Poids lourds : pas de mouchards pour l’instant

La mesure de prévention relative à la dotation des véhicules de transport de marchandises et de voyageurs de chronotachygraphes ne sera pas appliquée à partir du 7 octobre, comme cela a été rapporté par certains organes de la presse nationale, a-t-on appris auprès du ministère des Transports. Les textes d'application de l'article 49 de la loi 2001-14 du 19 août 2001, relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, n'ont pas encore été adoptés par le gouvernement, a expliqué une source proche du ministère. Le texte de loi qui stipule que «tout véhicule de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 3 500 tonnes et de transport de personnes de plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et d'enregistrement de la vitesse», a été instauré comme mesure préventive pour réduire les accidents de la circulation. Le chronotachygraphe, appelé communément le mouchard, est un appareil qui, outre la vitesse, enregistre le temps de conduite et d'arrêt du véhicule, permettant ainsi de déterminer la responsabilité du conducteur en cas d'accident. «Il faut encore quelques mois pour la mise en œuvre de cet article de loi, car même après son adoption, l'acquisition des chronotachygraphes et leur placement dans tous les véhicules concernés prendra quelques temps», précise-t-on au ministère de tutelle. L'annonce, par la presse nationale, de l'entrée en vigueur imminente de cette mesure a surpris les transporteurs qui affirment ne pas avoir été informés par les autorités concernées. «A l'heure actuelle, aucun véhicule poids lourd, ni bus n'est doté de chronotachygraphe. Il est inconcevable de contraindre les transporteurs à se soumettre à un texte de loi, sans les avoir avisés préalablement», a indiqué, à l'APS, le secrétaire général de l'Union nationale des transporteurs (Unat), Mohamed Benkahla. «Nous avons reçu avec stupéfaction l'information rapportée par certains journaux faisant état du début de l'application de cette mesure à partir du 7 octobre», ajoute M. Benkahla, précisant que l'Unat n'a été destinataire d'aucune correspondance officielle à cet effet. Qualifiant le «mouchard» de moyen efficace de prévention contre les accidents de la route, il a, toutefois, estimé que son installation sur l'ensemble des véhicules prendra «au moins trois mois». «Doter plus de 160 000 bus et près de 200 000 camions de chronotachygraphes est une opération de grande envergure. Pour l'instant, même l'importation de ces outils n'a pas encore été entamée et puis leur placement nécessite encore plusieurs semaines», a-t-il affirmé. En outre, la conception de certains véhicules, notamment d'origine asiatique, rend difficile l'installation de ces appareils car, explique M. Benkahla, leur tableau de bord n'a prévu aucun espace à cet effet, ce qui nécessite de mener des recherches afin de trouver la technique de contrôle adéquate. Pour sa part, le directeur du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), Hachemi Boutalbi, affirme que la réussite de l'opération est également tributaire de la formation d'un nombre important de contrôleurs. Le placement de ces appareils dans les véhicules «ne résoudra pas le problème en l'absence de suivi permanent. Il faut assurer des formations spécialisées pour les agents de police afin qu'ils puissent interpréter facilement les données enregistrées et veiller à instaurer la discipline et la rigueur chez les conducteurs», souligne M. Boutalbi. Des chronotachygraphes analogiques (disques à papier placés dans les compteurs des véhicules) étaient utilisés en Algérie durant les années 1980 et les agents de sécurité routière veillaient régulièrement au contrôle et à l'interprétation des données enregistrées, a-t-il rappelé. Avec le développement technologique, des chronotachygraphes numériques ont été fabriqués avec des outils de décodage adaptés, ce qui rend plus facile d'avoir des données exactes sur le temps parcouru et la vitesse du véhicule. L'équipement de l'ensemble des véhicules de transports de ces appareils représente un marché très juteux pour les entreprises spécialisées. Certaines sociétés affichent déjà leur volonté d'assurer l'approvisionnement du marché national en la matière, en mettant en valeur la qualité des leurs produits et les prix appliqués, avant même que les autorités ne se prononcent officiellement sur la question.
R. N.

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