Un ancien général déconseille à la France d’intervenir au Mali

L'ancien général et ex-directeur du collège Interarmées de la Défense, Vincent Desportes, prévient la France contre les conséquences d’une intervention militaire au Mali. Dans une interview publiée aujourd’hui dans l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, cet expert en opérations militaires estime que «la marge de manœuvre de la France est réduite». Selon lui, tout dépend du projet stratégique. S'il s'agit ainsi de tenir l'ensemble du Mali, il faudrait envoyer, d’après lui, un contingent important au vu de l'étendue du pays. «Difficile de dire combien d'hommes seraient nécessaires, mais il me paraît impossible pour la France d'intervenir. Nos troupes sont réduites du fait qu'elles sont déjà engagées sur d'autres théâtres d'opérations, en Afghanistan notamment», précise-t-il. Cet ancien général souligne que la plus grande contrainte constitue de l’immensité du territoire malien et de sa nature désertique qui complique davantage le mouvement des troupes militaires et de déplacement de la logistique. «Pour le faire, il faut de gros moyens de transport. Certes, nous avons de nombreux hélicoptères mais ils sont limités car engagés ailleurs», précise-t-il tout en insistant sur «l'extrême dureté du climat, surtout en ce moment, qui rend toute intervention sur le terrain très pénible». Il soulève également la nature des troupes de l’armée française qui ne sont pas toutes apte à partir en guerre. «Les forces spéciales par nature sont habituées mais elles ne partent pas en guerre. Celles qui sont le plus naturellement entraînées sont les forces de la brigade parachutiste. Mais il est évident que l'ensemble des troupes françaises n'est pas apte à aller combattre au Mali. Elles sont entraînées en fonction des objectifs qu'elles préparent. Notre matériel a été adapté à la guerre en Afghanistan, nous avons modifié tous nos véhicules PC et de combats. Alors, demander d'un coup à l'armée de basculer d'un conflit majeur à l'autre avec un climat et une configuration différente, c'est difficile. Une armée, comme la nôtre, ne peut préparer qu'une guerre à la fois», relève-t-il. Pour chasser, affirme-t-il, les groupes terroristes islamistes qui occupent le Nord du Mali, il faudra une opération de longue haleine qui s’inscrira dans la durée. Cependant, estime-t-il, ce que la France peut faire, c’est d’aider l’armée malienne à reprendre le contrôle du nord du pays en formant ses troupes et en l’équipant en armement. Elle peut également accompagner cette armée par ses moyens satellitaires pour l’aider à atteindre des cibles précises. Cet expert intervient au moment où la France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, insiste sur la nécessité d’intervenir militairement au Mali. Une option à laquelle s’est opposée l’Algérie, qui en connaissance de cause, privilégie la solution politique pour éviter la dégradation de la situation.
Sonia B.

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