Sonatrach : c’est la guerre entre Yousfi et Zerguine
Le divorce est consommé entre Youcef Yousfi et Abdelhamid Zerguine. Le ministre de l’Energie et des Mines n’arrive plus à s’entendre avec le PDG de Sonatrach. Le différend, qui ne date pas d’aujourd’hui, porte à la fois sur la gestion du passif très lourd laissé par l’ancienne équipe placée par l’ex-ministre Chakib Khelil, et sur les projets futurs, apprend-on d’une source sûre. Outre leurs visions diamétralement opposées sur le gaz de schiste, les deux hommes ne sont pas sur la même longueur d’onde concernant les nouveaux projets que Sonatrach a lancés. Enfant de la boîte qui a gravi les échelons durant près de 30 ans de carrière dans le secteur pétrolier, Abdelhamid Zerguine estime qu’il connaît «assez bien» son métier et n’apprécie pas les interférences de Yousfi dans la gestion de Sonatrach, ajoute notre source. Abdelhamid Zerguine, qui tente de «limiter les dégâts» occasionnés par la cascade de scandales de corruption à coups de milliards de dollars, subit, selon notre source, de «fortes pressions» de la part du ministre qui «cherche à créer les conditions nécessaires pour que certaines multinationales raflent les nouveaux projets». Mais il n’y a pas que ça. Abdelhamid Zerguine se trouve également confronté à certains «résidus» de l’équipe placée par Chakib Khelil qui occupent des postes-clé et que seul le ministre peut dégommer. Autre point d’achoppement entre les deux hommes : la lancinante question de la commercialisation du gaz naturel. Yousfi, pour des raisons politiques, tente de rassurer l’opinion nationale en affirmant que l’Algérie dispose des moyens nécessaires pour s’adapter à la situation actuelle marquée par une crise économique qui continue d’affecter sérieusement les pays européens. Cela, alors que Zerguine, en sa qualité d’expert, développe un autre discours fait, d’après lui, de «vérité» pour aller au fond des choses et revoir rapidement la politique algérienne de commercialisation du gaz naturel. Zerguine semble conscient de la forte concurrence du gaz russe et qatari qui, à moyen terme, pourrait être commercialisé à travers un gazoduc vers l’Europe. Le désaccord entre les deux hommes concerne également la question de l’exploration en offshore. Zerguine l’a annoncé lors d’une conférence de presse. Yousfi l’a vite démentie. Les mauvaises relations, qui n’apparaissent pas publiquement, ne cessent de s’envenimer de jour en jour. Notre source ajoute que «chacun veut la tête de l’autre, mais il n’y a plus personne pour arbitrer», et que Yousfi pourrait être remplacé lors d’un remaniement gouvernemental qui interviendrait en septembre.
Fahim Amraoui
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