Des Egyptiens veulent que soit érigée une statue de Boumediene au Caire
Par Houari A. – Des Egyptiens ont lancé une campagne pour demander aux autorités de leur pays d’honorer la mémoire du président Houari Boumediene, en érigeant sa statue au cœur de la capitale, Le Caire. Ces citoyens rappellent notamment le rôle joué par ce grand dirigeant nationaliste algérien lors de la guerre israélo-arabe en 1967 et 1973, et estiment qu’un hommage doit lui être rendu, et que celui-ci a trop tardé. En dépit de l’épisode de novembre 2009, marqué par une guerre froide entre les deux pays à cause d’un match de football, et des divergences sur certains dossiers internationaux, Alger et Le Caire entretiennent des relations plus ou moins stables.
Dans son livre La 2e Brigade motorisée algérienne au Moyen-Orient, le général Khaled Nezzar rappelle qu’au début des années 1970, il faisait partie d’une délégation qui fut envoyée en Egypte pour remettre des équipements aux forces armées égyptiennes. La délégation était sous les ordres du colonel Mohamed-Salah Yahiaoui. Les envoyés spéciaux algériens étaient porteurs d’un message de Houari Boumediene, dans lequel il informait le ministre égyptien de la Défense, le général d’armée Mahmoud Fawzi, que l’Algérie mettait à la disposition de son pays 60 avions de combat, 150 véhicules blindés et 75 à 100 chars, qui seraient livrés par l’Union soviétique. Le tout négocié et payé par l’Algérie. «L’aide de l’Algérie à l’Egypte n’était jamais comptée», note l’ancien ministre de la Défense nationale dans son ouvrage.
«Les matériels n’avaient pas cessé d’affluer vers le pays des Pharaons malgré le malentendu du 19 juin 1965 et l’insulte du président Sadate à l’endroit des pays du Front du refus. En 1973, lors de la guerre du Kippour et, d’après le chef d’état-major de l’armée égyptienne, le général Saâd Al-Shazli, le président Sadate critiquait les pays arabes, plus particulièrement l’Algérie et le président Boumediene», a souligné le défunt général Khaled Nezzar, en relevant que «les malentendus ont toujours émaillé les relations entre l’Egypte et l’Algérie». «Ce fut le cas pendant la guerre de Libération nationale, suite aux immixtions intempestives de Fathi Dib dans les affaires intérieures de l’Algérie et de ses multiples manigances», a-t-il fait savoir.
«Ces malentendus sont nés aussi des tentatives d’intimidation des Egyptiens lors du redressement du 19 juin 1965 ou, encore, lors du démantèlement de nos dépôts datant de la guerre de Libération nationale», a ajouté Khaled Nezzar, en expliquant que «la seule réaction du président Boumediene, en 1971, consista en la réunion des responsables des brigades ayant séjourné en Egypte aux fins de procéder à l’appel des morts». «Ils étaient quelques dizaines à s’être sacrifiés pour que l’Algérie n’ait pas à rougir de son passé arabe», a-t-il fait remarquer.
Le président Abdelfattah Al-Sissi répondra-t-il positivement à la demande de ses concitoyens ou adoptera-t-il la même attitude ingrate qu’Anwar Sadate, précurseur de la normalisation avec l’entité sioniste ?
H. A.