Les armateurs étrangers imposent leur diktat

Avec une flotte nationale réduite à sa plus simple expression, les armateurs étrangers ont fait main basse sur le secteur du transport maritime de marchandises.  Favorisés par la réglementation, ils imposent aux opérateurs économiques algériens leurs prix, engendrant des pertes importantes à l’économie nationale. Cette situation gonfle la facture des importations de services estimées à 12 milliards de dollars dont 3 milliards concernent le transport maritime de marchandises, selon des experts ayant pris part à une conférence organisée par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) sur le transport maritime de marchandises. Ainsi, pour le fret, les tarifs en Algérie affichent un excès d’au moins 10%, soit un surcoût de l’ordre de 200 millions de dollars par an, a indiqué Abdelhamid Bouarraoudj, expert en transport maritime. «Un conteneur de 20 pieds est loué sur le marché international à 1,20 dollars/jour, soit pour une période de 90 jours 108 dollars, alors qu’il est facturé aux réceptionnaires algériens selon le barème appliqué actuellement pour la période de 90 jours moins la franchise à …. 2 119 dollars, soit une marge de 1 962%», a-t-il révélé. Les pertes sur le fret maritime, les surcoûts liés aux surestaries conteneurs et les surcoûts liés aux frais de manutention totalisent 650 millions dollars. Avec cette somme, l’Algérie peut s’offrir plus de 25 navires de ligne adaptés aux trafics de ligne algéro-européens, a indiqué Abdelhamid Bouarroudj. «Le coût moyen d’un conteneur à l’importation est de 858 dollars en Tunisie, de 950 dollars au Maroc et de 1 318 dollars en Algérie. A l’exportation, le même conteneur coûte en moyenne 733 dollars en Tunisie, 577 dollars au Maroc et 1 248 dollars en Algérie, soit un surcoût moyen annuel par rapport aux pays voisins de 400 millions de dollars», a-t-il ajouté. Les armateurs étrangers tirent profit du déclin de la flotte nationale et notamment de la compagnie nationale de transport maritime Cnan qui n’a guère plus que 14 navires alors qu’elle disposait de 80 navires durant les années 1980 et était classée parmi les 50 premières mondiales. «L’âge moyen de la flotte Cnan est aujourd’hui supérieur à 30 ans (entre 30 et 35 ans) correspondant à celui de la démolition», déclare Abdelhamid Bouarroudj. En 1996, l'effectif dans le secteur algérien du transport maritime des marchandises était de 3 897 employés. En 2012, il n’est plus que de 739, soit une baisse de 81%.
Sonia B.
 

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