Le complotisme se niche dans les instances gouvernementales et au sein de la bourgeoisie française (II)

Bronner
Gérald Bronner, président de la commission du même nom. D. R.

Une contribution de Khider Mesloub – Pour cette Commission, entité inquisitoriale composée de «scientifiques», la science acquiert sa véracité et conquiert sa validité exclusivement de l’Etat, autrement dit du gouvernement Macron, le tout puissant omniscient et omnipotent président jupitérien, qui n’est pas un simple Dieu, mais le roi des dieux en matière de gouvernance et de connaissance.

A cet effet, l’Ayatollah Macron en voie de radicalisation, fanatiquement mobilisé dans une opération d’éradication de toute pensée politique hérétique et projet social alternatif jugé sacrilège, pour protéger son tyrannique régime militaro-sécuritaire vacillant, a fixé quatre objectifs à ses pasdarans, ces Gardiens de la République bourgeoise laïque et impérialiste française, en charge de la défense de l’orthodoxie économique libérale chaotique. Le premier vise à «définir un consensus scientifique […] sur l’impact d’Internet dans nos vies». Le deuxième consiste à «formuler des propositions» touchant à la fois à l’éducation, à la prévention, à la régulation et à la judiciarisation des «entrepreneurs de haine» en ligne (entendre : haine antisystème, qu’il faut donc museler. Car la haine raciste, notamment anti-arabe et antimusulmane actuellement virulente, n’est nullement visée. Aussi continuera-t-elle à être diffusée librement sur les chaînes de télévision et les ondes des radios françaises). Troisième objectif, «proposer de nouveaux espaces communs» en ligne promouvant «la démocratie», «la citoyenneté» et le «collectif». Enfin, la commission devra «développer une analyse historique et géopolitique» des menaces internationales auxquelles la France est aujourd’hui exposée sur Internet.

D’aucuns, non sans ironie, l’ont baptisé «ministère de la Vérité», en référence au chef-œuvre de 1984 rédigé par le romancier George Orwell. Car, sous couvert de lutter contre le complotisme, l’objectif de la commission consiste à imposer la Vérité officielle conçue par les élites politiques, médiatiques et intellectuelles d’obédience macronienne, c’est-à-dire la Macronie bourgeoise, cette religion du capital qui ne souffre aucun schisme politique, hérésie économique, hétérodoxie scientifique, dissidence informationnelle (taxée de complotisme).

De fait, cela revient à considérer la population française comme une masse inculte ayant besoin d’être éclairée par un aéropage d’esprits «cultivés», triés sur le volet par le brillantissime pouvoir macronien, renommé pour être composé par d’éminents intellectuels mondialement reconnus pour leur érudition encyclopédique et leur indépendance d’esprit.

Globalement, cette instance épistémologique moralisatrice est chargée de départager le vrai du faux, autrement dit de dicter Sa vérité scientifique et informationnelle fondée sur l’indiscuté et indiscutable paradigme gouvernemental, réputé pour son éthique en politique (cette science des mœurs œuvrant à l’adoucissement des comportements et à la perfection des conduites humaines, en d’autres termes à la chloroformisation des consciences) et pour sa morale économique philanthropique (œuvrant, comme tout le monde le sait, pour le bonheur de l’humanité, les 1% de la population mondiale, ces Elus de dieu-capital).

Curieusement, ce soudain intérêt pédagogique (idéologique) des puissants à éclairer les populations, censément perverties par les réseaux sociaux complotistes, se manifeste également parmi les dirigeants des plateformes, notamment Facebook, YouTube, Twitter, désireux également d’orienter et encadrer les débats scientifiques et politiques dans une perspective méthodologique officiellement garantie par les seules autorités gouvernementales. Ce souci pédagogique de moralisation s’exprime aussi au sein de la corporation médiatique, aux revenus alimentés essentiellement par les subventions étatiques, instance journalistique renommée pour son impartialité analytique, son indépendance professionnelle, la scientificité de ses articles élaborés avec des outils conceptuels maniés avec une conscience déontologique soucieuse de l’épanouissement intellectuel du lectorat et, surtout, de la vérité, c’est-à-dire celle de ses patrons, ses maîtres, les puissants.

Aujourd’hui, la classe dominante française est confrontée, outre à l’abstentionnisme électoral, à la discréditation complète de toutes ses institutions : étatiques, policières, politiques, éducatives, médicales, scientifiques, médiatiques, culturelles, massivement contestées, copieusement vilipendées. La bourgeoisie française a perdu la bataille des idées. De la confiance. Du contrôle idéologique. De la gouvernance, vilipendée et contestée.

