Relations entre l’Algérie et les Emirats : la révélation d’un ancien ministre émirati
Par Mohamed K. – L’ancien ministre émirati des Affaires étrangères, Rashid Abdullah Al-Naïmi, a fait une révélation jusque-là inconnue du grand public. Ce dernier a, en effet, affirmé que l’Algérie s’était opposée à la création de cet Etat en décembre 1971, sans en donner les raisons. Trois autres pays, la Syrie, l’Irak et le Yémen du Sud, avaient également émis des réserves quant à la formation de ce qui allait devenir une fédération de sept émirats, établie après l’indépendance des Etats de la Trêve, qui étaient auparavant sous protectorat britannique.
On pourrait croire que les Emirats tiennent rigueur à l’Algérie et que leur rancune ne s’est pas estompée, un peu plus de cinquante ans après la naissance de ce pays, dont les richesses souterraines ont fait un acteur majeur dans le monde arabe et, depuis peu, dans d’autres régions du monde, où le régime d’Abou Dhabi s’est découvert une capacité à influencer le cours des événements à l’intérieur de pays tiers, par le financement de milices, la déstabilisation et la subversion. Les Emirats ont rejoint le Qatar, autre petit émirat du Golfe, en faisant de la propagande une arme de destruction massive, participant à des campagnes sournoises fondées sur la division, comme cela vient de se passer avec l’Algérie, où un historien est jugé pour atteinte à l’unité nationale, suite à un entretien orienté avec la chaîne émiratie Sky News.
Les velléités malveillantes des Al-Nahyane, conduits par Mohamed Ben Zayed, se sont manifestées d’une manière ostensible depuis que le régime émirati a été missionné par les Etats-Unis pour être le chef de file du processus de normalisation avec l’entité sioniste et l’abandon de la cause palestinienne, sacrifiée sur l’autel du business et des alliances machiavéliques. C’est dans cet ordre d’idées que le président américain, Donald Trump, est reparti de ce pays avec un chèque mirobolant s’élevant à plusieurs milliers de milliards de dollars, en contrepartie de la protection du régime en place contre toute tentative de renversement, d’autant plus que de plus en plus de voix s’élèvent dans les autres émirats pour protester contre la politique belliciste du dictateur d’Abou Dhabi.
Au refus de l’Algérie de reconnaître les Emirats arabes unis naissants, il y a de cela un demi-siècle, s’est greffé le rejet catégorique d’Alger d’adhérer aux accords d’Abraham, dénoncés dans des termes sévères par le président Abdelmadjid Tebboune, qui a fustigé l’empressement de certains pays arabes à prêter allégeance à Israël, qualifiant cette attitude honteuse de «course effrénée» de ces Etats en quête d’une supposée assistance militaire et technique contre un ennemi fictif : l’Iran.
Les relations entre Alger et Abou Dhabi sont au plus mal et les périodes où celles-ci paraissaient connaître une embellie, sous Bouteflika notamment, apparaissent aujourd’hui clairement comme une sorte de sujétion de l’ancien régime, présidé par un chef d’Etat qui était redevable à ses hôtes, auxquels il aurait servi de «conseiller» durant sa «traversée du désert», au lendemain de la mort du président Houari Boumediene.
M. K.
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