers ses propos souvent maladroits, voire volontairement provocateurs, il ne cherche pas à bâtir un pont. Il se pose en gardien d’un ordre immobile, en rempart contre ce qu’il perçoit comme une remise en cause de l’identité française. En réalité, il est un monstre du passé qui surgit dans ce chaos organisé, un fantôme qui refuse de laisser place à la lumière.

Algérie-France : une relation fracturée, manipulée et surjouée

Du côté algérien, la réaction est mesurée, mais ferme. Ce n’est pas une riposte frénétique, mais un rappel constant que le passé colonial n’est pas un simple sujet de débat historique, mais une blessure vivante. L’Algérie dispose d’une mémoire collective robuste, utilisée aussi comme levier politique. Chaque maladresse française, chaque sortie à la Retailleau est pour elle un catalyseur diplomatique, une occasion de resserrer les rangs nationaux autour d’un récit de résistance et d’indépendance retrouvée.

Cette posture, loin d’être un hasard, s’inscrit dans un jeu diplomatique subtil où la mémoire et la souveraineté deviennent des armes. L’Algérie sait que la France est fragile, tiraillée entre sa grandeur passée et une modernité incertaine. Elle exploite cette faiblesse, sans jamais la brutaliser – elle sait que le temps travaille pour elle.

Macron : le funambule d’une République en équilibre précaire

Au cœur de ce clair-obscur diplomatique, Emmanuel Macron joue le rôle du funambule sur un fil tendu entre la mémoire et la modernité, entre la fermeté et le dialogue, entre la France d’hier et celle de demain.

Contrairement à Retailleau, qui se drape dans un autoritarisme passéiste, Macron essaie – parfois maladroitement – de composer avec cette complexité. Sa politique envers l’Algérie oscille entre appels à la réconciliation et gestes symboliques, sans jamais vraiment rompre avec le poids historique qui pèse sur les relations bilatérales.

Mais cette posture est fragile. Macron doit naviguer entre les lignes des ultras français nostalgiques, des jeunes générations franco-algériennes en quête de reconnaissance et d’un pouvoir algérien lui-même en mutation. Chaque maladresse est scrutée, chaque mot pesé, dans un contexte où les passions sont vives.

En somme, Macron est le chef d’orchestre d’une partition inachevée, conscient que la République qu’il incarne est tiraillée. Sa tâche est de trouver un équilibre, d’empêcher que les Retailleau de tous bords ne fassent exploser ce fragile édifice.

Macron et l’effondrement à petit feu : chef d’orchestre ou simple spectateur ?

Emmanuel Macron, chantre d’une modernité libérale et d’une Europe forte, se retrouve pourtant au cœur d’un paradoxe saisissant : celui d’un édifice français vieux de mille ans qui vacille, fissuré de toutes parts. Sa présidence, souvent qualifiée de «jupitérienne», a voulu incarner une République forte, centralisée, rationnelle – mais elle a aussi exacerbé les fractures sociales, culturelles et identitaires qui traversent le pays.

Face à la montée des populismes, au rejet grandissant des élites, à la crise des banlieues et à la question brûlante des mémoires coloniales, Macron est resté souvent un funambule trop prudent : ni assez ferme pour imposer une réforme claire, ni assez audacieux pour réconcilier vraiment les Français avec eux-mêmes.

Dans le dossier franco-algérien, cette hésitation a permis aux Retailleau et autres ultras de prospérer. Macron a préféré le pragmatisme au combat des idées, la diplomatie au courage politique. Résultat ? Un terrain vague où le passé colonial redevient un champ de bataille idéologique et où la République semble de plus en plus une idée fragile, qu’un «flic» zélé croit pouvoir incarner à lui seul.

Si l’édifice français s’effondre, ce n’est pas seulement sous les coups des extrêmes, mais aussi sous le poids d’une gouvernance qui, faute de vision claire, laisse la forteresse se fissurer.

