A force de présider sans incarner : Emmanuel Macron à l’épilogue du pouvoir

Macron
Macron achève bientôt ses deux mandats calamiteux en queue de poisson. D. R.

Une contribution du Dr A. Boumezrag – Sept ans de pouvoir, mille discours, des crises à la pelle et une République qu’on pilote à coups de récit, d’algorithmes et d’interviews fleuves. Emmanuel Macron achève son mandat comme il l’a commencé : en parlant beaucoup, en décidant seul et en incarnant peu. Au crépuscule de sa présidence, il reste une question en suspens : a-t-il vraiment gouverné ou seulement occupé l’écran ?

Il voulait être Jupiter. Il aura surtout été le dieu des éléments de langage. Président-hologramme projeté sur les écrans des Français, Emmanuel Macron aura laissé l’impression constante de dire quelque chose, tout en s’éclipsant au moment où il aurait fallu être quelqu’un.

Sept années à présider sans incarner. A régner sans exister. A parler sans peser.

Le général De Gaulle incarnait la France au point d’en devenir l’ombre portée. Mitterrand, l’histoire et la littérature. Chirac, la France rurale et bonhomme. Même Sarkozy, dans sa frénésie agitée, laissait deviner une incarnation, certes, bruyante mais palpable. Et Hollande… au moins il n’en faisait pas mystère.

Macron, lui, s’est glissé dans le costume présidentiel comme on enfile un costume pour TEDx. La parole en bandoulière, l’intelligence en étendard, mais l’incarnation aux abonnés absents. Il aura parlé à l’Histoire comme on écrit un post LinkedIn : bien tourné, consultable, partageable. Mais sans mystère. Sans souffle.

Il aura voulu «moderniser» la fonction. Il l’a virtualisée.

La République avait besoin d’un capitaine. Elle a hérité d’un stratège de communication. Elle espérait un destin. Elle a reçu un storytelling.

Car il faut dire ce qui est : Emmanuel Macron sait parler. Trop peut-être. De l’Ukraine à la réforme des retraites, du climat à la mémoire coloniale, il a tout dit. En long, en large, en diagonale. Il a analysé, contextualisé, verbalisé, enjambé. Mais qu’a-t-il réellement décidé, incarné, assumé ?

Le politique s’efface devant le narratif. Le courage devant la «complexité». L’Histoire devant le «en même temps».

Et pourtant, ce Président sait tout. Il anticipe les objections. Il connaît les limites. Il voit les tensions. Mais à force de voir, il ne tranche plus. Il arbitre sans conviction, gouverne par technocratie, parle de la France comme d’une entreprise en restructuration.

Il se veut post-idéologique, donc post-politique. Résultat : il est devenu post-présidentiel.

Macron ne gouverne plus : il modère un débat national permanent.

Sur l’Algérie ? Il confesse, nuance, réfléchit. Sans jamais reconnaître. Sur la jeunesse ? Il consulte, capture des vidéos. Sans jamais protéger. Sur les institutions ? Il parle de «refondation». Sans jamais réinventer. Sur l’Europe ? Il la sublime. Sans jamais convaincre.

La France se cherche un cap. Lui, lui tend un miroir. Et maintenant que son règne s’achève, que reste-t-il ?

Pas de grand dessein. Pas de legs clair. Pas de «moment Macron». Seulement une hyper-présidence creuse, suspendue à des algorithmes, une présidence qui a voulu échapper aux vieux clivages pour ne garder qu’un ego en orbite.

Une présidence désincarnée dans un monde qui réclame, plus que jamais, de l’épaisseur, du tragique, du courage ; bref, de la présence.

Emmanuel Macron aura sans doute marqué son époque. Mais à force de parler à la place de la France, il a oublié de la porter. Le pouvoir ne se décrit pas. Il s’incarne. Le reste n’est que performance.

Macron ou l’art de finir sans chute

Emmanuel Macron aura traversé la présidence comme un comédien surdoué sur une scène trop réelle. Il a brillé dans le monologue, excellé dans l’improvisation, mais jamais vraiment su conclure l’acte. Et à présent que le rideau tombe, le public hésite entre les applaudissements polis… et l’envie de sortir sans saluer.

Il s’en ira probablement sans effondrement, sans tragédie, sans panache – mais aussi sans héritage. Un Président qui a voulu moderniser la fonction jusqu’à la dissoudre. Ni aimé ni haï comme les autres. Simplement évité.

A mesure que son ombre s’efface, on mesure l’étrangeté de cette présidence : tant de mots, si peu de mémoire. Tant de «maîtrise», si peu de trace.

Tant d’intelligence, si peu de légitimité ressentie. Il n’a pas échoué, il s’est évaporé. Il n’a pas chuté, il s’est déconnecté. Il n’a pas transmis, il a clos la boucle d’un cycle républicain à bout de souffle.

A l’heure où la République tangue sous les coups d’une défiance généralisée, Emmanuel Macron laisse une démocratie sans souffle, sans récit collectif, sans incarnation crédible. Le costume était trop taillé pour l’époque, mais trop grand pour l’homme.