A l’évidence, cette commission, sous couvert d’assainissement scientifique de l’information supposément vérolée, vise en réalité à promouvoir un processus législatif de judiciarisation de toute dissidence politique et informationnelle. En d’autres termes, dans cette période d’exacerbation de la lutte des classes et de radicalisation des mouvements sociaux, elle a pour dessein de criminaliser la pensée antisystème, le militantisme politique radical, la presse alternative. Et, dans cette phase d’aggravation des tensions internationales et de préparatifs de guerre, de «développer une analyse historique et géopolitique de l’exposition de la France aux menaces internationales», prétextes à l’embrigadement des esprits par la propagation virale de l’idéologie de l’union nationale et ses succédanés : discours populiste, rhétorique xénophobe, posture néocoloniale, politique impérialiste.

Pour preuve de la volonté d’encadrement totalitaire de la pensée, le président de cette commission macronienne, le sociologue Gérald Bronner, a évoqué la possibilité d’instaurer un Conseil scientifique qui, à l’instar du Conseil supérieur de l’audiovisuel en charge notamment de la répartition du temps de parole (et de la partition politique consensuelle que doivent jouer tous les politiciens pour pouvoir s’exhiber à la télévision), endosserait l’exécution de la même mission de surveillance policière avec les scientifiques, sélectionnés en fonction de leur célébrité médiatique mais, surtout, leur inféodation aux entreprises (pharmaceutiques, pétrolières, militaires, etc.) et leur proximité obséquieuse avec les instances gouvernementales. Assurément, cet instrument étatique de contrôle politique constituera un efficace moyen d’élimination de la pensée dissidente par l’institutionnalisation d’un «consensus scientifique» imposé par l’Etat, exclusif détenteur et dispensateur de l’imprimatur de la Vérité authentiquement certifiée.

Sans conteste, le gouvernement Macron vit dans une mentalité d’assiégé face à ce qu’il considère comme une entreprise de déstabilisation menée sur tous les fronts par les «activistes», en résumé les «complotistes», les Gilets jaunes, pour affaiblir sa glorieuse politique sociale exemplaire. En effet, le gouvernement absolutiste macronien cultive une mentalité d’assiégé.

Cette approche défensive et pessimiste est symptomatique d’une fièvre obsidionale qui s’est emparée du régime macronien en plein déclin. Le régime est persuadé d’être entouré d’adversaires, encerclé d’ennemis tapis au sein du pays. Ce faisant, à ses yeux cernés par la peur obsidionale, tout récalcitrant aux mesures coercitives, tout citoyen ne s’alignant pas sur l’agenda libéral du gouvernement devient potentiellement dangereux, un dissident, un ennemi qu’il convient, non de convaincre, faute d’arguments politiques probants, mais de vaincre par la peur, voire la terreur.

Or, on ne gouverne pas un pays par la peur et la terreur. Ni avec des imaginaires politiques paranoïaques. Ni avec les «tribunaux inquisitoriaux sionistes» ou les officines étatiques de censure et de bannissement. C’est un signe de fragilité gouvernementale, de fébrilité sécuritaire, de nervosité politique.

Avec Macron, cette politique obsidionale prend une dimension obsessionnellement pathologique. A trop cultiver le délire d’accusation complotiste, le gouvernement Macron a fini par perdre le sens des réalités. Corrélativement, à s’aliéner et à radicaliser la population française, exaspérée par les accusations de complotisme portées sans cesse contre les dissidents de la politique antisociale gouvernementale, les opposants de la politique sioniste de Macron, ces nouveaux refuzniks de la France totalitaire, notamment les militants pro-palestiniens.

Nul doute, le pouvoir Macron est en proie à une névrose dénommée complexe de Massada, la citadelle assiégée. Le complexe de Massada du régime macronien se manifeste par son autisme politique orgueilleux, son enfermement sécuritaire jusqu’au-boutiste, appuyés sur sa certitude fanatique d’être l’unique détenteur de la «vérité politique et économique», fondée sur les fondamentaux capitalistiques, face à l’ensemble du peuple français, animé uniquement, selon le pouvoir de Macron, par l’ignorance, égaré de surcroît par les réseaux sociaux administrés par des complotistes.

