Le Mujao s’adresse à une radio : pas un mot sur les otages algériens

Celui qui est présenté comme le patron de la sécurité du Mujao et son chef d’état-major aussi, Oumar Ould Hamaha, a parlé à une radio privée malienne et, curieusement, le sort des otages algériens n’a été abordé à aucun moment de cette «interview exclusive». Les journalistes qui l’ont interviewé n’ont pas cherché à connaître la situation des otages puisqu’ils ne lui ont pas posé de question à leur sujet et lui-même n’a pas pris l’initiative d’en parler. Le mystère demeure donc entier de ce côté. Mais sur d’autres points, on en sait plus sur le Mujao. D’abord sur son chef qui ne cache pas son identité : «Je m’appelle Oumar Ould Hamaha. Je suis né le 5 juillet 1963 à Kidal. Et j’ai obtenu mon bac en 1984 à Tombouctou. Vous pouvez demander aux membres du gouvernement ainsi qu’à mes promotionnaires. Ils sauront vous répondre. Je suis un Malien, cela ne souffre d’aucun doute.» Il a beaucoup parlé de l’application de la charia qui a déjà commencé et sur laquelle l’organisation islamiste ne reviendra pas. Il s’est attaché à justifier les amputations, estimant qu’elles sont méritées pour les personnes qui les subissent. «D’abord, dit-il, il faut savoir que nous pratiquons la charia après avoir eu des preuves concrètes ainsi que des témoins. Et lorsque nous vous prenons la main dans le sac, l’application de la charia sera indiscutable. Nous n’avons jamais pratiqué la charia sans jugement et il faut que la personne reconnaisse les faits.» Sur ce point, il est catégorique : l’application de la charia sera totale au nord du Mali. Il ambitionne d’étendre le pouvoir du Mujao sur l’ensemble du Mali. C’est ce qui ressort de son refus de la division du pays : «Pas de partition du Mali qui demeure et demeurera indivisible.» Il se dit prêt au dialogue et même à la négociation. Il confirme que le MNLA et les autres groupes armés qui veulent la partition du Mali ont été chassés de Gao par le Mujao. Il révèle avoir eu récemment un contact téléphonique avec le ministère malien de la Défense qui s’est terminé sur un désaccord à propos de l’application de la charia. Il affirme que les jihadistes sont prêts à affronter non seulement les troupes de la Cédéao mais y compris l’Otan et ses forces terrestres ou aériennes. Il confirme que l’armement du Mujao provient pour «plus de 45% de l’arsenal libyen» en plus de l’armement de toutes les casernes du Nord-Mali. Il fait remarquer que dans cette région, sous le règne du Mujao, les gens ne paient ni taxes, ni eau, ni électricité. «Pourquoi la population ne s’entendrait pas avec nous ?» conclut-il.
Cherif Brahmi
 

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