Il aura voulu faire entrer la politique dans l’ère du logiciel. Mais un pays n’est pas une start-up. Il ne se pilote pas à coup de dashboards, de sondages croisés, de récits performatifs. Un pays se porte. Avec le corps, avec la voix, avec le silence aussi.

Là où De Gaulle tranchait dans l’ambiguïté, Macron brode dans la complexité. Là où De Gaulle disait «Je vous ai compris», Macron dit : «Je vous ai entendu, mais je continue.» Et quand tout vacille – l’école, l’hôpital, la justice, l’autorité, l’énergie civique –, que reste-t-il ? Des discours brillants. Des diagnostics précis. Mais pas de colonne vertébrale.

Il ne suffit pas de présider. Il faut habiter la fonction, comme un roi républicain, non par droit divin, mais par verticalité assumée. La présidence ne se dit pas. Elle se tient.

A force de présider sans incarner, on finit par régner sans exister. Et la République, elle, finit par errer sans horizon.

A. B.

Comment (10)

    Anonymat
    8 juillet 2025 - 11 h 38 min

    A vrai dire, la cinquième république avec les immenses et presque illimités pouvoirs conférés au président, est morte le jour où De Gaulle à quitter la pouvoir, De Gaulle arrivant au pouvoir trouvant le pays dans un état lamentable surtout à cause de la guerre d’Algérie, voulant se protéger de l’armée et du futur OAS, il a voulu mettre en place un cadre qui lui permet d’avoir les coudés franches pour négocier, mais De Gaulle Homme du 18 juin, avait une certaine très haute idée du pouvoir, il a tout les pouvoirs a condition que le peuple consent, au lendemain de l’échec de son referendum perdu avec un écart d’a peine 500 000 suffrages, il s’est senti illégitime de rester ou d’occuper la fonction, une fois il est parti, tout ceux qui sont arrivés pas la suite sont justes des comédiens qui disposent de pouvoirs immenses et n’ont aucune véritable incarnation, vous imaginez De Gaulle se montrer sur la plage torse nu comme le faisait Giscard, ou De Gaulle tromper sa femme comme le faisait Mitterrand et Chirac, ou De Gaulle faire des courbettes à Bush fils comme le faisait Sarkozy, les deux derniers sont tellement lamentables qu’il n’y a vraiment plus rien à dire, la cinquième c’est De Gaulle sans plus, le costume est tellement grand que les nains ne peuvent le porter.

    Mohamed El Maadi
    7 juillet 2025 - 11 h 16 min

    (…)

    Dans son récent éditorial, *El País*, journal phare de la péninsule ibérique, n’a pas simplement dressé un portrait d’Emmanuel Macron, il a signé l’acte de décès politique d’un homme seul face à son propre mythe. Le président français, que l’on croyait porteur d’une nouvelle ère centriste, n’est plus qu’un sphinx déchu, prisonnier de sa verticalité monarchique et de son intelligence glacée, coupé du peuple qu’il gouverne.

    Macron, ce « one-man-show » technocratique, a cru pouvoir bâtir un empire politique sur l’illusion du consensus et de la raison froide. Mais la France est une nation vibrante, passionnée, parfois brutale, jamais docile à la formule savante. L’explosion sociale des “gilets jaunes”, l’essor durable de l’extrême droite, l’effondrement de ses ministres et alliés, tout cela n’est pas un accident, mais la conséquence logique de sa gouvernance arrogante et déconnectée.

    *El País* ne s’y trompe pas : en abandonnant les périphéries, en méprisant les fractures sociales, Macron s’est condamné à l’isolement politique. Sa dissolution de 2024 fut un aveu d’échec cinglant, un dernier coup d’éclat raté qui a renforcé les forces qu’il prétendait combattre. Le président est devenu le symptôme d’un naufrage intellectuel et moral, celui des élites déconnectées et de leur arrogance fatale.

    L’échec du macronisme ne tient pas seulement à un homme, mais à un modèle : celui d’une technocratie froide, qui pense pouvoir contenir le feu démocratique par la seule force de la raison et du discours construit. Or, le politique est plus viscéral que cela : il est émotion, identité, attachement. Et le vide laissé par Macron est celui d’un pouvoir sans affect, d’une République sans peuple.

    Le président que l’Europe avait salué comme un rempart progressiste est devenu un monarque sans royaume, un chef d’orchestre solitaire dans une symphonie dissonante. L’Espagne observe cette chute avec lucidité : Macron n’a pas échoué par hasard, mais par excès d’arrogance et par mépris des réalités sociales. Ce spectacle n’est pas seulement français, il est symptomatique des démocraties occidentales à bout de souffle.

    Il reste à savoir si la France saura apprendre la leçon. Ou si, engluée dans ses rancunes et ses divisions, elle s’enfermera dans le cycle infernal des colères populistes et des illusions technocratiques. En tout cas, Macron, vu d’Espagne, restera comme l’ultime sphinx : fascinant, énigmatique, et définitivement isolé dans sa tour d’ivoire.

