Guerre Iran-Israël : quand les champs de bataille révèlent leurs secrets
Une contribution d’Ali Akika – On se souvient des bobards sur les armes de destruction massive en Irak pour «légitimer» une guerre d’agression des Etats-Unis. Aujourd’hui, Israël fait encore plus fort. Il n’a pas besoin du moindre indice du réel, il lui suffit de lire dans un marc de café pour savoir ce que l’esprit malfaisant de son ennemi est en train de mijoter. La phrase «magique» de combat «existentiel» est toute prête pour la jeter aux visages de tous les gogos dont le cerveau a été lobotomisé pour qu’ils puissent avaler des couleuvres. Et la phrase magique ouvre toutes les portes comme la guerre préventive qui, tout aussi magiquement, viole le droit international et ce, sans aucun trouble des autres lobes du cerveau. Sauf qu’attaquer un pays sans, au préalable, lui déclarer la guerre se paie très cher.
Les Japonais en savent quelque chose après le bombardement de Pearl Harbor (1941) qui ont réveillé l’Oncle Sam et libéré ses instincts de vengeance. Revenons à notre sujet. Essayons de comprendre la conduite d’Israël. Ce n’est pas le prétexte d’un danger existentiel, mais la certitude que l’Occident qui a aidé à son installation en Palestine fermera les yeux sur une conduite d’Etat voyou. Mais aussi, assurer la neutralisation des consciences susceptibles de découvrir que le pasteur conduisant ses ouailles leur cachait des vérités ignorées pour X raisons. Des vérités bien cachées, les massacres de Gaza ont joué un rôle en dépit de la meute des perroquets médiatiques qui inondaient de leurs bobards l’opinion publique.
Essayons de mieux discerner le vrai du faux dans cette jungle de la désinformation, une arme des services de renseignement, qui avait ses lettres de noblesse parce que la guerre opposait des ennemis qu’il faut intoxiquer et épargnait en principe les citoyens. Recueillir des informations sur l’ennemi tout en l’intoxiquant est une règle de base de l’art de la guerre. En vérité, les raisons de la conduite de cet Etat et le comportement de ses dirigeants ont été résumés dans une phrase de Netanyahou fanfaronnant : «Nous sommes en train de remodeler la carte du Moyen-Orient.» Tout est dit dans cette phrase, la guerre est faite pour défendre les intérêts de l’Occident que le naïf ou le cynique chancelier allemand l’a traduite ainsi : «Israël fait le sale boulot pour nous.» Voyons à présent les révélations de la guerre à travers son histoire et ses règles combinées à la géopolitique et à ses alliances troubles.
Les révélateurs de la guerre Israël-Iran
Commençons par l’événement du début de cette guerre, celui de l’utilisation du facteur surprise utilisé par le Mossad. Rien de plus normal puisque dans les ruses de guerre, la surprise donne un avantage immédiat tactique sur le terrain et lui construit une image valorisante qui facilite sa propagande et lui permettra dorénavant de mentir et d’être cru.
Ainsi, le 13 avril 2025, le Mossad a réussi à perturber pendant une journée le haut commandement iranien. Cet exploit, qui a sidéré les opinions, a permis de faire oublier sa guerre préventive, violation flagrante du droit international, oublier les bombardements des populations et, suprême crime de guerre et d’arrogance, exiger de ces populations de quitter leur ville. Mais la nomination d’officiers supérieurs à la tête des états-majors des différentes armées et des services de sécurité, était un signal envoyé au peuple iranien et à l’ennemi. La chaîne de commandement n’est pas brisée, et l’absence de la riposte iranienne a provoqué la joie dans les chaumières d’Israël et des conclusions «rassurantes» mais bidons pour nos habituels «spécialistes».
Joie de courte durée car la nuit du 13 au 14 juin, le ciel de Tel-Aviv et de sa région était illuminé par les feux d’artifice des missiles iraniens et des explosions assourdissantes du «fameux» Dôme de fer. Et le samedi 14, le jour se leva sur un paysage dévasté qui ressemblait à un grand film dont le titre «paysage après la bataille» qui symbolise l’Etat des villes bombardées durant la Seconde Guerre mondiale.
Après des succès ici et là, les déboires commencent !
