Quand le pape prend la défense des coupables et néglige les victimes

Au début de la colonisation de l’Algérie, Bugeaud, Saint-Arnaud, Trézel, Cavaignac, Youcef, entre autres officiers, avaient ouvert la chasse aux Algériens, devenus indigènes. 4 000 hommes, sous le commandement de Pélissier et Saint-Arnaud (alors colonel et lieutenant-colonel) et Sidi el-Aridi (un collabo, khalifa de la France pour les tribus soumises de la vallée du Chéliff, à la tête d'un goum de plus de 200 cavaliers), traquent les Algériens. Les directives de Bugeaud sont formelles: «Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, fumez-les à outrance comme des renards.» Ce qui se produit. Une partie de la tribu révoltée des Ouled Riah se réfugie dans une grotte du Dahra, profonde d’environ cent quatre-vingts mètres. Les Ouled Riah utilisent de longue date cet abri séculaire qui leur servait à échapper aux mehallas des deys turcs. Pris au piège, ils envisagent un moment de demander «l’amane», la confiance, mais les pourparlers ayant échoué, Pélissier, afin de précipiter le dénouement, fait allumer un brasier à l’entrée de la caverne. Un courant d’air active le foyer et entraîne à l’intérieur un flux brûlant de fumée. Le lendemain, près de 500 morts, de tous âges et tous sexes, hommes, femmes et enfants asphyxiés, seront dénombrés (760 selon un officier espagnol attaché à l'état-major de Pélissier). Révélée, cette affaire secoue le gouvernement de Paris, Bugeaud couvre son subordonné. Le ministre de la Guerre ne le désavoue pas. Deux mois après, intervient une tragédie identique dans le nord du massif. Les Sbeâ ont cherché refuge dans une autre grotte. Faute de possibilités de conciliation, Saint-Arnaud fait murer les entrées et n’en dissimulera pas les résultats : «Le 12, je fais hermétiquement boucher les issues, et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes, personne… que moi ne sait qu’il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les Français.» Un rapport confidentiel a tout révélé au maréchal, simplement, sans poésie terrible ni images. Il ajoute : «Ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût.» Le dossier des emmurés de Saint-Arnaud restera confidentiel. Paris n’en apprendra rien sur-le-champ. Par contre, les tribus voisines n’ignoreront pas le sort de leurs coreligionnaires. Ceci a duré 132 années. L’Algérie était tout à fait dominée par le colonialisme français. Pour la conquête totale de l'Algérie, Bugeaud mena à partir de 1841 une guerre ravageuse fondée sur la razzia et la dévastation systématique des régions insoumises : massacres et destructions totales des dechras (douar). A Orléansville, aujourd’hui Chlef, le 11 juin 1845, Bugeaud conseille ceci à ses subordonnés pour réduire la résistance des populations de la région du Chéliff : «Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbeâ ! Enfumez-les à outrance comme des renards.» La répression est rapide et rigoureuse : le colonel Pélissier n'hésite pas à asphyxier plus de 1 000 personnes, hommes, femmes et enfants des Ouled Riah, qui s'étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-el-Frechih, dans le Dahra (triangle Ténès, Cherchell, Miliana). Un soldat français écrit: «Les grottes sont immenses ; on a compté 760 cadavres ; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quarts morts; quarante n'ont pu survivre; dix sont à l'ambulance, dangereusement malades ; les dix derniers, qui peuvent se traîner encore, ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus ; ils n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines.» Après son forfait, Pélissier répond à quelques bonnes consciences inquiètes : «La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables.» Le prince de la Moskova, fils du maréchal Ney, fait une interpellation à la Chambre des Pairs. Cela n'empêche pas Pélissier d'obtenir son bâton de maréchal et d'être nommé gouverneur général de l'Algérie de 1860 à 1864. Le 12 août 1845, Saint-Arnaud à son tour, près de Ténès, transforme d'autres grottes «en un vaste cimetière», «cinq cents indigènes» y furent enterrés, écrit-il dans son rapport. Quelque temps après, des centaines d’Algériens, hommes et femmes, la plupart faisant partie de la résistance de l’Emir Abdelkader, furent déportés à la Nouvelle-Calédonie. Un aller sans retour, déracinés de leur pays, de leurs familles et de leurs épouses et enfants. Un terrorisme contre l’humanité. Une déportation plus