Si Nobel était vivant…

C’est aujourd’hui que le comité Nobel remet à Oslo le prix Nobel de la Paix à l'Union européenne. «Un prix qui récompense la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix, selon les volontés définies par testament d'Alfred Nobel», nous explique-t-on. S’agissant du rapprochement des peuples, l’Union européenne se voit donc attribuer ce prix «amplement mérité» pour avoir multiplié les expulsions d’immigrés clandestins fuyant qui la guerre, qui la misère, qui l’épuration ethnique, qui la répression des régimes dictatoriaux. On se souvient qu’au firmament de la révolte en Tunisie, des milliers de jeunes Tunisiens «échouaient» sur l’île italienne de Lampedusa et que les autorités italiennes, submergées par ce tsunami humain, avaient décidé de confectionner des passeports provisoires à ces réfugiés indésirables pour les pousser à s’éparpiller dans l’espace Schengen comme on balaie une surface poussiéreuse. Les autres pays européens avaient alors grincé des dents, voyant d’un mauvais œil l’arrivée massive de ces «criquets pèlerins». L’UE reçoit son prix aussi pour ses nombreux centres de détention des migrants nord-africains et sub-sahariens qu’elle «entretient» avant de les renvoyer chez eux comme des sous-hommes inférieurs par leur race, leur état et leur nationalité. Quant à la réduction des armées permanentes, celles-ci sont dues à deux raisons essentielles : la limitation des budgets destinés à la défense pour cause de crise économique et le perfectionnement constant des armes de sorte à en augmenter l’efficacité tout en limitant les effectifs. Le choix du nucléaire comme arme de dissuasion entre dans ce cadre précisément. Pour ce qui est de la «propagation des progrès pour la paix», les 50 000 civils tués en Libye pour déboulonner un dictateur – lynché et exécuté en direct –, et les appels incessants de la France pour une intervention militaire au Mali et ses efforts effrénés pour l’armement d’un belligérant contre un autre dans la guerre civile syrienne, semblent avoir achevé d’entériner le choix de ce comité dont on doute fort qu’Alfred Nobel l’aurait maintenu en place s’il était en vie.
M. Aït Amara