On l’a vu, et après ?
Par Karim Bouali – En moins d’une semaine, le président Bouteflika est apparu à trois reprises à la télévision qui l’a montré successivement avec le chef d’état-major de l’ANP, le Premier ministre puis avec celui-ci accompagné du ministre des Affaires étrangères. Les images sont, à chaque fois, précédées d’un communiqué laconique diffusé par l’APS qui donne en quelques lignes un résumé le plus succinct possible du contenu de ces audiences. Les Algériens qui suivent ces informations ressentent une grande frustration du fait qu’ils n’entendent pas les propos qui sont échangés entre le Président et ses interlocuteurs, d’autant plus que les images qui passent à la télévision indiquent bien qu’il y a une discussion. A quoi sert-il de parler de Bouteflika recevant ses ministres si nous ne savons pas de quoi eux-mêmes ont parlé ? En 2013, à l'ère de la «dictature de l'information» et de la «saturation médiatique», nous en sommes encore, nous, en Algérie, à pondre des communiqués de deux-trois lignes pour dire que le Président a reçu le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, et que les trois responsables ont abordé des sujets d'actualité. Oui, mais qu'ont dit Sellal et Medelci à Bouteflika ? Et que leur a dit Bouteflika ? Si la discussion relève du secret d'Etat, quelle est l'utilité de faire d'une rencontre «insonorisée» un événement ? Cette façon de faire donne du grain à moudre aux spécialistes de la spéculation médiatique, à moins que ce ne soit l’objectif de cette démarche de communication «insonorisée». Les rares commentaires de journalistes qui ne se suffisent toujours pas de ces simples communiqués véhiculent encore la thèse de la maladie et tournent autour de la présidentielle, deux thèmes que la classe politique a fini, elle-même, par abandonner, tout comme la tenue du Conseil des ministres et la loi de finances complémentaire qui étaient des sujets accessoires liés à la santé du Président. Cette situation confirme que les Algériens finissent par s’habituer à tout.
K. B.
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