Les islamistes tunisiens veulent investir la rue ce vendredi

«Jomaât himayet al-charaâya» (vendredi de la protection de la légalité), tel est le mot d’ordre sous lequel veulent défiler, vendredi 2 mars, les islamistes pro-gouvernement d’Ennahdha au centre-ville de Tunis. Cette manifestation se veut une réponse à celle des démocrates qui se sont rassemblés, samedi dernier, par milliers, devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement islamiste provisoire –«Chaâb yourid iskat el-houkouma» (le peuple veut la chute du gouvernement) — et dénoncer plusieurs attaques des locaux de la centrale syndicale perpétrés par des groupuscules soupçonnés d’appartenir au parti islamiste Ennahdha au pouvoir en Tunisie. Le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi, avait aussi dénoncé, à cette occasion, la tenue de la conférence des «amis de la Syrie» à Tunis. «Un complot impérialiste et sioniste, une initiative qui ouvre la voie à l’ingérence étrangère», avait-il estimé dans son discours sur la place Mohamed-Ali à Tunis. L démonstration à laquelle se préparent les partisans de Ghannouchi et de son chef du gouvernement Jbali devrait, avoir lieu, selon nos sources, sur l’avenue Habib-Bourguiba. Ses initiateurs veulent dénoncer l’opposition «laïque» ; ils commencent à insulter déjà sur les réseaux sociaux quelques têtes de file comme l’homme d’affaires tunisien Kamel Letaief ou encore l’ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, soupçonnés, eux aussi, de vouloir attenter à la «révolution» islamique en Tunisie. Enfin, soutenant implicitement la démarche des islamistes, le président provisoire, Moncef Marzouki, vient de demander à l’Assemblée constituante de promulguer une loi punissant le blasphème. Un communiqué de la présidence de la République a motivé cette «sortie» par le fait que ce «phénomène» (le blasphème) serait en forte recrudescence en Tunisie, une terre puritaine. Quant au conflit opposant l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le mouvement Ennahdha, la présidence tunisienne estime qu’il est «naturel qu'il y ait des différends entre les composantes de la société civile et les partis politiques dans les sociétés démocratiques» tout en exprimant la crainte que «ces réactions aient un rapport avec les équilibres nés après les élections». Une manière d’appeler implicitement tous les «légalistes» à descendre dans la rue ce vendredi, après la prière.
Aïcha K.
 

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