Travail des étrangers et sécurité nationale : «alerte» à Schlumberger

Dans une lettre transmise à notre rédaction, un collectif de travailleurs basé à Hassi Messaoud pointe d'un doigt accusateur les managers algériens de Schlumberger, une multinationale de services et d’équipements pétroliers. Ce collectif, qui dénonce également la passivité de la maison mère, énumère ce qu'il qualifie de «diverses atteintes» à la réglementation régissant l'activité des multinationales en Algérie. Il parle ainsi d'infractions au Code du travail, de dumping social et de pratiques qui peuvent constituer une menace pour la sécurité nationale en ce sens que les sites pétroliers sont stratégiques pour le pays. Ce collectif dénonce «l'atteinte au droit de grève», en soulignant que la direction emploie les moyens forts pour faire avorter toute tentative de protestation des travailleurs algériens. Il s'interroge ainsi sur le fait que «l'arsenal considérable de lois et de règlements visant à affirmer la souveraineté nationale, réguler notre économie, protéger les droits sociaux des travailleurs et assurer la sécurité nationale ne soit pas appliqué». Le fait le plus inquiétant soulevé par ce collectif, c'est le recours étrange et incontrôlé de cette multinationale aux travailleurs étrangers, jouant sur la législation qui permet l'échange d'employés d'une même compagnie d'un pays à l'autre, d'un site à l'autre. Ainsi, selon les rédacteurs de cette lettre, Schlumberger fait venir en Algérie de nombreux employés qui travaillaient dans des pays détruits par le terrorisme et gangrénés par le désordre politique. Parmi eux, des centaines de travailleurs libyens, tunisiens, égyptiens, syriens et yéménites. Le collectif fait état qu'en mai 2015, ont été répertoriés sur la liste des travailleurs étrangers de cette multinationale, 79 Libyens, huit Syriens, 52 Tunisiens et six Yéménites. Ce collectif assure que pour contourner les lois régissant le travail des étrangers en Algérie, ces employés auraient été présentés sous le statut de «consultants» venus en Algérie pour deux ou trois jours. Mais, poursuit-on dans la même lettre, au lieu de rester deux jours et repartir, ces employés travaillent durant des périodes de trois semaines et repartent pour une semaine. Ce collectif assure que même les autorités aéroportuaires de Hassi Messaoud ont trouvé anormal les allers et retours de ces «expatriés» au point d'informer l'Inspection du travail afin de s'assurer qu'il ne s'agissait pas de travailleurs illégaux. Le collectif alerte ainsi sur ce qu'il qualifie d'«une violation massive du droit au séjour et au travail des étrangers en Algérie». Il parle d’une menace réelle et potentiellement gravissime à la sécurité nationale en ce sens que les employés étrangers qui viennent en Algérie ne subissent aucun contrôle préalable de nos services de sécurité pour s'assurer de leur identité réelle et éviter l'intrusion de «membres d'organisations terroristes». Cela est encore plus important quand on sait que ces employés viennent de pays dévastés par le terrorisme. Cette affaire doit susciter l'intérêt des hautes autorités du pays parce que l'Algérie a déjà été ciblée dans ses installations pétrolières.
Sonia Baker

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