Et ce n’est pas par pur hasard que les accusations de complotisme aient pris de l’importance à notre époque moderne hautement numérisée. De nos jours, les médias dominants, autrement dit les médias consensuels défenseurs de la «vérité étatique et capitalistique», c’est-à-dire la parole divine des gouvernants et des grands patrons, sont concurrencés par les réseaux sociaux animés directement par des femmes et hommes du peuple, porteurs d’informations alternatives, par ailleurs inscrits dans une dynamique de purification idéologique et de démystification médiatique.

Assurément, en France comme dans tous les pays, l’avènement du numérique a bousculé le rapport à l’information, en particulier, et à la connaissance, en général. Avec la popularisation numérique de l’information et des connaissances savantes, la défiance, longtemps exprimée de manière latente, a pu se développer vis-à-vis des médias traditionnels dominants, avec une critique portant sur leur orientation idéologique dans l’interprétation et l’analyse de l’information, leurs mensonges et, surtout, leur arrogance.

Ironie de l’histoire, étonnamment, les réseaux sociaux remplissent le même rôle de «révolution culturelle» que les livres à l’époque de l’invention de l’imprimerie. De contre-pouvoir informationnel et politique.

Avec la fabrication et la diffusion massive des livres, favorisées notamment par des ateliers d’imprimerie clandestins, établis secrètement pour échapper à la censure des pouvoirs monarchiques et ecclésiastiques toujours prompts à excommunier de la communauté chrétienne tout hérétique (comme les grands groupes capitalistes du numérique – You Tube, Facebook, Twitter – bannissent tout membre accusé de contrevenir au discours dominant), les populations pouvaient accéder à des ouvrages interdits, souvent rédigés dans leur langue vernaculaire, vecteurs de paradigmes profanes subversifs et de représentations sociales sécularisées émancipatrices.

A la faveur de la popularisation du livre et du développement des connaissances impulsés au XVIe siècle, l’Europe rentrait, en effet, dans la modernité marquée par le basculement psychologique et intellectuel, matérialisée par l’émergence du règne de la Raison, du doute, de la liberté individuelle, du rejet des institutions, de l’Eglise, des vérités traditionnelles, de la croyance aux dogmes ; objectivée par le délitement de la fidélité au roi, l’assaut contre les autorités ecclésiastiques et nobiliaires, sur fond de combats intellectuels et politiques, de la diffusion de la pensée critique et du triomphe des sciences, favorisés par le développement extraordinaire des forces productives portées par la nouvelle classe révolutionnaire : la bourgeoisie.

Toute ressemblance avec notre époque de crise multidimensionnelle n’est pas fortuite : nous entrons dans une ère marquée par l’éveil d’une nouvelle conscience universelle et révolutionnaire, portée par le prolétariat mondial désormais foncièrement anticapitaliste et antisioniste, acculé à remplir sa mission historique pour accoucher de son nouveau monde fondé sur un inédit mode de production basé sur la satisfaction des besoins essentiels humains, et non sur le profit, l’accumulation du capital.

Par ailleurs, avant l’âge de l’imprimerie, notamment en France, l’Eglise triomphait sans difficulté de toutes les hérésies du fait de la maîtrise exclusive et du monopole total des moyens de communication (scripturaux). Les rares adversaires impies et libres penseurs, avec leurs libelles rudimentaires, ne pouvaient pas rivaliser avec les ecclésiastiques et les «hommes lige» féodaux dévoués à la royauté (les ancêtres des théologiens du capital contemporains et des plumitifs journalistiques actuels – les chiens de garde selon le livre éponyme de Paul Nizan paru en pleine florescence des mouvements pestilentiels nazis et fascistes, surgis sur fond de crise économique et sociale, ouvrage d’une brûlante actualité – œuvrant au service des grands groupes financiers, propriétaires de la majorité des mass média).

C’est grâce à la traduction et la publication de la Bible qu’eut lieu la «Réforme» (qui éclata en Europe au début du XVIe siècle, symbolisée par le besoin de réformer la religion et la vie sociale) ; à la diffusion des grandes œuvres humanistes de la Renaissance que purent éclater les Révolutions anglaise, hollandaise, américaine, française, s’illuminer les Lumières. Avec l’avènement de l’imprimerie et, corollairement, la diffusion massive du Livre, la nouvelle pensée critique cultivait le doute systématique à l’égard du discours scolastique et la connaissance dominante religieuse. L’Eglise romaine et les royaumes dynastiques ne tardèrent pas à être ébranlés sur leurs bases, puis balayés par l’Histoire. Comme la société capitaliste actuelle vacille sur ses fondements, menacée d’effondrement, sous l’effet conjugué de la crise économique systémique et de la crise de la gouvernance désormais contestée par le prolétariat.

