Saïd Aqil Siraj : «Les Etats-Unis financent l’idéologie salafiste»

Le président de l’Association des oulémas d’Indonésie, Saïd Aqil Siraj, est convaincu que les Etats-Unis sont les principaux responsables de la propagation de l'idéologie salafiste, qui a causé, selon lui, «de grand torts à l'islam», rejetant dans le même contexte l'existence des «soi-disant guerres saintes». Titulaire d’un doctorat de l’université d’Umm Al-Qura à la Mecque, et connu pour ses opinions éclairées, Saïd Aqil Siraj a fait cette déclaration lors d’une conférence à l’université d’Alger, comme pour faire pièce à l’invitation faite au prédicateur extrémiste Aidh Al-Qarni, quelques semaines auparavant, par une association islamiste algérienne, pour donner une conférence dans l’enceinte de la même université.
Il considère que le salafisme est «une menace pour l'islam et les musulmans, tant que ses promoteurs jugent que leur approche est la plus viable, qu’ils essaient d’imposer par la force, ce qui est incompatible avec les enseignements de l'islam et de la sunna».
Selon lui, «le Prophète Mohammed n'a pas instauré un Etat islamique à Médine, mais plutôt un Etat civique et civilisé ayant institué l’égalité en devoirs et en droits entre musulmans et non-musulmans». Plus audacieux, il ajoutera : «A mon avis, il n’existe pas de guerre sainte à partir du moment où l'islam est contre l'effusion de sang.»
Le Dr Siraj a parlé de l'expérience de l'Indonésie, la plus grande démocratie en terre d’islam, en expliquant que l'idéologie salafiste y a émergé au début des années 1980. «Comment pouvons-nous en tant que musulmans, lancera-t-il, accepter une idéologie alimentée et financée par les Etats-Unis ?» Il rappelle que cette connexion a commencé à l’époque du président Ronald Reagan, qui a financé Oussama ben Laden, à coups de millions de dollars, pour s’opposer aux Soviétiques en Afghanistan. Les Américains continuent sur la même lancée, en soutenant aujourd’hui les rebellions islamistes contre les régimes hostiles à la politique impérialiste.
Ghania B.

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