Blackout total des médias français sur la rencontre Tebboune-Philippe
Pas un mot sur la visite informelle du Premier ministre algérien à Paris dans la presse française. Bien que ne revêtant – apparemment – aucun caractère officiel, la rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et son homologue, Edouard Philippe, à Matignon, méritait tout de même d’être «effleurée» par les médias si prompts à rendre publics les moindres déplacements du roi du Maroc en France, lors de ses visites privées, par exemple.
Certes, Tebboune n’est pas le président de la République. Mais la présence d’un officiel algérien de ce rang à Paris et une réunion avec le chef de l’Exécutif français, fût-elle «informelle», a de quoi susciter des interrogations des deux côtés de la Méditerranée. Pourquoi ce blackout ? Les Français sont-ils gênés par cette «escapade estivale» du Premier ministre algérien ? Voulaient-ils la garder secrète pour ne pas perturber les vacances du successeur de Sellal ? Cherchaient-ils à lui éviter les foudres d’un Rachid Nekkaz qui a fait de l’agitation contre les hauts fonctionnaires algériens dans l’Hexagone sa raison d’être ? Possible.
Ce qui est sûr, néanmoins, c’est que le déplacement d’Abdelmadjid Tebboune en France et la couverture médiatique – officielle et officieuse – qui s’en est suivie, ici en Algérie, trahit un malaise quelque part. Quelle en est la cause ? Est-ce dû à la réaction négative de la rue à l’hospitalisation du président Bouteflika au Val-de-Grâce ? Est-ce la conséquence d’une appréhension née des révélations sur les biens de dignitaires du régime en France, dont ceux de l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, et de l’ex-ministre de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb, entre autres ?
Les médias français ne se sont pas interrogés sur les raisons de la rencontre entre les deux hauts responsables, bien que les sujets d’une brûlante actualité soient nombreux. Abdelmadjid Tebboune et Edouard Philippe viennent d’être désignés Premiers ministres, et les deux hommes ont besoin de se connaître et de discuter de vive voix, tant beaucoup de dossiers demeurent en suspens, à commencer par celui des investissements français en Algérie et de la polémique suscitée par le nombre anormalement élevé de refus de visas aux Algériens ces derniers mois.
Karim Bouali
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