Des ONG révèlent : les milices libyennes torturent les Africains

Les migrants qui se trouvent en Libye vivent l’enfer : mauvais traitements, violences physiques, humiliations, extorsion de sommes d’argent, travail inhumain, etc. C’est ce qu’a révélé une enquête menée par trois ONG internationales, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Justice sans frontières pour les migrants (JSFM) et Migreurop. S’appuyant sur des faits concrets, fruit d’un travail mené sur terrain du 7 au 15 juin, ces organisations de défense des droits de l’Homme font état d’un «climat de xénophobie» qui règne dans le pays qui s’enfonce dans une guerre civile qui ne dit pas son nom. «Capturés au passage de check-points ou arrêtés chez eux, les étrangers considérés comme "illégaux" sont conduits dans des camps gérés par des phalanges de miliciens hors de tout contrôle des autorités gouvernementales. Leurs conditions de vie y sont déplorables et indignes », soulignent ces organisations dans ce rapport dont «algeriepatriotique» détient une copie. Ces violations des droits fondamentaux des migrants sont favorisées par l’absence d’un pouvoir central «capable d’assurer la gouvernance de la Libye». «Des milices armées se sont adjugé la mission et le pouvoir de gérer la question des migrants, hors de toute légalité», dénoncent-elles, affirmant que les migrants sont traqués partout dans le pays, arrêtés, maltraités et enfermés dans des camps qui ne répondent même pas au strict minimum pour leur survie. Les milices libyennes qui n’ont ni foi ni loi prennent comme cible principale les ressortissants subsahariens, justifiant leurs «agissements illégaux» par le «nettoyage de la Libye» d’immigrés clandestins. La délégation a fait le même constat «inquiétant» dans cinq de ces camps d’enfermement à Tripoli, Gharyan (dans les monts de Nafousa) et à Benghazi. Elle a constaté la présence de femmes, d’enfants en bas âge, de mineurs non accompagnés et de malades. Migrants et réfugiés vivent dans l’angoisse du futur en l’absence de toute perspective de solution légale ou de possibilité de recourir à des instances nationales ou internationales. Ces ONG s’inquiètent surtout de la large expression de racisme, particulièrement à l’encontre des Africains noirs. Accusés au moment du conflit d’être des «mercenaires de Kadhafi», ils sont maintenant victimes des «préjugés» selon lesquels les migrants apporteraient dans le pays des maladies et de la drogue. «Pour les réfugiés en provenance de la Corne de l’Afrique, il n’existe pas plus de possibilité de trouver une protection sûre dans les pays voisins qu’en Libye», avertissent ces ONG. La délégation dit avoir constaté, tant dans les camps de rétention que dans les quartiers défavorisés de Tripoli où ils se cachent, que les réfugiés érythréens, somaliens ou éthiopiens ne bénéficient d’aucune protection et qu’ils survivent dans la plus grande insécurité sur le plan légal, tandis que sur le plan social, ils ne disposent d’aucun droit de séjour ni de travail. Ces ONG évoquent même l’existence «d’un système complexe de réseaux mêlant des trafiquants, des milices armées et des entrepreneurs sans scrupule, qui profitent de la vulnérabilité des migrants pour leur extorquer des sommes d’argent (de 700 à 1000 dollars) et les exploiter tout au long des routes migratoires». «L’absence actuelle de tout dispositif judiciaire capable de faire la lumière sur les crimes commis et de juger les véritables coupables rend très difficile une réconciliation à court terme, et laisse la porte ouverte aux actions individuelles de revanche», préviennent-elles, tout en appelant l’Occident à agir rapidement pour mettre fin à cette situation des plus dramatique.
Sonia Baker

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