Un théâtre d’ombres et de lumières

Le tableau est clair-obscur : d’un côté, une France qui s’enferme dans ses peurs identitaires, incarnées par Retailleau et ses semblables ; de l’autre, une Algérie qui capitalise sur cette fermeture pour affirmer son récit national. Entre les deux, un peuple franco-algérien souvent oublié, qui regarde ce bras de fer avec scepticisme, fatigue, parfois colère.

Retailleau est utile à l’Algérie. Parce qu’il lui rappelle qu’en face la France n’a pas tourné la page. Il est un miroir cassé dans lequel elle voit une République en crise, obsédée par ses blessures anciennes.

Inversement, l’Algérie est utile à Retailleau : elle est la cause parfaite pour justifier sa posture intransigeante, son obsession du passé, et son rôle de flic autoproclamé de la morale nationale.

La tragédie est simple : Retailleau se croit la République, mais il n’est qu’un symptôme de sa crise. Un symptôme corrosif, qui gangrène la confiance entre deux peuples liés par l’histoire, l’espace, et parfois la douleur.

Retailleau joue au flic de la République, mais oublie que celle-ci est une idée, pas une autoroute à péage pour ses certitudes.

Cette chronique dépeint un printemps 2025 où l’histoire continue de s’inviter dans la politique, où les monstres du passé surgissent dans le chaos organisé des enjeux contemporains, et où la France et l’Algérie restent prisonnières d’un clair-obscur, incapables de bâtir la lumière.

A. B.

Comment (14)

    Le ministre ne fait rien de bon pour la france et continue à se battre à gauche ou au R N pour ses propres intérêts. C’est le boulot du 1er flic de france? Il veut éviter le pire, ce qui veut dire que la france ne sera pas mieux demain ou après-demain, et que ce pays est tout simplement condamné… dans deux ans, encore pire arrivera!
    Il n’a jamais condamné le génocide palestinien ni exprimé ses inquiétudes, pourtant il a interdit à toutes les organisations islamiques ou humanitaires aidant les Gazaouis et a permis à Shitan-Yahu, le criminel de guerre, de survoler librement l’espace aérien français lors de son voyage officiel à Washington. C’est un manquement de la France à ses engagements internationaux et une humiliation pour son peuple. Ce que fait Shitan-yahu (avec des armes françaises) est une honte! Il aime être devant les caméras de Cnews, et être sous les projecteurs flatte son ego surdimensionné.
    Il n’y a personne de plus hypocrite que ce Retuyo; il est une véritable malédiction sur ce beau pays!
    Mais il a dit une chose: il se moque du public français et de la voix démocratique; il écoute ses maîtres milliardaires et ses sponsors. Il veut faire passer la loi du « droit du sol » pour discriminer les citoyens et causer des problèmes. Alors que 50 % des « français » viennent d’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient.
    Retuyo a dit à Laurent Wauquiez qu’il le soutiendrait pour la présidence du parti LR, trahison et mensonges.
    -Il veut faire la guerre aux narcotrafiquants, chiche, sans même arrêter un gros trafiquant, alors que les vrais fournisseurs de drogue sont comme Fort Knox, protégés par les Micron-boys. Tout le monde savait, mais shut!
    – Sur l’immigration. Mais quels résultats concrets a-t-il obtenus? C’est beaucoup de paroles, et pas d’action.
    -Il veut arrêter la délinquance juvénile avec un couvre-feu de 18 h à 6 h, et rien les fins de semaine! Un malade reveur, et heureusement, la bêtise n’est pas une grenade, elle aurait explosé dans sa poche!
    -L’exécution des OQHF, zéro déporté, et des centaines sont arrivés et attendent leur certificat d’hébergement temporaire dans un CRA. Triple zero au futur, manque d’agents dans les consulats du côté Algérien!
    Ce ministère est un junkie qui aime jouer à l’arrogance et donner l’impression de répondre à une demande d’ordre, même si cela n’a aucun effet concret. Le nouveau leader LR incarnera la droite, et devra défier les leaders de la ligne dure de l’extrême-droite, afin de libérer de l’espace pour un candidat macroniste ou LFI.

