Un prétexte d’intrusion

Par Kamel Moulfi – Le nouvel intérêt, post et néocolonial, des pays occidentaux pour l’Afrique est confirmé par la forte présence en Afrique du Sud, à l’occasion des obsèques de Nelson Mandela, de dirigeants d’ex-pays coloniaux et membres de l’Otan, mais aussi par l’intervention en République centrafricaine de l’armée française qui vient, d’ailleurs, de perdre deux de ses hommes à Bangui, dans un accrochage avec des milices composées de combattants musulmans. D’abord, les obsèques de Mandela : elles sont utilisées par les dirigeants occidentaux comme un prétexte d’intrusion qui se veut subtil mais que n’arrivent pas à camoufler les larmes de crocodile qu’ils ont versées après sa mort et l’overdose d’éloges dont ils ont gratifié celui que leurs prédécesseurs qualifiaient de terroriste. Mais aucun observateur sérieux ne se laisse duper par cette manœuvre. Ensuite, et c’est le plus significatif, les violences qui ont pris la tournure d’un conflit armé inter-religions en Centrafrique, entre milices musulmanes et chrétiennes, ont amené la France à intervenir comme un gendarme pour ramener le calme. Il n’est pas besoin d’être spécialiste du continent africain pour constater que l’influence de la France a énormément reculé alors que du temps de la colonisation, elle régnait sans partage sur une bonne partie de l’Afrique. Le Brésil, la Chine et l’Inde sont venus, dans un cadre sud-sud, concurrencer les intérêts économiques français en lui rognant une bonne part de ses marchés, et aussi ceux des Etats-Unis dont la propension au pillage des ressources naturelles des autres pays est connue de tous. Depuis quelques années, l’Afrique est vue comme un espace aux perspectives de développement très prometteuses et au marché de plus en plus attractif. Mais dans ce continent qui était en grande partie à elle, la France ne peut plus intervenir que militairement à partir de bases qu’elle a conservées dans des pays qui lui sont soumis. La compétition avec le BRIC en Afrique ne peut pas être soutenue par la France.
K. M.
 

Commentaires

    Safiya
    10 décembre 2013 - 14 h 57 min

    La France est prise d’un
    La France est prise d’un vertige hégémonique. Si l’on compte bien, elle est à sa quatrième agression en Afrique :

    1 – Contre la Côte d’Ivoire en la personne de Gbagbo, remplacé par Ouattara qui forme alors avec Idriss Déby et Sassou N’Guesso ses dociles exécutants de la FranceAfrique ;

    2 – la Libye ;

    3 – le Mali ;

    4 – la République Centre Afrique dont c’est la deuxième agression, n’oublions pas que la France à aider sinon renversé Bozizé et par là cela fait donc Cinq et non quatre pour ne comptabiliser que les plus récentes. Donc, elle combat aujourd’hui le SELEKE si j’ai bien compris celui qui hier était son allié.

    Le grand mystère de notre époque c’est que les alliés du jour sont irrémédiablement combattus et parfois abattus le lendemain. Saddam, après avoir bien collaboré s’est pendre et Kadhafi…

    Mais une chose est claire dans cet embrouillamini, c’est que le but premier est de faire barrage à la Chine et lui couper toute source d’approvisionnement en pétrole. Vivement que la Russie vienne donner un bon coup de pied à la termitière !

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