Ainsi, ce vendredi 13 juin, le monde se réveilla au son des trompettes de Jéricho pour fêter «la décapitation» de l’armée iranienne (les perroquets n’ont pas honte du choix des mots qui révèlent la noirceur de leur idéologie et leur inculture de la chose militaire). Ce qui importe à ces petits soldats de l’intox, c’est de profiter de la mort de dirigeants militaires et de scientifiques pour faire passer de gros mensonges. Ceux de la fabrique du mensonge qui associa la mort des militaires et de savants atomiques pour annoncer le bombardement de Fardo, sanctuaire du nucléaire iranien. Mais détruire Fardo est, certes, un fantasme longtemps souhaité mais qui, après 2/3 jours, s’avère être hors de portée des cow-boys de l’armée «invincible».
On commença alors à penser à l’aide du grand frère américain. Trump surgit et occupa toute la scène du spectacle. Avec lui, on retrouve la musique et les mots du Far-West, capitulation ou la pendaison ! Mais comme le shérif Trump a habitué le monde avec ses allers et retours, ses tours et détours ; bref, avec lui les mots ont l’espérance de vie de papillon, ça finit toujours par faire pschitt comme les bulles de l’eau gazeuse.
La nature de la guerre vue par Israël et par l’Iran
La guerre, comme tout phénomène, est dépendante de sa nature. Israël, à l’origine de son installation en terre de Palestine, une terre habitée, fut une guerre de conquête. Et qui dit conquête dit attaque pour déloger les habitants et s’y installer. La nature de cette installation, suivie de guerres incessantes, imposa la stratégie de l’attaque qui ne relève pas d’une simple tactique mais devint le fondement, le socle de la doctrine militaire d’Israël. Ladite doctrine devait reposer sur deux facteurs, qui sont à la base de l’art de la guerre, le territoire et le temps. Ces éléments imposèrent la stratégie de l’attaque à Israël. La petitesse du territoire sans réel profondeur stratégique et le temps, une denrée rare du monde «moderne», imposèrent à Israël l’aviation comme arme stratégique.
Quant à l’Iran, c’est tout le contraire d’Israël. Son histoire, son immense territoire, l’embargo et autres sanctions dont il souffre depuis la naissance de la République ont «formaté» et imposé une stratégie de défense. Ainsi, la carte, géographique, géopolitique et militaire (stratégique et tactique) que l’on voit se mouvoir devant nous, nous offre la possibilité d’évaluer les atouts des deux puissances qui s’affrontent. Leurs deux armées s’affrontent dans un champ de bataille, le ciel situé au-dessus du territoire de chaque belligérant.
Israël prétend être maître du ciel de l’Iran grâce à son aviation, et l’Iran, en utilisant ses missiles qu’il peut tirer à tout moment, interdire les ports et aéroports à toute activité en relation avec l’étranger. Derrière le ciel comme champ de bataille, on nous révèle l’impossibilité des deux armées de s’affronter sur le sol. Or, il n’y a pas de victoire sans occupation du terrain qui est l’apanage et le rôle de l’infanterie. Cette impossibilité de livrer bataille sur le sol à cause des pays et des mers qui séparent leurs forces interroge sur la notion de victoire. C’est pourquoi Trump, avec toute son armada, exige une reddition sans condition. Sauf qu’en face et en tenant compte des caractéristiques du temps et des territoires, atouts maîtres de l’Iran, inventeur des échecs, lui répond : viens me chercher.
Voilà tous les paramètres de natures différentes qui vont décider de l’issue de cette atypique guerre. Apparemment, les nouvelles technologies s’avèrent être d’une utilisation qui nécessite de l’intelligence stratégique, de la patience et non d’excités et carnassiers qui ont le culte de la force préféré à la force du droit et de la justice…
Conclusion, les événements qui ont conduit à la guerre méritent une longue analyse car ils révèlent aussi des secrets. Cet article serait trop long et ne permet pas d’inclure les faits et secrets des jours avant la guerre actuelle. Pour finir, je dirai que les contradictions qui traversent les acteurs de cette guerre et la qualité de la maîtrise de la dynamique enclenchée par cette guerre nous donneront les contours de son issue.
A. A.
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