Actuellement, avec l’entrée en crise de la société occidentale, notamment française, les vieux réflexes inquisitoriaux resurgissent. Ainsi qu’on l’observe aux Etats-Unis et en France, s’opposer au discours officiel et aux mesures liberticides du gouvernement devient un acte factieux, une opinion séditieuse. Les dissidents sont taxés de complotistes du seul fait qu’ils ne croient plus au discours dominant officiel.

Sans conteste, la classe dominante bourgeoise a perdu la bataille de l’endoctrinement idéologique depuis l’effritement de son monopole sur l’information permise par la démocratisation des réseaux sociaux. Et sa «science» politique et économique vénale et mortifère est désormais questionnée, contestée, réfutée par un peuple massivement instruit, doté de l’esprit critique.

 

L’histoire est truffée de ces impostures érigées en vérité. Et de vérités longtemps réduites à des impostures (aujourd’hui désignées sous la locution de «théories complotistes»), avant de triompher historiquement. Galilée était fausseté aux yeux des pouvoirs absolutistes royal et ecclésiastique avant de devenir certitude scientifique aux yeux du savoir universel. «Et pourtant elle tourne», avait-il lancé à ses détracteurs du tribunal de l’inquisition adepte fanatique de la théorie géocentrique.

Incontestablement, la Terre tourne. Tout comme la roue de l’histoire tourne, son mouvement rivé vers l’avant, poursuivant son inflexible ascension, en dépit des forces obscures du capital qui tentent de freiner sa progression, détourner sa voie sociale, dévoyer son orientation politique, dérailler sa trajectoire économique, pour la ramener vers les temps reculés du XIXe siècle, époque marquée par la paupérisation généralisée, l’absence de droits politiques et sociaux, ligotée par l’absolutisme gouvernemental. Ces forces obscures du capital fanatiquement résolues de nous persuader de la justesse et de la véracité de leurs agendas économiques et de leurs entreprises de manipulation politique.

Sans conteste, avec l’introduction d’internet, en général, et la généralisation des réseaux sociaux, en particulier, nous sommes rentrés dans l’ère de la défiance systématique à l’égard de la pensée dominante et du discours journalistique idéologique vénal. De là s’explique l’affolement des gouvernants et des puissants assistant à la débâcle de «leurs sciences politique et économique» vénales et de leur «vérité bourgeoise», vilipendées et répudiées massivement par les peuples dotés d’esprit critique et de tempérament rebelle.

Selon les gouvernants, décontenancés par l’expansion de «l’incroyance médiatique», cette nouvelle hérésie illustrée par le rejet de la parole journalistique longtemps divinisée, il s’agit d’une véritable «crise de la connaissance», nommée par certains spécialistes l’ère de la «post-vérité». En d’autres termes, l’ère de la mort de la vérité officielle de la classe dominante en déclin. Or, la mort de cette «vérité bourgeoise» catégorielle est assimilée par les médias à la mort de la vérité ontologique universelle. Comme la mort de la croyance en Dieu en Occident fut associée à la fin de l’humanité par les anciennes classes féodales et les hommes d’Eglise. Au contraire, elle marqua la Renaissance des humanités, donc de l’homme nouveau, moderne, libre, producteur de sa vie et créateur de ses œuvres.

La «crise de la connaissance» et de la «vérité officielle» actuelle sonnent le glas de la société bourgeoise vérolée. La société capitaliste se meurt, aidons-la à mourir ! Nous sommes garantis de recouvrer notre paradis terrestre, transformé en enfer par le règne méphistophélique de la bourgeoisie prédatrice, dominatrice, exterminatrice.

Une classe régnante en déclin, en France ou dans un tout autre pays, assimile toujours la fin de son monde à la fin du Monde. Or, il n’en est rien. La fin du monde bourgeois que nous entrevoyons actuellement à Paris comme Washington, pour ne citer que ces deux nations agonisantes, marque la naissance du nouveau monde, porté par l’humble humanité prolétarienne en pleine effervescence sociale et conscientisation politique, animée par le doute systématique et la défiance absolue à l’égard de la contemporaine société mortifère, doublée de l’assurance en sa force militante combative pour bâtir sa future société sans classe, fondée sur des rapports sociaux égalitaires authentiquement humains, expurgée des impostures gouvernementales et des mensonges médiatiques.

K. M.

(Suite et fin)

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