    Nasser: Qui contrôle la France ?
    6 juillet 2025 - 21 h 18 min

    Qui contrôle la France ? Cette vidéo parle d’une poignée de familles. Elle résume comment cette oligarchie Française contrôle, par l’argent et l’influence, les secteurs stratégiques de l’économie française depuis des générations. https://youtu.be/AFvmplhmOBw?t=201

    Nasser: Selon Asselineau, Macron est un « cas psychiatrique » par ses délires.
    6 juillet 2025 - 21 h 08 min

    Macron est considéré, par le chef du parti UPR comme un « cas psychiatrique » par ses délires. Il est temps de se débarrasser de cette caste dirigeante incompétente, malhonnête et furieuse dont la vision fantasmatique démolit la France en la rendant une dépendance israélo-américaine. Dans la convocation de Macron, par Trump, à Washington, il ne manquait que la gestuelle de l’index lui signifiant de venir ! (…)

    Nasser: Macron grenouillant de la gauche à l’extrême droite sous l’emprise des lobbys sionistes,
    6 juillet 2025 - 21 h 02 min

    EXTRAIT de LECTURE:
    « Constatant une déchéance irréversible à l’horizon, Macron grenouillant de la gauche à l’extrême droite – aidé par ses médias aux ordres ou de grand chemin – s’évertue par la diversion et le mensonge à redorer son blason de président déprécié en glissant (imposant) des sujets qui dépassent ses capacités physiques et intellectuelles, à savoir braver, par exemple Poutine, Trump, voire toute l’Afrique dont l’Algérie, qui l’ignorent totalement autant que les Français déjà écœurés par ses lamentables échecs, ses gesticulations ridicules, son incompétence, son égoïsme, sa méchanceté et ses constantes fanfaronnades belliqueuses, surtout lorsqu’il se prétend le sauveur de l’Europe face à la Russie! Les Africains préviennent, tout quidam de cette espèce, qu’il doit d’abord faire confiance à son anus avant d’avaler une noix de coco !
    Les français doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes pour avoir fait confiance à des imposteurs qu’ils croient patriotes français, alors qu’ils le sont pour Israël en leur qualité de « sayan » exerçant et évoluant dans le système politique, économique, médiatique, social et diplomatique français. Leur but : soumettre les français en orientant sa politique extérieure et intérieure selon les objectifs stratégiques d’Israël par l’emprise d’associations ou lobbys sionistes, dont le CRIF. Cette France est devenue malpropre et infréquentable à l’international. Ce n’est pas un hasard s’ils sont qualifiés de « moutons ». » (AD)

    Nasser: Les sionistes gouvernent la France de De Gaule!
    6 juillet 2025 - 20 h 46 min

    Macron = Fillon = Hamon = Hollande = Sarkozy = Fabius = BH Lévy = Finkielkraut = Darmanin = Barrot = Retailleau = Attali = Castex = Attal = Borne = Barnier = Bayrou = Lecornu= Lecointre = Larcher = Wauquiez = Maréchal = Genevard = Onfray = Zimeray= Arfi = Zemmour = Bertrand = Ciotti = Estrosi = Driencourt = Knafo = Lugan = Menard = Sarkozy fils …= …= CRIF = sionisme en France !
    Ils ont abîmé la France en dénaturant ses valeurs, sa culture et en falsifiant son Histoire et aussi en entravant les bonnes relations avec presque le reste du monde utile ( Russie, la Chine, l’Afrique, le Maghreb, le Moyen-Orient et autres…) !
    A tous les français (Chrétiens, Musulmans, Juifs, Bouddhistes ou sans religion), vous savez maintenant pour qui voter pour sortir votre pays de l’intolérable dépendance Américano-Bruxello-Sionistes ! Vous avez tous les éléments qui permettent d’éliminer du paysage politique et médiatique ces menteurs, falsificateurs et manipulateurs !
    Il ne reste que 04 valables pour sauver votre pays :

    * de Villepin
    * Mélenchon
    * Asselineau
    * Phillipot

    A vous de jouer !
    Si aucun de ces 3 ne vous plait, alors, ils ne vous restent, pour sauver votre pays, que voter … Marine le Pen !

      Oud
      7 juillet 2025 - 22 h 28 min

      De villepin phillipot melanchon asselineau juste une opposition contrôler tous des republicain et la république c est la synagogue. Ceux qui sauvera la france est une monarchie royaliste

    🇩🇿 Fodil Dz
    6 juillet 2025 - 16 h 24 min

    « Je vous ai entendue, mais je continue. »
    Après 8 années passées à l’Elysée, le mozart de la finance a montré qu’il était également le beethoven de la gouvernance. L’arrogant macron a continué à faire la sourde oreille …

    Anonyme
    6 juillet 2025 - 12 h 51 min

    Ils ont élu une girouette,
    Désignée par défaut parmi un marécage politique en faillite morale, politique et financière.

    Moins on aura de relations avec ce marigot et mieux ce sera pour nous.

    BASTA

    kateb
    6 juillet 2025 - 9 h 31 min

    Boumezrag + l’excellence = de la belle rédaction…! Bravo

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