terrible que la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le chef de l’armée de l’Emir Abdelkader, Fendi Abdellah ould Sidi Slimane Bousmaha, blessé lors de la bataille d’El-Macta avec son adjoint Amar le Kabyle, sont transférés en France et emprisonnés au bagne de Toulon ; Fendi Abdellah fut exécuté en 1872, selon l’acte de l’état civil, son adjoint Amar le Kabyle se donna la mort dans le même bagne en apprenant l’exécution de son chef. Les documents de l’état civil de la commune de Benfréha, ex-Legrand (Oran), rédigés par l’autorité française, attestent et témoignent cet événement dramatique. A la fin de cette occupation qui a duré 132 ans, Oran, seconde grande ville d’Algérie, vivra une tragédie sanglante provoquée par l’OAS (Organisation de l’armée secrète), issue des militaires et politiques français auteurs du putsch de 1961 contre le général de Gaulle. Les superviseurs des massacres étaient Tassou le Grec, Athanase le tenancier du Café riche, Pancho le gitan et Papa Benichou le juif. Ils ont exécuté une vraie opération de la terre brûlée. Ils sont, pour l’histoire, derrière les attentats les plus meurtriers d’Oran du mois de février au 30 juin 1962. Ces nostalgiques de l’Algérie française n’avaient pas hésité à commettre les crimes les plus barbares. Des attentats aux braquages des banques, ils dirigeaient les opérations d’assassinats d’Algériens et d’Européens favorables à la paix. L’OAS a assassiné durant cette courte période du cessez-le-feu des centaines de civils innocents, on dénombrait aussi plus de 500 blessés ou mutilés en plus d’un nombre d’Européens civils et militaires pacifistes. Les opérations les plus sanglantes furent l’explosion de la bombe en ville nouvelle le 28 février 1962 qui a coûté la vie à une centaine d’Algériens à une heure avant la rupture du jeûne en ce mois de Ramadhan. Une voiture piégée bourrée d’explosifs, immobilisée en stationnement juste devant Boulehya, le marchand de confiserie. Il y a eu aussi le plasticage à deux reprises d’un hôtel et l’incursion avec la complicité de quelques gardiens à la prison civile d’Oran pour assassiner les militants du FLN emprisonnés. La période de la proclamation du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie est très importante pour tous les indépendantistes algériens et pacifistes européens. C’est au mois de mars 1962 que les accords d’Evian ont été conclus, validés et signés, et à la même période des groupes armés portant la nationalité française (Français, juifs, Espagnols… et collabos algériens) ont amplifié leurs attaques criminelles contre le peuple algérien et les Français pacifistes, sous la bannière de l’OAS. C’était le mois, également, où certains Algériens aujourd’hui devenus grands responsables politiques et grands patrons ont pris le train de la résistance. Ce ramassis, qui n’a jamais participé à la lutte pour l’indépendance, est sorti de son trou, habillé en kaki ou en tenue léopard achetée auprès de militaires français,portant des brassards où il était «FLN» ou «GPRA», faisant croire au brave peuple des deux communautés qu’ils étaient des maquisards, des fedayin, des combattants de la liberté, bref, des moudjahidine. Ils se sont rués sur les fermes des colons et les villas des pieds-noirs, ils ont ramassé tout ce qui avait de la valeur et se sont installés dans les meilleures villas et immeubles abandonnés par leurs occupants, avant de se faire appeler par des sobriquets tels Si Flane el 24, Si Feltane bazooka, Si Ali Bangalore, Si Kaddour el Blendi, Si Aïssa el Qannas… Ils deviennent des pseudo-combattants de la résistance, imposant à ce jour leur «influence». Mars 1962, s’il pouvait parler, il nous montrerait toute cette pourriture d’imposteurs, il vomirait ces opportunistes et leurs progénitures, qui se sont accaparé des avantages et biens réservés au malheureux peuple qui a voté le 3 juillet «Oui» à l’indépendance. Ils avaient presque tout raflé, pendant que le brave peuple algérien et des Européens fêtaient la fin d’une guerre, la fin d’un drame qui a endeuillé les deux communautés. Les vrais patriotes étaient occupés à la défense contre les actes de l’OAS. La colonisation française de l'Algérie s'est terminée en drame avec les explosions nucléaires au Sahara algérien. Le pape ne s'est jamais exprimé à ce sujet, mais il cible l'Iran, tout simplement parce que ce n'est pas un pays chrétien.
Cheikh Hamdane
 

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