Lutte contre le terrorisme au Sahel : retour à la case départ

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Patrouille de l'armée malienne à Gao, dans le nord du Mali. D. R.

Par Sadek Sahraoui – Cinq années ont passé depuis le lancement par la France de deux opérations militaires, Serval et Barkhane qui mobilisent 4 000 hommes, pour lutter contre le terrorisme au Sahel. La France n’est, néanmoins, pas le seul pays dont les soldats crapahutent dans la région. De nombreuses autres nations sont impliquées dans la lutte contre le terrorisme dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui compte près de 12 000 hommes. Cet impressionnant dispositif a été renforcé en 2017 par la mise en place par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad du G5 Sahel, une force composée de 4 000 à 5 000 soldats et soutenue également par la France.

Malgré cet impressionnant dispositif de forces, les résultats ne suivent pas. Ou du moins, ils sont bien en deçà des attentes. Les groupes terroristes que la France s’était promis de détruire en 2013, lorsqu’elle avait décidé de voler au secours au Mali, n’ont pas disparu. Les attaques sanglantes menées ces derniers mois contre des positions des armées malienne, nigérienne, burkinabè ou nigériane laissent même penser qu’ils se sont renforcés.

Les groupes terroristes les plus actifs dans la région sont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Dirigé depuis sa création en 2017 par Iyad Ag Ghali, le GSIM est une alliance de quatre groupes terroristes ayant prêté allégeance à Ayman Al-Zawahiri, l’émir d’Al-Qaïda. En revanche, l’EIGS, dont le gros des éléments vient du Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest) est liée à Abou Bakr Al-Baghdadi et est née le 15 mai 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune. Son chef est Adnane Abou Walid Al-Sahraoui.

S’il ne fait aucun doute que les monarchies du Golfe (notamment le Qatar) ont pendant longtemps financé, via des organisations caritatives, les activités du groupe criminel d’Iyad Ag Ghali, il est établi aussi que les services marocains ont noyauté le Mujao dans le but de déstabiliser l’Algérie. Le Mujao, dont la raison d’être était pourtant d’activer en Afrique de l’Ouest, a mené de nombreux attentats dan le Sud algérien.

La résilience dont font preuve les groupes terroristes au Sahel et plus largement les groupes criminels en Afrique s’explique beaucoup d’ailleurs par le fait qu’ils sont infiltrés, financés et manipulés par des acteurs étatiques locaux et étrangers. Le terrorisme est entretenu à la fois pour affaiblir les pays de la région et justifier des présences militaires étrangères massives en Afrique. Il arrive aussi, comme c’est dans le cas dans le nord du Nigeria, que des puissances étrangères se livrent à des guerres secrètes par des groupes terroristes interposés. Ce sont tous ces éléments qui font que la lutte antiterroriste au Sahel donne l’impression aujourd’hui de faire un pas en avant et deux en arrière. C’est en somme un perpétuel retour à la case départ.

S. S.

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