Une source diplomatique algérienne à Algeriepatriotique : «Abderrezak Mokri fait preuve de mauvaise foi»
Interrogée sur les attaques cinglantes menées par Abderrezak Mokri contre le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, une source diplomatique algérienne a déclaré à Algeriepatriotique que les récentes sorties du président du MSP «sont opportunistes même si elles s'inscrivent parfaitement dans la trame idéologique radicale que l'intéressé ne se cache pas de vouloir imprimer à la démarche d'ensemble de son parti». «En tout cas, ajoute notre source, dans les trois questions qu'il a soulevées dans la campagne virulente qu'il mène contre le département des affaires étrangères, il démontre que dans son cheminement radical, il en en vient à oublier le sens du discernement et le sens de l'Etat qui sont le propre des hommes d'Etat, comme le fut le regretté cheikh Mahfoud Nahnah». Abordant la réaction timide du MSP suite à la profanation du drapeau algérien au Maroc, notre source rappelle que «Mokri a tout fait pour relativiser la profanation de notre emblème national lors de la violation de l'enceinte consulaire algérienne à Casablanca, allant jusqu'à reprendre à son compte la thèse marocaine de l'acte isolé». S’agissant de l’incident né de la boutade de François Hollande, notre source accuse le président du MSP de «faire mine d'oublier que l'incident regrettable avec la France a donné lieu, non seulement à la publication d'un communiqué du président français, mais à deux communications téléphoniques avec le président de la République et le ministre des Affaires étrangères, au cours desquelles les officiels français ont présenté leurs regrets et leurs excuses». Sur un autre chapitre, poursuit notre source, Abderrezak Mokri est allé jusqu'à «déformer les propos» de M. Lamamra qui, évoquant la participation de l'Algérie à la session extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe, convoquée à la demande expresse du président de l'Autorité nationale palestinienne, a souligné que «l'Algérie a inscrit toute son action dans le renforcement des capacités de négociation de nos frères palestiniens afin qu'ils recouvrent la plénitude de leurs droits imprescriptibles dont notamment la création d'un Etat indépendant avec El-Qods pour capitale». Pour notre source, la question qui «suscite le déchaînement» du président du MSP est la prochaine visite du ministre égyptien des Affaires étrangères en Algérie. Cette visite, dénonce la source diplomatique algérienne, «est instrumentalisée avec une rare mauvaise foi pour la sortir de son contexte naturel de consultations diplomatiques normales entre deux pays liés par des relations diplomatiques et partant de la doctrine algérienne qui reconnaît les Etats et non pas les régimes et les gouvernements». «L'intéressé fait mine d'oublier que l’Algérie n'a eu de cesse d’appeler au dialogue inclusif et à la promotion de la réconciliation entre les frères égyptiens dans le strict respect de la souveraineté de ce pays, parce que notre pays a payé un prix très lourd lorsqu'il a été confiné, durant la période du "qui tue qui", dans un isolement meurtrier propice au déchaînement des violences», souligne encore notre source. «En s'arc-boutant sur un substrat fait des considérations idéologiques et partisanes étroites, M. Mokri semble ne pas percevoir que les relations d'Etat à Etat avec l'Egypte ont une autre dimension stratégique cruciale en ce qui concerne l'interaction nécessaire de nos deux pays sur les scènes arabe, islamique et internationale, sur des questions essentielles, voire existentielles», note notre source qui estime que le président du MSP «semble ignorer que la décision de l'Union africaine gelant les activités de l'Egypte au sein de l'organisation continentale n'est pas une sanction ou une perte de la qualité de membre de l'UA, mais une mesure préventive et temporaire dans l’attente de l’évolution de la situation intérieure dans ce pays». «Enfin, conclut notre source, en homme politique avisé, M. Mokri doit comprendre que ce n'est certainement pas en isolant l'Egypte qu'on va aider ce pays frère à sortir de ses difficultés actuelles. Il doit également être apte à comprendre que la non-ingérence dans les affaires intérieures de l'Egypte ne signifie certainement pas que l'Algérie doit rester indifférente.» Sur la question du rejet des changements anticonstitutionnels, «l'Algérie n'a certainement pas besoin de donneur de leçons, puisque c'est à Alger, en 1999, que cette décision a été prise par l'OUA et que l'Algérie a toujours appliqué strictement les décisions de l'organisation africaine en la matière», conclut notre source diplomatique.
Karim Bouali
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