    Anonyme
    19 mai 2025 - 6 h 57 min

    Anticipation et proactivité quand il s’agit de réciprocité. Cette réciprocité est une démarche simple et facile mais aussi audacieuse. La france prend des mesures ou décide de qqchose l’Algérie sort -doit- la réciprocité.

    Cela concerne ce plouc de Retailleau !
    18 mai 2025 - 23 h 13 min

    C’est toujours bon et utile de rappeler certain commentaire, surtout quand cela concerne certains ploucs comme ce Retailleau!
    —–
    La récente menace de «démission» de Retailleau si «la France cède sur le dossier algérien» sera un pet dans l’eau…. Il trouvera une astuce pour rétropédaler. Un individu « mkasder » (terme algérien acrimonieux) qui convient à cette espèce de plouc inutile et sans âme, à visage décomposé par la haine, dont le cocorico nuisible rend la France répulsive. Les cupides, comme son genre, tiennent à leur poste, même quand la justice les désavoue de façon cinglante ! Il a engagé une partie de poker avec l’Algérie, en misant sa carrière, il se retrouve au pied du mur algérien. En politique, un sérieux, c’est quand «ça ferme sa gueule ou ça démissionne». À suivre donc, bien que sans intérêt pour les Algériens dans la mesure où c’est son pays qu’il entraîne dans une impasse ! Ce drôle de pingouin a qualifié celles qui portent un voile «d’étendard pour l’islamisme» et veut faire de la lutte contre «les frères musulmans», qu’il semble découvrir dans le voile des femmes, «une des grandes priorités dans ces prochains mois».
    Que pense Retailleau de celui qui les a glorifiés par «ils font du bon boulot» en Syrie ? Ce que les Algériens savent depuis toujours, Maria Zakharova le confirme ainsi : «la France d’aujourd’hui s’est transformée elle-même en une couveuse de terroristes…[elle] reste de manière stable en tête des pays européens qui fournissent le plus de cadres à l’État islamique».

    Anonyme
    18 mai 2025 - 23 h 02 min

    L’Algérie, ce pays frère devenu distant, est pour lui…
    « frère »? Vous voulez dire « voisin »?

    Dr Kelso
    18 mai 2025 - 11 h 55 min

    « L’Algérie, ce pays frère » je me suis arrêtée à ce niveau ➡️ UBUESQUE L’Algérie a donc été colonisé 132 ans par son frère la France….
    Quant à Retailleau quel meilleur moyen que l’Algérie bashing en rente mémorielle récurrente plus que pathologique pour tenter vainement de masquer son incompétence interne franchouillarde.

      Anonyme
      19 mai 2025 - 9 h 07 min

      Vous ne comprenez toujours pas que votre haine est un décoration pour lui!

    Luca
    18 mai 2025 - 11 h 14 min

    Il faut laisser faire , encore un peu plus de personnes en france système comme ce mr taillo, et bientôt ce pays s’appellera YMCA, cassos, drogue corruption, et harley gugusson

    Anonyme
    18 mai 2025 - 10 h 05 min

    Il est temps de récupérer les 14 hectares a Hydra et les 4 hectares a el Biar
    Occupés indûment par les acolytes de Macron et Retailleau.

    Ils pourront s’installer a Regganne au point zéro des essais d’armes chimiques, bactériologiques et nucléaires dont les conséquences continuent a tuer des Algériens innocents.

      Anonyme
      18 mai 2025 - 14 h 14 min

      À Reggae, on ne leur demandera pas de loyer.

