Le FMI «conseille» à l’Algérie de supprimer les subventions

Procédant à son habituelle évaluation annuelle des économies des pays de la planète, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a livré pour le cas de l’Algérie un rapport mi-figue mi-raisin qui contraste avec les énormes potentialités financières dont dispose le pays. L’institution de Bretton Woods qui, à l’occasion, a de nouveau salué l'Algérie pour ses performances économiques, n’a pas hésité, en effet, à préconiser une «large réforme structurelle» pour accélérer la croissance économique et réduire davantage le chômage. Le rapport, mitigé donc, relève de manière presque parallèle les forces et les faiblesses de l’économie nationale, en s’attardant notamment sur le volet financier, avec ses acquis et ses replis. En effet, si le FMI a observé que la position financière extérieure de l'Algérie demeurait toujours «très forte», il a, en revanche, précisé qu’elle «commençait à s'affaiblir». Sur ce point, l’institution financière internationale prévoit que l'excédent du compte courant devrait reculer à 1,1% du PIB en 2013 du fait de la conjugaison de la baisse des prix de pétrole et de l'augmentation de la consommation interne de l’énergie, pesant ainsi sur les exportations des hydrocarbures alors que les importations enregistrent une forte envolée. Citant les risques auxquels l’Algérie pourrait faire face, le FMI évoque surtout l’éventualité d'une baisse prolongée des prix de pétrole, une aggravation de l'environnement économique mondial, une pression supplémentaire sur la rente des hydrocarbures et une intensification des tensions régionales. Toujours dans la même logique d’un rapport pointant une économie oscillant entre le bon et le mauvais, le FMI, qui qualifie de «stable» le secteur financier algérien, estime toutefois que ce dernier est «insuffisamment développé», ce qui, d’après lui, limite l'accès au financement, en particulier pour les PME. Pour accompagner le développement du secteur financier, le FMI recommande de favoriser la concurrence dans le secteur bancaire, d'accélérer le développement des services de crédits, de développer le marché des capitaux, de revoir les mécanismes de garantie et de renforcer les mécanismes parant à l'insolvabilité. Outre les vulnérabilités budgétaires, le FMI estime que la faiblesse de la compétitivité et de la productivité pèse sur la croissance économique laquelle «reste en deçà des potentialités et du niveau requis pour réduire sensiblement le chômage, en particulier celui des jeunes et des femmes». Sur ce point précis, il a aussi suggéré des réformes visant à accroître la flexibilité du marché du travail et à doter les demandeurs d'emploi de conditions leur assurant de «bonnes compétences». Au chapitre des «bonnes performances économiques, le Conseil d'administration du FMI évoque, notamment la baisse de l'inflation, du chômage et des inégalités sociales. Selon ses prévisions, le PIB du pays devrait croître de 4,3% en 2014 contre 2,7% en 2013. Au volet des recommandations, le FMI exhorte, entre autres, l’Algérie «à prendre des mesures visant à consolider la stabilité macroéconomique et financière, à assurer la viabilité budgétaire à long terme et à promouvoir un secteur privé fort pour assurer une croissance robuste et la création de l'emploi». Il préconise, enfin, de contenir la masse salariale, de supprimer progressivement les subventions mais tout en établissant un système de transfert social ciblé pour protéger les couches sociales défavorisées, et de réduire les exonérations fiscales.
Amine Sadek

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