Enseignement supérieur : le constat alarmant du CNES

Le bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a sonné, dans un communiqué, une nouvelle charge contre le ministère de tutelle, décrivant une université algérienne au bord de l’explosion. Le syndicat, qui s’apprête à tenir son conseil national les 14 et 15 février exige, «afin de prendre toutes les mesures nécessaires», des autorités d’«engager en urgence une réelle prise en charge des problèmes socioprofessionnels des enseignants, notamment ceux concernant la carrière, le logement et la révision des salaires et de mettre en place un vrai plan de redressement de l’université algérienne». Dans son communiqué, rendu public à l’issue de la session ordinaire de son bureau, tenue les 30 et 31 janvier, le CNES dresse un véritable réquisitoire contre la gestion actuelle de l’université algérienne qu’il qualifie, à l’occasion, de «politicienne». «Notre université est aujourd’hui l’otage d’une gestion politicienne au lieu d’une gestion rationnelle, fondée sur des valeurs académiques et scientifiques et qui ne prendra en compte que l’amélioration de ses performances.» Pour le CNES, «l’analyse profonde de l’ensemble des dysfonctionnements dont souffre notre université révèle la nécessité urgente de se débarrasser de toutes les pesanteurs qui convergent à river tous les efforts déployés pour la construction d’une institution universitaire au service de pays, et concourent à l’accumulation d’une masse incommensurable de problèmes». Chargeant la tutelle qui «n’a jamais été capable de proposer un projet cohérent pour arracher notre université à sa réalité dure et amère», le CNES estime que «les pouvoirs publics ont toujours choisi la fuite en avant en sursoyant indéfiniment à la recherche de vraies solutions». Le syndicat énumère ce qu’il considère comme «d’énormes contradictions et autres aberrations» engendrées, d’après lui, par «les solutions de rafistolage» menées. Il s’agit de la coexistence de deux systèmes d’enseignement (classique et LMD) et de trois types de doctorat, ainsi qu’un système de recherche polycéphale. Concernant le volet revendicatif, le bureau national estime que la tutelle «doit rapidement et sérieusement se pencher sur la situation socioprofessionnelle alarmante des enseignants chercheurs». Il estime que «malgré les discours triomphalistes de la tutelle, qui ont suivi l’augmentation des salaires en 2010, les enseignants chercheurs constatent amèrement l’effritement de leur pouvoir d’achat, face au taux d’inflation galopant et incontrôlable». Les maîtres-assistants de classe A et B, qui représentent 85% du corps des enseignants chercheurs et assurent plus de 95% des charges pédagogiques et de formation, touchent, d’après le CNES, des salaires dérisoires, comparativement à d’autres corporations moins diplômées, «notamment après la révision de certains statuts particuliers et les augmentations des salaires conséquentes, calculées sur la base de l’ancienneté et non des diplômes». Le CNES pose, de nouveau, la question du logement des enseignants du supérieur, mais aussi de la dévalorisation du «métier» à travers «des modalités incohérentes de recrutement des enseignants, la non-promulgation des textes d’application du statut particulier de l’enseignant chercheur, le peu d’intérêt accordé aux conditions réelles du déroulement de l’acte pédagogique, le laxisme généralisé et la passivité dangereuse de la tutelle dans la prise en charge des conflits liés aux questions pédagogiques». Selon le CNES, cette tendance se vérifie aussi dans «le recours abusif de l’administration aux commissions paritaires, transformées pour la circonstance en véritables tribunaux». Le syndicat lance, enfin, un appel pressant à la tutelle «pour dégager rapidement des voies de réflexion afin de protéger l’enseignant-chercheur de cette tyrannie ambiante et surtout démobilisatrice».
Amine Sadek
 

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