    Mohamed El Maadi
    18 mai 2025 - 8 h 58 min

    Torquemada au ministère de l’Intérieur

    La République française se découvre un bien étrange ministre. Retailleau, dans un délire mystique qui confine à l’obsession pathologique, semble avoir égaré quelque part entre les bancs d’église et son bureau ministériel les fondements même de la démocratie laïque. Voilà un homme qui, plutôt que d’assurer ses fonctions régaliennes, se voit en templier des temps modernes, pourfendeur d’un ennemi imaginaire qu’il a lui-même façonné dans les méandres de son esprit fiévreux.

    Le Nouvel Observateur nous dévoile le portrait consternant d’un illuminé qui transforme chaque messe dominicale en spectacle politique, comme si l’assiduité aux offices religieux pouvait tenir lieu de programme gouvernemental. Cette dévotion théâtrale, aussi grotesque que dangereuse, révèle un homme qui confond dangereusement service de l’État et mission divine.

    Son ouvrage « Refondation » parut en 2019 apparaît comme le manifeste halluciné d’un esprit resté prisonnier des croisades du XIIe siècle. La métaphore du « système immunitaire » qu’il y développe pour parler de l’islam dépasse l’ignominie : voilà une religion et ses fidèles réduits à l’état de pathogènes dont il faudrait purger le corps social. Cette rhétorique nauséabonde, qui semble vouloir rejouer la bataille de Hattin où Saladin écrasa Guy de Lusignan, révèle la vraie nature de sa pensée : celle d’un sectarisme religieux d’un autre âge.

    Comment tolérer qu’un ministre des Cultes, censé garantir la liberté de conscience, se comporte en grand inquisiteur? Sa vision paranoïaque d’une France judéo-chrétienne assiégée par les hordes musulmanes relève de la psychiatrie plus que de l’analyse politique. Ce délire persécutif, mâtiné de relents xénophobes à peine voilés, transforme chacune de ses interventions en une croisade contre les musulmans de France, citoyens qu’il est pourtant censé servir et protéger.

    Retailleau, dans sa posture de chevalier blanc auto-proclamé, incarne l’archétype du politique qui a perdu tout contact avec la réalité. Son obsession maladive pour une prétendue menace islamique, sa propension à voir des complots partout, et sa conviction d’être investi d’une mission divine en font un danger pour les institutions républicaines.

    La schizophrénie politique de ce ministre qui confond l’action publique avec une guerre sainte personnelle atteint des sommets inquiétants. Son vocabulaire guerrier, ses références constantes aux croisades, sa vision manichéenne d’un monde divisé entre « bons chrétiens » et « musulmans envahisseurs » relèvent d’une démence politique qui n’a plus sa place dans une démocratie moderne.

    Ce qui se joue ici dépasse le simple constat d’incompétence : nous assistons à la dérive mystique d’un homme qui instrumentalise sa fonction régalienne pour mener une guerre de religion imaginaire. Son « système immunitaire » n’est rien d’autre qu’un euphémisme pour légitimer une discrimination institutionnalisée, une tentative à peine voilée de réintroduire l’inquisition dans l’arsenal législatif.

    La République mérite mieux que ce Don Quichotte en guerre contre des moulins à vent islamiques. L’urgence n’est plus de débattre avec un homme qui a visiblement perdu tout sens des réalités, mais de s’interroger sur la compatibilité de ses positions avec les fonctions qu’il occupe. Car enfin, comment un individu qui voit des sarrasins dans chaque musulman, qui rêve de croisades et se prend pour un templier, peut-il prétendre servir l’intérêt général dans une République laïque?

    Il est temps de nommer les choses : Retailleau n’est pas un ministre, c’est un mystique égaré dans les couloirs de la République, un danger pour la cohésion nationale, un fossoyeur de la laïcité qui confond son ministère avec une cathédrale et ses fonctions avec une mission divine. La France de 2025 n’a pas besoin d’un nouveau Torquemada, mais d’un ministre capable de servir tous les citoyens, quelle que soit leur confession.

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