CNAN : les marins en veulent à leur direction et à la tutelle
Le personnel navigant marin de l'entreprise de transport maritime International Bulk Carriers (IBC) tient en ce moment même un sit-in devant le ministère des Transports. Selon M. Khalef Farid, syndicaliste, contacté par algeriepatriotique, ils sont une soixantaine à attendre un signe de la part du ministre, Amar Tou, malheureusement, c'est le silence complet. «Nous voulons bien engager d'autres pourparlers avec le département de Tou, mais, il nous ignore et fait la sourde oreille, comme toujours », fait-il savoir, en ajoutant: «d'autres marins nous rejoignent de plusieurs villes du pays et nous ne bougerons pas d'ici, jusqu'à ce qu'ils nous promettent de garantir nos droits». Notre interlocuteur affirme qu'ils accepteront d'être déployés dans d'autres entreprises maritimes, uniquement à cette condition.
Le personnel navigant marin de l'entreprise de transport maritime IBC, filiale de la société CNAN Group, au chômage depuis janvier 2011, a décidé de recourir à la rue pour obtenir ses droits. «Notre situation alarmante a causé la mort de deux de nos collègues, victimes d’une crise cardiaque», déplore un marin. Après de vains pourparlers avec le DG d'IBC, qui leur a avoué ne rien pouvoir faire en arguant que les caisses étaient vides, les marins se sont dirigés, dimanche, vers le siège du ministère des Transports où ils ont tenu un sit-in.
M. Youtichène, le SG du syndicat, a déclaré à algeriepatriotique que cette démonstration de force «n'a rien donné». «Un représentant du département de Amar Tou nous a affirmé que notre déploiement provisoire au niveau d'entreprises portuaires et maritimes est en cours, en attendant le rapatriement des navires, mais qu’il n'était pas question de nous payer», s’insurge-t-il. Les employés réclament une attestation signée par l'entreprise IBC et la tutelle, qui garantirait la protection de leurs droits, mais cela paraît impossible, nous dit-on.
«La P-DG du groupe, Mme Younès, considère que nous ne faisons par partie du Groupe CNAN» qui détient 49% du capital d'IBC, déplore M. Youtichène, qui indique, sur un ton résolu, que «nous refusons de subir le même sort que les employés de Khalifa qui n'ont toujours pas obtenu leurs indemnités à ce jour».
Le SG du syndicat explique que les travailleurs de la CNAN mis au chômage représentent près de deux cent cinquante familles qui vivent une situation précaire. «Cela ne peut plus durer », affirme notre interlocuteur qui nous a informé qu’un nouveau sit-in sera organisé ce matin devant la tutelle : «Nous ne bougerons pas, quoi qu'il arrive !» menace-t-il en rappelant que cette situation s'appliquait même aux marins qui avaient été pris en otages par des pirates somaliens et qui «n'ont pas reçu d'indemnités ni de salaires depuis près d'un an».
Le syndicat revendique la régularisation des arriérés des salaires et des charges sociales, conformément au contrat de cession, ainsi que le paiement des indemnités de retraite et celles relatives aux arriérés des salaires des marins du M/V Blida otages des pirates somaliens. Il veut également connaître le sort réservé enfin à IBC et à son personnel.
IBC a établi, en 2007, un partenariat avec la société étrangère Pharaon Group, gérée par des Jordaniens et des Saoudiens. Il était prévu que ladite société prenne en charge les employés algériens pendant cinq ans. Mais un litige est survenu et les employés ont été renvoyés et les huit navires algériens, dont trois sont restés en Grèce et cinq en Asie, sont à l'abandon.
Mohamed El-Ghazi