Affaire Beliardouh : deux témoins dénoncent les propos d’un avocat
Les deux journalistes qui ont témoigné dans le procès du défunt Abdelhaï Beliardouh, ancien correspondant d’El Watan, qui s’est déroulé la semaine dernière à Tébessa, s’insurgent contre les propos «inappropriés» de l’avocat de la partie civile (la famille et El Watan), Me Zoubir Soudani, les traitant d’«amnésiques». Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, ces deux journalistes, Djamel-Eddine Raïz et Adel Siad en l’occurrence, jurent «avoir dit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité» et affirment n’avoir «aucunement subi des pressions» pour témoigner en faveur des accusés, «comme cela a été insinué par l’avocat de la victime». Ils disent regretter que leur témoignage n’ait pas été suffisant pour prouver le kidnapping et la séquestration dont a été accusé le puissant président de la Chambre du commerce et de l’industrie de Tébessa, Saâd Guerboussi, et ses trois complices Zaoui Hocine, Allaoua Mohamed et Rezaïguia Mohcen. «Malheureusement, ce que nous savions sur cette dramatique affaire n’était pas assez suffisant pour l’inculpation des mis en cause. Nous sommes, certes, des journalistes et le défunt Beliardouh était notre confrère, mais à la barre, nous n’étions que des témoins qui avaient la responsabilité de dire toute la vérité, bonne ou mauvaise à entendre. Et aucun de nous deux n’était prêt à faire en sorte de plaire à maître Soudani et susciter la colère de Dieu», précisent-ils dans leur déclaration commune. «Confrères amnésiques, semblerait-il, devenus par on ne sait quel tour de sorcellerie des témoins à décharge à la solde des accusés», avait déclaré l’avocat Soudani dans sa plaidoirie. Ces deux journalistes disent avoir été «blessés» par ces propos «infondés». «Nous refusons que l’avocat Soudani ou toute autre partie nous désignent comme les responsables de leur incapacité à convaincre l’instance judiciaire de la culpabilité des mis en cause. Nous affirmons avoir témoigné honnêtement et sincèrement, sans aucune pression ni chantage. Nous ne sommes ni à vendre ni à acheter», concluent-ils. Ces deux journalistes étaient très proches du défunt correspondant d’El Watan à Tébessa, Abdelhaï Beliardouh, lequel avait, sous l’effet des menaces et de la pression, attenté à sa vie en ingurgitant de l’acide nitrique. Après plusieurs semaines d’hospitalisation, il rendra l’âme le 20 novembre 2002. Ces deux journalistes avaient accepté de témoigner sans aucune hésitation dès le début de la longue et lente procédure judiciaire enclenchée suite à une plainte déposée par les ayants droit de la famille et El Watan qui s’est constitué partie civile.
Sonia B.