Je soutiens de toute mon énergie la glorieuse Algérie
Puisque la Syrie n’est pas tombée comme un fruit mûr du «printemps arabe», les islamo-impérialistes se tournent vers l’Algérie pour essayer de la déstabiliser à son tour. Ils reviennent plutôt à la charge, puisque l’Algérie a été ciblée en même temps que mon défunt pays, dont la très spontanée «révolution du jasmin» a servi de rampe de lancement au sinistre «printemps arabe». Mais l’Algérie, gouvernant et gouvernés, peuple et élite, opposants et dirigeants, a résisté à cette conspiration odieuse dont les objectifs néocolonialistes ne sont plus un secret pour personne. C’est parce que le peuple algérien a fait preuve de maturité et d’intelligence que les néocolonialistes ont lancé leur croisade contre la Jamahiriya libyenne, réitérant ainsi l’invasion et la partition de l’Irak en 2003.
C’est précisément en Irak que l’application du «Grand Moyen-Orient» a commencé et dont le «printemps arabe» n’est que le prolongement stratégique et médiatique. Projet néoconservateur, repris, revu et corrigé par la colombe aux ailes de faucon, Barack-Hussein Obama. Du hard power au soft power, avec les mêmes visées géopolitiques : implosion et partition des Etats-nations, main basse sur les richesses énergétiques du monde arabe, mise sous la tutelle islamiste des pays de tradition nationaliste.
Cette destruction programmatique des régimes arabes non monarchiques ( !) n’aurait pas été possible sans le rôle majeur que l’émirat du Qatar a joué, par sa diplomatie du mégachèque et par la propagande abjecte de sa télé-révolution, Al-Jazeera, dont le pouvoir sur les masses arabes n’est pas médiatique mais hypnotique. Cette télévision digne d’un Goebbels ne couvrait pas les événements en Tunisie, en Libye, en Egypte, en Syrie et au Yémen, elle les provoquait et les suggérait à des hordes incultes, totalement sous l’emprise des présentateurs de cette chaîne, qui sont passés maitres dans l’art de la subversion et maestros dans les techniques de désinformation.
Dès janvier 2011, j’ai alerté mes amis algériens, des intellectuels engagés jusqu’au sommet de l’Etat, sur la conspiration qui les visait, après avoir porté ses fruits en Tunisie en «libérant» ce pays de son indépendance ! Après Ahmed Bensaada, auteur d’Arabesque Américaine (avril 2011), qui démontre le rôle crucial des jeunes cyber-collabos arabes dans cette nouvelle épopée coloniale, j’ai été parmi les premiers à dévoiler l’imposture, dans mon livre La face cachée de la révolution tunisienne. Islamisme et Occident : une alliance à haut risque (septembre 2011). C’est précisément à la fin de ce livre que j’ai écrit : «L’Algérie, dont l’attitude face au conflit libyen honore les enfants d’Abdelkader, restera dans le collimateur des bédouins du Qatar et de leurs maitres israélo-américains. Et dans ce combat de la "démocratie" contre la "dictature", Bernard-Henri Lévy sera encore plus motivé que dans sa croisade contre la Libye. Ne témoigne-t-il pas depuis des années son attachement affectif, plus exactement affecté, pour l’Algérie algérienne ?»
C’est à cela qu’on assiste aujourd’hui avec l’offensive des islamo-terroristes maliens, tunisiens, libyens, égyptiens sur Tiguentourine. Tous, des mercenaires financés et armés par le Qatar et logistiquement soutenus par les gouvernements libyen et tunisien, qui sont aux ordres de l’émir Hamad Ben Khalifat, leur «associé dans la révolution», comme l’a si bien dit Rached Ghannouchi. Je veux dire ici aux Algériens en général et à mes amis en particulier, que ce gouvernement usurpateur n’est pas du tout représentatif du peuple tunisien, qui soutient au contraire l’Algérie, Etat comme nation. Je veux dire aussi à mes amis français que leur expédition au Nord-Mali pour éradiquer la gangrène islamo-terroriste est parfaitement légitime. Encore faut-il accorder tactique et stratégie en se désolidarisant complètement de la guerre que mènent les mêmes mercenaires contre l’héroïque Syrie et pour le triomphe de l’obscurantisme wahabite. Une guerre suscitée et financée par le Qatar, l’ami «intime» de la France !
Vive l’Algérie éternellement algérienne
Paris, le 18 janvier 2013
Mezri Haddad, philosophe et ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l’Unesco
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